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Et si nous repensions les confessionnaux ?

Souvent à l’église, j’observe longuement ces confessionnaux alignés au mur, construits au midi du vingtième siècle. Que ce soit à Saint-Louis de Brest, ou à Saint-Marcel de Paris dans le treizième arrondissement, ceux qui ont construit ces deux églises modernes avaient vu grand et n’imaginaient pas que leurs isoloirs oreillons seraient en 2021 à ce point délaissés, parfaitement inutiles. Ces bouches d’ombre désertées aujourd’hui en ont entendu pourtant. Et je rends grâce à Dieu à chaque fois pour ces si nombreuses absolutions au fil des ans, au fil des Pâques, données gratuitement.

Lieux du secret absolu

Mais il faut bien l’avouer, notre époque tiède et relativiste voit sa pratique religieuse en berne. La messe du dimanche est en perte de vitesse depuis le confinement, et l’Église qui n’avait pas besoin de cela est obligée de supporter un livre “écornant” le secret de la confession. Alors même que le ministre de ce si grand sacrement est tenu au “secret absolu” voilà qu’un journaliste habile fait parler quarante prêtres de manière croustillante, des prêtres qui se répandent au lieu de prier et de faire pénitence pour le pénitent en le confiant à la miséricorde du Seigneur comme l’écrit le Catéchisme de l’Église catholique. “au lieu de” ? J’exagère ! Sans doute l’ont-ils fait aussi, prier et célébrer le grand sacrifice de la messe pour nous après avoir bavardé. N’accusons pas.

Lieux d’aveux

Intéressant d’entendre au passage Vincent Mongaillard parler de “confessionnaux” lors de ses interviews de promotion sur les plateaux de radio. Or il n’y en a pas, de confessionnaux ! Il n’y en a plus. Ils restent désespérément vides. Sauf peut-être dans certaines fictions à la télévision ou au cinéma. Admettons que notre journaliste puisse sans doute employer le mot dans un sens étendu le déployant pour tout le moment d’aveux.

Mais bon, il se trouve que cela me trotte dans la tête depuis un certain temps et que l’actualité me donne d’y réfléchir. Je me demande en ce moment s’il ne faudrait pas réhabiliter les confessionnaux. Je me demande s’il n’y aurait pas davantage de pénitents à se mettre à genoux dans cet anonyme endroit de l’église plutôt que dans ces petits cabinets porte vitrée dans des passages fréquentés. Car n’est-ce pas la seule chose qui compte ? Que le salut se déverse en grand ? Que la miséricorde de Dieu ne soit pas perdue ? Ménageons-nous tout pour qu’elle s’applique à tous ?

Au confessionnal, le for interne comme protégé

Quand je vois ces confessionnaux vides, depuis longtemps vides, cela m’attriste. Les gens ne pècheraient plus ! Il n’y aurait plus de bien ni de mal. Et tout serait donc permis ! Il faut des événements extraordinaires, comme l’ostension du suaire à Turin par exemple ou les JMJ à Madrid, à Cracovie ou à Panama, pour ménager à nouveaux frais de grands lieux de confessions avec … confessionnaux justement… Ils sont éphémères mais remarquablement pensés dans la séparation qui protège comme extérieurement le for interne du pénitent.

2021. Beaucoup de façons de faire ont été déployées, mises à jour, réformées. Pour quels fruits ? On continue comme si de rien n’était ? À ne plus voir que Dieu est riche en miséricorde (3e lecture de ce dimanche de laetare 14 mars) ? On continue comme si tout allait bien ?

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BENOÎT XVI

REGINA CÆLI

Castel Gandolfo
Dimanche de la divine Miséricorde, 30 mars 2008

Chers frères et sœurs !

Lors du Jubilé de l’an 2000, le bien-aimé Serviteur de Dieu Jean-Paul II a décidé que dans toute l’Église, le Dimanche après Pâques soit appelé non seulement Dimanche in Albis, mais aussi Dimanche de la divine Miséricorde. Ceci a eu lieu au moment de la canonisation de Faustine Kowalska, une humble religieuse polonaise née en 1905 et morte en 1938, messagère zélée de Jésus miséricordieux. La miséricorde est en réalité le noyau central du message évangélique, c’est le nom même de Dieu, le visage par lequel Il s’est révélé dans l’ancienne Alliance et pleinement en Jésus Christ, incarnation de l’Amour créateur et rédempteur. Cet amour de miséricorde illumine également le visage de l’Église et se manifeste aussi bien à travers les sacrements, en particulier celui de la réconciliation, qu’à travers les œuvres de charité, communautaires et individuelles. Tout ce que l’Église dit et fait, manifeste la miséricorde que Dieu nourrit pour les hommes, donc pour nous. Lorsque l’Église doit rappeler une vérité méconnue, ou un bien trahi, elle le fait toujours poussée par l’amour miséricordieux, afin que les hommes aient la vie et l’aient en abondance (cf. Jn 10, 10). De la miséricorde divine, qui pacifie les cœurs, naît ensuite la paix authentique dans le monde, la paix entre peuples, cultures et religions diverses.

Comme Sœur Faustine, Jean-Paul II s’est fait à son tour apôtre de la divine Miséricorde. Le soir de l’inoubliable samedi 2 avril 2005, quand il ferma les yeux à ce monde, était précisément la veille du deuxième Dimanche de Pâques, et nombreux sont ceux qui notèrent la singulière coïncidence, par laquelle la dimension mariale – le premier samedi du mois – se trouvait unie à celle de la divine Miséricorde. C’est là, en effet, que se trouve le noyau central de son pontificat long et multiforme ; toute sa mission au service de la vérité sur Dieu et sur l’homme et de la paix dans le monde est résumée dans cette annonce, comme il le dit lui-même à Cracovie-Lagiewniki en 2002, lorsqu’il inaugura le grand sanctuaire de la divine Miséricorde : “Il n’y a aucune source d’espérance pour les êtres humains en dehors de la miséricorde de Dieu”. Son message, comme celui de sainte Faustine, renvoie donc au visage du Christ, révélation suprême de la miséricorde de Dieu. Contempler constamment ce Visage : voilà l’héritage qu’il nous a laissé, que nous accueillons avec joie et que nous faisons nôtre.

On réfléchira de manière particulière, dans les prochains jours, sur la divine Miséricorde, à l’occasion du premier Congrès apostolique mondial de la divine Miséricorde, qui aura lieu à Rome et s’ouvrira, s’il plaît à Dieu, par une messe que je présiderai le mercredi matin, 2 avril, troisième anniversaire de la pieuse mort du Serviteur de Dieu Jean-Paul II. Plaçons le Congrès sous la protection céleste de la Très Sainte Vierge Marie Mater Misericordiae. Nous lui confions la grande cause de la paix dans le monde, afin que la miséricorde de Dieu réalise ce qui est impossible aux seules forces humaines, et distille dans les cœurs le courage du dialogue et de la réconciliation.