Par

En France, en 2020, la messe du dimanche en péril

messe

Depuis le premier confinement, la liberté de culte, la messe, est maltraitée en France. Les catholiques, c’est un fait, ont été privés abusivement de messe pendant plus de dix semaines. Ainsi l’a dit le Conseil d’État remettant en cause l’interdiction “générale et absolue” de culte par le gouvernement Philippe au premier confinement. Lors du déconfinement, les mesures sanitaires ont été ensuite pour cela drastiquement suivies.

Le tournant de l’allocution du 28 novembre

Mais l’allocution du Président de la république le 28 novembre dernier restera dans les annales comme un tournant. La bonne volonté des catholiques, le sacrifice énorme et les efforts faits n’ont manifestement pas suffi. Au bout de quelque six minutes – après la mention des activités en plein air autorisées ! – la bride se resserre. Le couperet tombe sans d’ailleurs que cela ne soit mentionné dans le visuel de côté : “Pour les cultes, les offices seront à nouveau permis dans la stricte limite de trente personnes” lâche bien rapidement le chef de l’État. Après une liberté secondaire, la liberté de culte comme “en loucedé” dans le discours… Là où Emmanuel Macron, dit “offices”, les sous-titres écrivent “messes” stigmatisant les seuls catholiques. J’essaie de comprendre le “à nouveau”… J’essaie et n’y arrive pas.

“Dans la limite de trente personnes”… Pourquoi donc ce nombre de “trente personnes” faisant fi de la superficie du lieu de rassemblement ? Dans un premier temps, abasourdie, j’ai cru à une erreur. N’était-ce pas un lapsus ? Ne fallait-il pas plutôt comprendre “trente pour cent” ce qui avait été négocié, nous a dit ensuite la presse, avec la conférence des évêques de France ? Une erreur cela se rattrape mais cela n’a pas été fait. Ce n’était donc pas une erreur.

L’unanimité des cathos contre le gouvernement

Pire, alors même que promesse semblait avoir été donnée le soir même à Mgr de Moulins-Beaufort de revenir sur cette jauge aussi absurde qu’offensante, le gouvernement Castex persiste malgré le tollé immédiat et général – des athées, des cathos tradis comme des cathos progressistes – et confirme arbitrairement la jauge.

Éditorial de Guillaume Tabard du 26 novembre 2020 sur Radio Classique

Nouveaux référés libertés déposés… Mais trop tard… Le dimanche 28 novembre, premier dimanche de l’Avent, la décision n’est pas tombée pour autoriser les messes de ce dimanche d’importance. Après Pâques, Noël en danger ?

La veille, je m’étais inscrite tardivement malgré ma répugnance à le faire vers 22 h au secrétariat de ma paroisse qui avait indiqué dans sa feuille de semaine que seules trente personnes assisteraient à la messe. Je me présente malgré tout vu les communiqués de presse des évêques ces dernières heures : le curé attend avec sa liste, et naturellement je ne fais pas partie des trente. Mon inscription est arrivée trop tard. Certes, on me promet bien d’être prioritaire le dimanche d’après… “Cela va être compliqué”, me dit gentiment le prêtre désolé… “Venez à partir de midi, je distribue la communion”… Il est vrai que depuis deux semaines, cette communion bienheureuse avait déjà cours, j’en avais été tellement heureuse et reconnaissante. Que dire ? Que faire ? Comprendre, et partir pour une autre paroisse où la jauge des trente ne serait pas suivie à la lettre…

#Jesuis31

En mettant le pied hors de l’église, je fonds en larmes. En face de moi, le centre commercial Italie 2 rayonne de ses ouvertures dominicales. Depuis tant d’années où avec mes amis, Étienne, Joseph, Philippe et les autres, je défends le repos dominical avec en son cœur le grand moment de la messe, de ce don ultime et gratuit, bienfait pour tous, voilà qu’au-delà de la seule pandémie, je sens tout à coup ce combat comme se durcissant, comme diabolique. En France, en 2020, alors que le président de la république espérait retisser “le lien abimé” avec les catholiques, alors qu’il a tenu à prendre possession du titre de chanoine du Latran, les faits contredisent les belles paroles, les postures sont finalement purement cosmétiques. Comment expliquer l’inexplicable, cette jauge des “trente” ? Les larmes continuent de couler.

N’y aurait-il pas plus qu’humiliation, comme vengeance même à l’égard de ceux qui tiennent ferme contre le projet de loi de bioéthique voté en pleine pandémie, en pleines vacances d’été, de nuit, par 66 députés sur 577, au moment où ministres, récents conseiller de l’Élysée et porte-parole du gouvernement ouvertement pro PMA pour toutes et GPA sont plus puissants que jamais au sommet de l’État ? Comme un “Ils vont voir ce qu’ils vont voir” ? Procès d’intention ? ou vraisemblable scénario ? Honni soit qui mal y pense…

Vivre la messe comme si c’était la dernière

Heureusement, je suis à Paris. Je réponds tranquillement à mon curé que je comprends, que je vais essayer de voir dans une autre paroisse. Bien m’en a pris. Je n’arrive cependant pas à contenir mes larmes pendant le trajet. Mais, bonheur enfin en ce 29 où j’ai prié saint Michel ! La paroisse d’à côté laisse entrer sans jauger : gel, deux personnes tous les quatre bancs… tout est préparé dans “le respect des gestes barrières”. Je vis cette messe et sa communion, comme si c’était la dernière. Le curé à la fin se demande ” à quelle sauce, on va être mangé ces jours-ci”, mais annonce paisiblement la multiplication des messes en semaine. Joie !

Rentrée chez moi, les coups de téléphone affluent : dans l’Ouest, de La Baule à Brest, les curés font de la résistance et ne comptent pas. Si à Toulon, des cerbères laïques trouvent qu’une famille de six c’est trop, la plupart des paroisses ne se résignent pas à d’inimaginables comptages. A Paris, une paroisse exceptionnelle, dans le quinzième, a organisé un nombre de messes considérable : on me dit combien cela marque les fidèles et les jeunes en particulier. Et tombe enfin la nouvelle, le Conseil d’État a rendu son verdict : le gouvernement doit revoir sa copie dans les trois jours. Le fera-t-il ? Je me dis pessimiste que l’on n’est pas encore au bout de nos surprises.

Prenant métros et bus bondés, enseignant dans des classes chargées, je ne m’explique toujours pas cette sévérité à l’égard des messes dans des volumes et des surfaces énormes sinon par un arbitraire idéologique méchant. Qui l’eût cru ? qu’un tel scandale advienne ?…

Prions

Quoi qu’il en soit, comme nous le demande le Christ, continuons de prier pour ceux qui nous gouvernent, pour la France et pour le monde entier. Plus que jamais. Cela tombe bien : la neuvaine à la Vierge Marie pour le 8 décembre commence aujourd’hui.

***

Dans une très grande église de Paris on peut lire ceci :

Un périmètre “sacré” devant l’autel accueillera les 30 sièges autorisés, rien ne vous empêche d’être présent dans l’église à d’autres endroits pendant ce temps là… et de recevoir la communion à l’issue de ces messes… Une messe a été ajoutée à 10 h pour permettre au maximum de personnes d’y participer.

***

Intéressant de voir le résumé (de nouveaux pièges ?)…

https://www.conseil-etat.fr/actualites/actualites/limite-de-30-personnes-dans-les-etablissements-de-culte-decision-en-refere-du-29-novembre