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Travail le dimanche : François de Rugy en pleine contradiction

C’était le 4 juin dernier sur Europe 1. Le président de l’Assemblée nationale interviewé par Raphaëlle Duchemin, annonçait qu’il allait proposer que “les députés ne siègent plus les samedis et les dimanches comme cela a été fait plusieurs semaines de suite durant le mois écoulé.” Pour justifier sa demande, François de Rugy convoque une raison de poids : que le déroulement des débats soit plus “correct”.

Pour ceux qui suivent le dossier du travail du dimanche, l’annonce avec sa revendication de “travail décent” ne manque pas de piquant. Revenons en arrière. Cela fait justement pile dix ans que la discussion du projet de loi Mallié a été portée dans l’hémicycle. Souvenons-nous, la commission Attali, forte du rapport rédigé par son secrétaire, déjà Emmanuel Macron à la manoeuvre, avait rendu son verdict, avait surtout trouvé le député idéal et le Centre commercial idoine pour lancer cette déconstruction civilisationnelle. Il fallait absolument faire main basse sur le repos dominical puisque vu comme un frein à la croissance !

Contre le travail le dimanche en 2009

La bataille n’avait pas manqué alors de défenseurs, même à droite alors qu’une majorité de droite précisément, celle de Nicolas Sarkozy, portait le projet de travail le dimanche. Mais l’opposition de gauche avait aussi montré ce qu’à l’époque chacun voyait comme des convictions ancrées. Parmi cette belle opposition, un député, François de Rugy, alors GDR. Pour mémoire, il monta au créneau plusieurs fois. Il fit partie de ceux qui déployèrent les meilleurs arguments.

Pour le travail le dimanche en 2015

Mais le député aux cinq partis en dix ans changea vite d’idées. Quand, sous le quinquennat Hollande la question du travail le dimanche reparut avec la loi Macron, cet archaïque repos dominical pas assez démantelé, le député vira de bord avec les alternances politiques. De contre, le voilà pour ! Où l’on comprit vite que tout cela n’était donc que postures politiques.

Le président de l’Assemblée nationale depuis juin 2017 en a parcouru du chemin. Ses idées un peu moins puisqu’elles sont allées à reculons de la manière la plus chaotique qui soit.

Contre à nouveau en 2018 ?

Nous ne sommes d’ailleurs pas au bout de nos surprises puisque cette semaine sur Europe 1, voilà notre homme politique de nouveau à défendre le repos du week-end ! Se plaignant de la surcharge de travail de l’Assemblée, du rythme insensé donné par le gouvernement aux réformes à entériner par l’Assemblée, François de Rugy veut pour lui et les siens ce qu’il a refusé aux autres, aux salariés les moins protégés. Au moment où le député de la Loire Atlantique réclame du travail décent, voilà qu’il a l’indécence de réclamer pour soi ce que l’on dénie aux autres…

Autrefois, il y avait ce que l’on nommait “la règle d’or” : “Ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas que l’on vous fît”…