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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes de Radio Notre Dame

Le blog-notes du 2 novembre 2015 – Genèse de ton absence d’Annie Wellens (À 03:00 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute).

Jour des morts : le livre d’Annie Wellens comme baume

Louis Daufresne : La Toussaint, fête au ciel de tous les nés d’entre les morts à la vie sans fin en Dieu. Vous vous êtes ainsi demandé dans un article publié ce week-end, sur le site du Figaro Vox, si la Toussaint, c’était le Paradis pour tous. Aujourd’hui, 2 novembre, jour des morts, on prie pour les âmes en attente de la vision béatifique. Pour faire écho à ce jour, vous avez choisi un livre, Genèse de ton absence d’Annie Wellens aux Éditions Salvator.

Hélène Bodenez : Oui, le 2 novembre que nous vivons aujourd’hui ne doit pas être un jour triste. Tout imprégné de la joie de la Toussaint, ce jour nous pousse à l’espérance pour ceux qui nous précèdent dans « cet ultime voyage au long cours » pour reprendre une expression d’Annie Wellens dans le livre que vous venez de citer, Louis. Annie Wellens y raconte comment elle a peu à peu apprivoisé l’absence de son mari, le poète Serge Wellens ayant rejoint comme il disait « l’estuaire ». C’est pudique, c’est profond, c’est relié. Le sourire aux larmes !

L.D. : Une mort, c’est une fin. Et Annie Wellens en fait un commencement.

H.B.: Exactement. Le livre est porté par une construction très subtile aux chapitres intitulés “Genèse”, “Exode”, “Terre promise”. Les titres, tous empruntés à l’Ancien Testament, reflètent une temporalité très réaliste et qui parlera à toute personne ayant vécu de près la perte d’un être cher. « Genèse » d’abord pour les sept jours d’avant la mort, avec ses signes avant-coureurs énigmatiques, avec ces si poignantes conclusions :

« Il y eut ce matin où ton arbre fut abattu et le lendemain soir où tu sentis le froid, ce furent le deuxième et le troisième jour… »

Ou encoreGenèse de ton absence Annie Wellens

« Il y eut ce petit matin où tu te réveillas, meurtri sur le sol, et notre dernière nuit ensemble, où la veille l’emporta sur le sommeil. Ce fut le quatrième jour ».

« Terre promise » enfin pour la vie sans lui, l’absent désormais, la communion se métamorphosant.

« Maintenant, c’est moi qui chemine vers toi, écrit Annie Wellens, pour des retrouvailles qui ne seront ni la répétition, ni la continuité de notre vie commune, mais son dévoilement définitif dans la lumière purificatrice de Celui auquel nous nous sommes remis. »

Un livre profond ni aride, ni spéculatif, quelque cent cinquante pages qui se lisent vite mais que vous n’avalez pas, qui vous plongent dans un quotidien intime mais vous parlent de vous. Ainsi, la mort vue de ce livre c’est « prendre congé », « disparaître », s’absenter. Si la mort s’impose toute-puissante par la fragilité qu’elle opère, si elle est souffrance, incarcération à l’hôpital qui peut vous rendre même « intouchable », si elle est maladie vous assignant à résidence, elle n’a pas le dernier mot. Un livre à lire au moment d’un deuil. Un vrai baume.