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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Radio Notre Dame

Le blog-notes du 21 septembre 2015 – Dictée or not dictée ? (À 03:29 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute)

Louis Daufresne : Le Conseil supérieur des programmes a donc rendu sa copie. En l’espace de trois mois, vacances comprises, la donne serait totalement changée. Les nouveaux programmes scolaires du collège, voués aux gémonies en juin dernier, auraient été remaniés, les critiques auraient été entendues. Les programmes seraient enfin labellisés. Et vous, vous n’en croyez pas un mot.

Hélène Bodenez : Non évidemment. Et ce n’est pas l’histoire loufoque de la dictée ces derniers jours qui me fera changer d’avis. On nous prend vraiment pour des bleus ! Rappelons l’épisode : il y a trois jours sur Europe 1 Najat Vallaud-Belkacem confirmait qu’une dictée par jour serait donnée en primaire « pour garantir que les apprentissages soient solides », pour « vérifier » que les enfants « mémorisent, qu’ils répètent ». Bien maitriser la langue « ça passe par de l’entraînement quotidien », redit-elle convaincue et … presque convaincante. « L’apprentissage de la langue, c’est le « point fort de cette réforme », conclut-elle. Des dires prenant enfin en compte les constats alarmants de quelques uns depuis des années, mais de tous aujourd’hui à commencer par une droite qui ne veut plus laisser l’éducation à la gauche. Le ministre est même allée jusqu’à critiquer le jargon linguistique qu’on prétendait jusqu’à présent offrir aux élèves. Honnêtement, Louis, j’ai cru rêver en entendant tout cela de sa bouche, me disant que c’était trop beau pour être vrai. Qu’est-ce que cela cachait ?

L.D. : Vous soupçonnez que ce soit un coup politique comme le titre le journal Le Monde…
H.B. : Oui, je le crois. Débordée de partout, Najat Vallaud-Belkacem via les communicants a offert en pâture, à l’opposition notamment, des os dont elle sait qu’il n’y a pourtant plus guère de gras ni de viande à ronger, histoire de surseoir à la fronde et de temporiser. Il s’agissait de reléguer ce qui fâche à l’arrière-plan, de ne surtout plus parler des EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires) ni du latin massacré, ni des classes bilangues abandonnées. Autant de sujets qui nous ont jetés dans la rue deux fois déjà depuis juin. Je dis « nous » parce que j’y étais, et le 19 mai dernier, et ce jeudi 17 septembre.

L.D. : Tout le monde tomberait dans le panneau, pour vous ?
H.B. : Non bien entendu mais les médias relaient en déformant : regardez, Le Monde qui fait sa une ce week-end sur l’affaire de la dictée comme pour donner un gage à ceux, qui osent dire que la réforme simplificatrice ira dans le sens d’une érosion des fondamentaux, et pas l’inverse espéré. Le tollé monte déjà contre la dictée d’un autre âge. Pensez, une dictée, Louis… De l’estrade… Par un professeur qui souligne les fautes… Et en rouge… Non, tous ces précieux ridicules, ces trissotins imbus de leur savoir narcissique, me navrent. Je serais la première à adopter leurs méthodes géniales si elles avaient fait leurs preuves. Or, voilà des dizaines d’années qu’on massacre des jeunes en leur interdisant les bonnes méthodes d’apprentissage. Puisque la moderne géniale ne porte pas de fruits, réessayons la surannée. Qu’est-ce qu’on risque ?