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Projet de loi de bioéthique : le Tchernobyl de la filiation annoncé aura lieu

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Il y avait urgence ! Dans cette France saignée par une crise apocalyptique, sans que rien n’ait été promis en 2017 devant la nation, il y avait urgence à contenter, entre autres, les couples lesbiens et les femmes seules. Le tout nouveau premier ministre promet “avancées” et “équilibre” dans le projet de loi bioéthique actuellement discuté en seconde lecture et offre de sa personne pour la première loi votée au parlement sous sa houlette.

On ne le sent pas vraiment à l’aise quand on le voit lire avec mal son texte et parler de “PMA post-moderne” au lieu de PMA post-mortem… Lapsus révélateur en ère de post-vérité… Mais ce père de quatre filles se soumet au calendrier imposé en haut lieu.

S’en laver les mains au plus vite

À y regarder de près, le chef du gouvernement ne prononce pas les mots qui fâchent… Ni lui, ni le président de la république d’ailleurs depuis quelque temps, ne prononcent en effet publiquement les sigles PMA ni GPA, ni même l’expression “Mariage pour tous”. Les journalistes ne les interrogent jamais non plus là-dessus dans une sorte de pacte odieux. On se drape dans des expressions aux pluriels généralisants qui pourraient s’appliquer à n’importe quel autre projet de loi. On s’en lave les mains tel des Ponce Pilate. C’est bien : pas d’archives à ressortir en cas d’élections futures ! C’est habile, car ils savent que les Français ne sont pas derrière eux.

Passage en force

Mais ils passent en force tout de même, humiliant une fois de plus les opposants largement majoritaires, méprisant la représentation nationale : en procédure accélérée, la discussion n’aura pas de vote solennel. Le temps est bloqué : 25h30 pour 2.200 amendements à discuter, moins d’une minute par amendement, qui seront sans doute tous rejetés. Vrai problème démocratique ! Cela n’étouffe pas, on le sait, cette présidence tellement éclairée, tellement arrogante.

Tout est joué d’avance : à preuve l’assemblée vide de ses défenseurs le soir de la première discussion. Les députés avaient cocktail ! Le peuple a soif de représentation ? Qu’il boive du champagne !

Le collectif Marchons Enfants !, dont La Manif Pour Tous (slogan depuis 2012 “Tous nés d’un père et d’une mère”) fait partie, est évidemment sur le pont. En plein été, alors que la filiation brûle et que tant regardent ailleurs avec lâcheté, une opération flash restreinte pour cause de pandémie a eu lieu devant l’assemblée arguant de s’occuper des vrais problèmes de la France.

“Cette loi sera votre honte”

“Cette loi sera votre seul bilan et elle sera votre honte” avertit la non-inscrite Emmanuelle Ménard lors d’une prise de parole à l’assemblée. La censurée depuis un an sur twitter risque bien d’avoir raison. Brillante comme toujours, Ludovine de La Rochère ne s’en laisse pas conter sur les plateaux de télévision, parfois seule contre trois : “la PMAsansPère crée les conditions de la GPA : on utilise la médecine pour la détourner de sa finalité, on va vers la marchandisation des gamètes. Vous verrez dans quelques années.”

Les défenseurs de la loi nous affirment toujours être contre la GPA. Rien de plus faux pourtant quand on sait les liens étroits qui existent entre ce pouvoir et les journalistes en vue ayant déjà acheté illégalement des enfants à l’étranger. D’ailleurs, le nouveau garde des sceaux l’a affirmé “Il existe des liens entre PMA et GPA”. Le terrain est d’ores et déjà préparé : la commission a fait supprimer – oui vous lisez bien – A FAIT SUPPRIMER cette mention ajoutée par le Sénat “L’enfant a droit à la protection. Toute atteinte à sa dignité, à son intégrité physique et morale est interdite. Il n’existe pas de droit à l’enfant”.

“Tout vaut tout”

Leur conception de la filiation reposerait sur l’amour, nous assène-t-on. Le mot rebondit sans cesse alors qu’il n’apparaît pas une seule fois dans le texte (Faites Ctrl F sur le texte). Et comme l’ont fait remarquer très justement Agnès Thill, “Que se passe-t-il quand il n’y a plus d’amour ? Est-ce que la filiation s’arrête ?” ; ou encore Marc Le Fur : “Au nom de l’argument de l’amour, vous êtes en train de tout justifier, de tout relativiser. On n’a pas à légiférer sur l’amour. Ce qu’on attend d’un État, c’est qu’il protège la famille, le plus faible, l’enfant” ; et Philippe Gosselin : “Nous ne sommes pas de simples greffiers de l’état de l’opinion. L’opinion peut évoluer, mais le droit n’est pas obligé d’avancer à la même vitesse, sinon, nous tombons dans un relativisme ambiant où ‘tout vaut tout’.”

Quant à Damien Abad, il est très offensif sur le #DPI-A. “Allez-vous retirer cette mesure particulièrement offensante pour toutes les familles d’enfants de porteurs de trisomie 21 ?”

Projet de loi irrationnel

En tout cas merci à ceux qui nourrissent d’intelligence raisonnable un projet de loi parfaitement irrationnel et qui entend comme annoncé déconstruire toute vraisemblance : Marc Le Fur, Xavier Breton, Philippe Gosselin, Patrick Hetzel, Annie Genevard, Agnès Thill, Emmanuelle Ménard, Thibault Bazin, Pascal Brindeau, Julien Aubert, Bernard Perrut, Josiane Corneloup, Valérie Boyer, Emmanuelle Anthoine, Isabelle Valentin, Laure de La Raudière, Frédéric Petit, Pascal Blondeau, Charles de Courson…

Force est de constater qu’ils argumentent avec beaucoup de calme, d’intelligence sereine face à un argumentaire indigent typique de l’idéologie. Ils ne sont pas beaucoup certes, mais le combat est mené, l’honneur est sauf.

Les consciences aussi, croit-on. Jean Castex a dû en effet recadrer sa majorité, hier, à l’Assemblée nationale. La liberté de vote sera-t-elle respectée ? Rien n’est moins sûr !

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Lire sur le site de La Croix : “Loi de bioéthique, les évêques maintiennent leur mise en garde”

À l’occasion de la reprise des débats à l’Assemblée Nationale le 27 juillet 2020, Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du groupe de Travail #EgliseetBioéthique, présente le point de vue de l’Église catholique sur ce projet de loi le 20 juillet 2020 à 14h30. 🖋️La bioéthique du monde d’après►https://bit.ly/BioethiquedApres

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Lire sur le site de La Croix du P. Bruno Saintôt s.j. : « Il doit rester dans la loi des références éthiques intangibles »

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Voir sur le site de la Conférence des évêques de France Filiation et dignité par Sylviane Agasinski

C’était le 27 mars dernier, au colloque “Le christianisme à l’épreuve”

Pour comprendre les enjeux bioéthiques liés à ce projet de loi : 📇 Fiche de notions téléchargeable►bit.ly/2Gs9W18 🎙️Tous les messages des évêques de France►bit.ly/EvequesBioethique

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Le débrief de Ludo n°6

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Le débrief de Ludo n°5

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Retour du projet de loi bioéthique : morceaux choisis