Le blog-notes de Radio Notre-Dame
Le blog-notes du 8 juin 2015 – Après la Fête-Dieu (À 04:04 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute)
Louis Daufresne : Les dimanches se suivent mais ne se ressemblent pas. Si le premier jour de la semaine revient tous les sept jours, il a un visage toujours nouveau. Hier, le dimanche c’était celui de la Fête-Dieu…
Hélène Bodenez : Oui belle Fête du Saint-Sacrement célébrée le jeudi qui suit le dimanche de la Trinité, c’est-à-dire soixante jours après Pâques. En France comme dans beaucoup de pays, elle est reportée au dimanche. Nous sommes au cœur de notre Foi en vénérant le Corps et le Sang du Christ donnés en nourriture pour que nous vivions. Pas « une récompense pour les bons mais force pour les faibles » a rappelé le pape François… « L’Eucharistie nous permet de ne pas nous désagréger » a-t-il précisé lors des cérémonies festives à Rome que Jean-Paul II avait relancées en 1979.
L.D. : Cette fête vous fait réfléchir cette année particulièrement…
H.B. : En effet. Cette année, elle est tombée avec une actualité qui malmène toujours un peu plus la Foi des chrétiens. Il y a nos frères d’Orient là-bas qui paient le prix du sang. Que « leur sang, uni à celui du Seigneur soit un gage de paix et de réconciliation pour le monde entier. » a demandé le pape. Il y a les chrétiens en France. C’est ce dimanche que Nathalie Koskieusko-Morizet a choisi de dire sur Canal + à l’émission Le Supplément ceci : « Je ne dis pas que la religion n’est pas un sujet mais on en parle trop. C’est disproportionné par rapport à la place que la religion occupe dans la vie de la plupart d’entre nous ». Très intéressant constat à l’heure du travail le dimanche ! Et je pense alors au livre d’Emmanuel Todd Qui est Charlie ? analysant la crise religieuse actuelle et que la phrase de l’ex-ministre illustre de manière ironique. Le sociologue prononce des mots forts pour la caractériser et encore ce mot de « désagrégation »… Il avertit « Une mutation ou une chute de croyances est en effet le plus souvent suivie d’un événement révolutionnaire. La disparition de son encadrement métaphysique produit dans une population presque mécaniquement l’émergence d’une idéologie de substitution, variable quant à ses valeurs mais le plus souvent physiquement violente. »
L.D. : Vous partagez ce pronostic noir ?
H.B. : En tout cas, un roman historique Moi Augustin de Marieke Aucante qui vient de sortir aux éditions Salvator va dans ce sens. La Révolution a bel et bien été précédée d’un effondrement de la Foi dans certaines régions. Ce livre est un témoignage poignant, celui du martyre de 829 prêtres réfractaires déportés par la Terreur. Ils ont croupi dans des bateaux prisons flottantes en rade de Rochefort. Maltraités, humiliés, privés de nourriture et de prières, rongés par la famine et la maladie, les trois quarts meurent. Dans la vermine et la puanteur, encore la grandeur du héros outragé qui dit, après Job, « à la poussière vous êtes mon père, et aux vers vous êtes mes sœurs. » En cette Fête-Dieu, j’ai pensé longuement à eux, espéré que leur sacrifice n’ait pas été vain.
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Lire sur le site de La Nouvelle République “Moi, Augustin, prêtre martyr” par Marieke Aucante
Réécouter l’émission Vox Libri de Philippe Delaroche du 30 avril consacrée au livre de Marieke Aucante.
L’homélie (pas traduite en français !) en italien de Jean-Paul II le 1er octobre 1995 lors de la béatification de 64 victimes de la révolution française.
Liste des 64 prêtres béatifiés par Jean-Paul II.