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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes du 25 mai 2015 – Les séries, un anti évangile ? (À 03:23 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute)

James Combépine : Zoom aujourd’hui sur une série un peu à part dans le paysage audiovisuel, il s’agit de Disparue diffusée sur France 2

H.B. : Oui, cette série-là tranche avec les autres séries notamment françaises (elle est française mais un peu différente par ceux qui ont écrit le scénario ; elle nous vient d’Espagne) bref ça n’est pas tout à fait la même chose. Les huit épisodes de Disparue ont tenu en haleine des millions de spectateurs pendant un mois et jusqu’à la fin le suspense a été total. La longueur très calculée de l’histoire permettait une complexité psychologique que les spectateurs ont bien aimée : une famille ordinaire française, un homme et une femme mariée, trois enfants dont la fille disparaît subitement au soir d’une fête de la musique. Crise. Tragique comme dans l’Antiquité. Fin apaisante.

J.C. : Pourquoi, pour vous Hélène, Disparue tranche par rapport aux autres séries diffusées ?

H.B. : Eh bien parce que souvent les programmations, notamment celles de Pascale Breugnot sur TF1, ne sont pas là pour être ce « miroir qu’on promène le long d’un chemin », celui de la vie réelle des gens. Nombre de séries françaises essaient au contraire d’éduquer les masses à l’homosexualité, au mariage pour tous, à la PMA, à la future GPA, à la montée de la diversité aux postes à responsabilité, à l’euthanasie… Ainsi le dernier épisode d’Alice Nevers est une femme intitulé Cas de conscience qui ridiculise le cas Vincent Lambert ainsi que les militants d’Alliance Vita aperçus avec un cœur « Soulager n’est pas tuer », Alliance Vita nommée dans le film pour l’occasion Pugna Vita ! À un moment un militant est arrêté pour interrogatoire, le dialogue entre Nevers et le commissaire montre le mépris qu’il convient d’avoir à l’égard de cette opposition montrée comme fanatique. Évidemment suspect, le militant ne pouvait être que coupable du crime du malade, toujours discrédité pendant toutes les séquences où l’on en parlait. Et même si la fin du film reconnaît rapidement son innocence, eh bien, les images précédentes resteront. On pourrait ainsi convoquer beaucoup de titres dévolus à ce formatage lucratif à grande échelle par de pseudo éclairés. La ficelle est grosse encore dans Enquêtes réservées sur France 2 où la jolie fille écervelée n’arrive pas au fond à s’occuper de son bébé, ne fait pas grand-chose et laisse tout faire à l’homme, au compagnon. Se surajoute même à l’égalité femme/homme la réhabilitation de la condition noire qui fait obéir et se rebelle systématiquement, à la différence des séries américaines, là de manière fatigante.

J.C. : Vous pensez que ces séries sont le reflet d’un nouvel évangile prôné par notre société ?

H.B. : Oui, si l’on pense que ce sont des émissions destinées à faire passer une bonne parole, oui, et à ce moment-là, je les qualifierais assez volontiers d’anti-évangile ! Alors que cette semaine les jeunes Irlandais ont fait basculer le référendum du mariage entre personnes de même sexe dans le sens du OUI, que les « nones » (les sans-Dieu) comme on dit Outre-Atlantique augmentent dans une proportion inégalée, je me dis que l’absence de pratique religieuse de ces dernières années donne ses premiers fruits amers. Des jeunes et des moins jeunes d’ailleurs qui ne sont plus nourris hebdomadairement par les quatre textes de la Bible, se laissent alimenter par toutes les idées propagées par les télévisions. Ce sont les “normes contraignantes” dont parlait à l’instant Gérard Leclerc de cette culture médiatique ambiante. Le vide de nourriture substantielle, le « Aimez-vous les uns les autres » sans le Décalogue, se remplit autrement par ces séries inversantes. Alors, quand une série comme Disparue prend un autre chemin, on ne boude pas son plaisir.