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Roxane le film : gloussement vôtre !

C’est elle la vedette… Non un perroquet sur l’épaule d’un pirate mais une poule. Oui, une poule sur l’épaule d’un éleveur bio, Raymond. Elle se nomme du beau nom de l’amour de Cyrano : Roxane.

Farfelu, direz-vous, qu’un cul-terreux de Basse-Bretagne déclame du théâtre à ses poules élevées en plein air…. Et pourtant tous les matins, sur son tas de foin, l’éleveur parti de l’école trop tôt et amoureux des mots, attire son auditoire. Tel saint Antoine parlant aux poissons, Raymond parle la plus haute langue à ces gallinacés jasards, à Roxane de manière privilégiée.

Saynètes bien troussées

L’intrigue est simple : l’éleveur est en danger de faillite à deux doigts d’être avalé par de gros concurrents. Tout perdre ? Non ce n’est pas possible. Émerge alors dans l’esprit de Raymond de faire le buzz sur internet avec sa poule. Et de monter quelques saynètes du répertoire classique, bien troussées, pour faire prendre conscience de la dure réalité des éleveurs.

Ce qui touche dans cette comédie douce-amère c’est la photographie. Les prises de vue doublées d’un montage au cordeau mettent en valeur les regards, les psychologies, les réactions humanisées des poules. On passe en effet du rire à l’émotion la plus vraie, des cocasseries du professeur de théâtre loufoque au suicide raté du frère… La lumière baigne joliment plusieurs scènes dont la dernière : Raymond déclamant ses grands textes aux poules sur des perchoirs, toutes rangées en un amphithéâtre à l’antique. Elles gloussent de contentement sous la lumière dorée du matin. L’hymne au théâtre par le cinéma est sincère, servi par les belles prestations de Guillaume de Tonquédec et de Léa Drucker, par une musique extra également.

Des bêtes entendent ce que l’homme ne comprend plus

Pas sûr que les hommes sachent toujours apprécier… Mais l’on est habitué dans le monde comme il va. En absurdie bien souvent. Habile donc de la part de Mélanie Auffret d’avoir su montrer à ces hommes leur bêtise en faisant comprendre à des poules, à des bêtes, ce que l’homme n’entend plus !

Belle morale citoyenne !