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La hoche plus longue pour marquer le dimanche

Robinson marque le dimanche

Robinson Crusoé, Daniel Defoe, 1836.

Extrait

SEPTEMBRE.

Le 30. — J’étais arrivé au triste anniversaire de mon débarquement ; j’additionnai les hoches de mon poteau, et je trouvai que j’étais sur ce rivage depuis trois cent soixante-cinq jours. Je gardai durant cette journée un jeûne solennel, la consacrant tout entière à des exercices religieux, me prosternant à terre dans la plus profonde humiliation, me confessant à Dieu, reconnaissant la justice de ses jugements sur moi, et l’implorant de me faire miséricorde au nom de Jésus-Christ. Je m’abstins de toute nourriture pendant douze heures jusqu’au coucher du soleil, après quoi je mangeai un biscuit et une grappe de raisin ; puis, ayant terminé cette journée comme je l’avais commencée, j’allai me mettre au lit.

Jusque-là je n’avais observé aucun dimanche ; parce que, n’ayant eu d’abord aucun sentiment de religion dans le cœur, j’avais omis au bout de quelque temps de distinguer la semaine en marquant une hoche plus longue pour le dimanche ; ainsi je ne pouvais plus réellement le discerner des autres jours. Mais, quand j’eus additionné mes jours, comme j’ai dit plus haut, et que j’eus reconnu que j’étais là depuis un an, je divisai cette année en semaines et je pris le septième jour de chacune pour mon dimanche. À la fin de mon calcul je trouvai pourtant un jour ou deux de mécompte.