Ratzinger en 2001 : vivre l’Église par le dimanche, non par la paperasse !
Les vacances sont toujours propices à la redécouverte de textes peut-être anciens mais majeurs. Aujourd’hui, c’est une vidéo que je voudrais mettre à l’honneur, celle d’une intervention du cardinal Joseph Ratzinger. Invité par le cardinal Jean-Marie Lustiger – certains plans le montrent très attentif – le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, futur pape Benoît XVI, y prononce la dernière des cinq méditations de Carême en la cathédrale Notre-Dame de Paris. C’était en 2001. Une place particulière est réservée à la sacralité du dimanche dans cette grande conférence. Nous sommes trois ans après la promulgation de Dies Domini par le pape Jean-Paul II. Réécoutons-la au moment où le pape François demande, en arrière-fond de la Loi Macron votée en France par 49.3, et dans son encyclique Laudato Si, et dans ses tweets, et dans ses audiences que nous demeurions fidèles au dimanche.
De la prière personnelle le Pape passe de façon tout à fait logique à la prière communautaire liturgique, avant tout à l’eucharistie du dimanche. Le dimanche comme jour de résurrection et l’eucharistie comme rencontre avec le ressuscité font un tout. Le temps a besoin de son rythme interne. Il a besoin d’allier le quotidien de notre travail et la rencontre festive avec le Christ dans l’Église et dans le sacrement. Redécouvrir le dimanche, le pape [Jean-Paul II] voit là à juste titre une tâche pastorale de premier rang. Le temps retrouve donc sa logique interne. Dieu devient à nouveau le point de départ et d’arrivée du temps.
Quand on ne vit l’Église qu’à travers les réunions et la paperasse on ne la connaît pas.
En même temps le dimanche est aussi le jour de la communauté humaine, le jour de la cellule familiale et le jour où la grande famille, la famille de Dieu se forme dans l’Église et où l’Église vit réellement. Quand on ne vit l’Église qu’à travers les réunions et la paperasse on ne la connaît pas.
Elle devient sujet d’agacement parce que ou bien elle devient objet de notre propre agir ou bien elle apparaît comme quelques chose d’imposé, d’étranger. De l’intérieur nous ne connaissons l’Église que lorsque nous faisons l’expérience de son propre dépassement, lorsque le Seigneur entre en elle et qu’elle en fait sa maison et que nous sommes du coup ses frères et sœurs. C’est pourquoi la fête sacrée de l’eucharistie est si importante, et que le dépouillement de l’Église doit y apparaître.
Le devoir de l’Église de nous offrir de vivre cette fête.
La liturgie nous ne la faisons pas nous-mêmes. Nous n’inventons pas quelque chose du type des comités de fêtes, ou de présentateurs télé. Le Seigneur vient. La liturgie a grandi, depuis le Christ et les apôtres, dans la foi de l’Église, nous entrons en elle, nous ne la faisons pas. De cette façon seulement on peut parler de fête et la fête comme anticipation de la liberté future est indispensable à l’homme. On pourrait même dire c’est le devoir de l’Église de nous offrir de vivre cette fête. La fête est née dans toute l’histoire de l’humanité comme événement cultuel et elle est impensable sans la présence du divin. C’est là qu’elle trouve sa vraie grandeur, là où réellement Dieu devient notre invité et nous invite à son repas.