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La série DOC sur TF1 : un ovni télévisuel !

Il y a bien sûr séries et séries. A boire et à manger. Mais Doc la dernière diffusée sur TF1 pourrait bien vous séduire. C’est un drôle d’ovni télévisuel. Depuis l’arrivée de grandes plateformes de diffusion de films à la demande, on a vu débouler nombre d’épisodes au suspense toujours plus travaillé. Mais ce qui frappe, en France particulièrement, c’est le politiquement correct, immoral souvent dans l’agressivité des scènes, que les séries portent ou même qu’elles devancent.

Séries téléphonées

Première image, zoom immédiat sur un acteur de la diversité, deuxième sur un représentant LGBT, troisième sur un divorcé forcément, quatrième sur les familles recomposées et radieuses de bonheur, souvent engagées dans des PMA, voire dans un projet de très illégale GPA. Où vous apprenez d’ailleurs que ces éléments comptent pour être retenus dans des prix ou obtenir des subventions.

Contrairement à une chaîne de télévision (sauf en replay), sur Netflix ou Amazon Prime vous pouvez heureusement, le curseur au bout des doigts, choisir votre film (ils sont classés selon des indices), votre heure, zapper telle ou telle scène violente ou indécente. Bien sûr, on sait bien qu’une série policière évolue dans le mal, on n’est pas naïf, mais il y a façon et façon de filmer cette lutte du bien et du mal. La complaisance dans le glauque peut ne pas être le bon divertissement familial.

Un épisode puis un autre

Or voilà que sur TF1 arrive une drôle de série, Doc, italienne, dans ce paysage tellement téléphoné désormais. Tombée dessus un peu par hasard, couvre-feu oblige et isolement forcé puisque devenue cas-contact, je regarde médusée le premier épisode et me surprends à regarder le deuxième. Tout y est anormal, si je puis dire.

Profondeur du propos : le spectateur assiste étonné au changement moral d’un grand professeur de médecine autoritaire, après une blessure par balle à la tête. Cette conversion à plus d’humanité, conversion visiblement durable, surprend d’image en image. De ponte admiré, l’amnésique Andrea Fanti devient simple patient ; d’orgueilleux il endosse une humilité très émouvante. Sa maîtresse est comme effacée, le voilà retombant amoureux de sa femme. Cet aspect de l’histoire montre beaucoup de finesse.

Doc : structures narratives léchées

La structure de l’ensemble est dynamique grâce à des flashbacks subtils, comme par exemple l’histoire de Ricardo, un jeune interne dont vous n’imaginez pas pourquoi il refuse systématiquement les rendez-vous avec Alba. Le voir faire une génuflexion dans la chapelle catholique de l’hôpital laisse coi tant la scène vous paraît d’une audace incroyable aujourd’hui. Comme encore le récit poignant d’Alberto miné par des souffrances personnelles irréductibles. Mais ne disons pas tout ici.

Comment comprendre cette belle surprise dans le paysage audiovisuel tellement corseté dans ses choix obligés ? N’y aurait-il pas une raison effective ? Wikipedia nous apprend en effet que “la série est inspirée de l’histoire vraie de Pierdante Piccioni, un médecin urgentiste qui a perdu la mémoire après un accident de voiture.” Voilà pourquoi nous sont épargnés tous les poncifs ordinaires des autres séries : le réalisme de l’histoire vraie.

Doc, une série modélisante

Alors bien sûr, certains vont trouver cela probablement gnangnan, mélo… Mais changer en bien, se dire pardon, essayer de retrouver l’amour de sa femme, de sa fille, vivre le deuil, combattre contre soi-même et contre ses démons, conquérir un bien difficile hautement, être vraiment humain avec les autres en s’oubliant soi-même devient original et magnifique. Modélisant même !

En pleine pandémie, au moment où les soignants débordés sont sur le pont, on se dit que l’on aimerait bien être soigné dans l’équipe du Docteur Andrea Fanti qui attache un prix énorme à chaque patient. Oh comme on le voudrait bien ! En tout cas celle qui écrit ces lignes et dont les deux seuls passages aux urgences lui ont été reprochés – accueil comme un chien dans un jeu de quilles – l’espérerait bien pour elle-même et pour les siens.

Dans une autre note j’avais loué certaines séries coréennes. En voilà une autre qui mérite les mêmes éloges. Et elle n’est pas asiatique mais européenne ! Et le succès est au rendez-vue. Pourvu que ça dure…

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(Au moment où j’écris, j’ai vu huit épisodes)

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La musique “Changed at all