Comptes twitter bloqués : faux nettoyage et vraie censure
De très nombreux comptes Twitter, par milliers, ont été bloqués dans la nuit du 30 au 31 juillet. En pleine affaire Benalla, à quelques mois d’élections européennes majeures et de lois de bioéthiques controversées avec une promesse d'”immenses manifestations”, y voir plus que simple coïncidence, plus que hasard fortuit, plus que ménage de Twitter, relèverait donc du complot. Et pourtant…
Historique des faits
Commençons par l’historique des faits. Comment cela s’est-il réalisé ? Dans la nuit, votre compte a été bloqué ; des abonnements et des abonnés se sont volatilisés. Vous vous réveillez avec une page ainsi formulée :
“Votre compte semble avoir fait preuve d’un comportement inhabituel qui enfreint les règles de twitter (vous ne savez d’ailleurs pas si elles ont changé depuis votre inscription). Pour débloquer votre compte veuillez suivre les étapes ci-dessous et confirmer que vous êtes le propriétaire valide du compte. Ce que vous pouvez faire : Afin de débloquer votre compte, vous devez faire ce qui suit, vérifier votre numéro de téléphone.”
Le compte est ainsi débloqué par confirmation de numéro de téléphone ou pour ceux qui ne l’auraient pas donné transmission de celui-ci. Façon, au passage, de désanonymer par là les comptes avatars. C’était, à ma connaissance, une préoccupation en très haut lieu. L’explication de façade avancée par le réseau social à l’oiseau bleu sera plus simple, pour naïfs et candides, celle de comptes bots à supprimer.
Mais poursuivons. Pure coïncidence, vraiment ?
Ce blocage des comptes Twitter intervient au moment de l’affaire Bénalla : depuis plus d’une semaine, les auditions s’organisent à l’Assemblée nationale et au Sénat. Et l’audience est énorme. Ainsi, contrairement à ce qui a été avancé par le Gouvernement qui organise sa com’ en « Ce n’est pas une affaire d’état » – « Ça ne prend pas sur Facebook » – « Les vrais gens s’en moquent », “les gens” justement s’intéressent de près à cette affaire que certains nomment affaire d’État, d’autres affaire d’été. Ainsi, il a été révélé que le volume de tweets a été immense, supérieur largement à l’affaire Fillon, ou à Me Too en France, à Je suis Charlie.
Moment particulier
Ce blocage des comptes Twitter intervient au moment où le ministre du numérique, Mounir Mahjoubi, au fort des États généraux des nouvelles régulations numériques, au fort du nouveau GRPD en vigueur, a stigmatisé avec un spécialiste des phénomènes d’influence de social media, ces comptes qui ont eu une activité anormale, ces comptes qui se sont réveillés à la faveur de cette affaire Benalla qui ne serait pas une affaire.
Ce blocage des comptes Twitter intervient au moment où la “république de la haine” – entendre toute opposition et en particulier celle des réseaux sociaux ? – est stigmatisée par Emmanuel Macron lors de la soirée aux Salons de l’Amérique latine.
Ce blocage des comptes Twitter touche tous azimuts l’opposition à Emmanuel Macron, à droite comme à gauche, piétaille et vip, journalistes et obscurs lecteurs.
Ce blocage des comptes Twitter intervient en plein été, au cœur des vacances. Tablerait-on sur une veille plus molle ? Est-ce là un indice également ?
Ce blocage des comptes Twitter réjouit un seul et même profil twitter, les progressistes fans du gouvernement et de la république en marche.
Pourquoi bloquer en accusant ?
Nous le voyons donc, ce moment choisi n’est pas anodin. Mais bon, admettons que, comme le dit Numerama, Twitter ait “un énorme problème de bots et [ait] du courage de tenter de le résoudre (il perd plus d’un million d’utilisateurs aux yeux des investisseurs). Oui “Il y aura probablement des bugs et des erreurs dans le lot”. Non “Vous n’êtes pas censuré, pas bloqué”. Admettons.
Pourquoi choisir alors une procédure comminatoire avec cette accusation “des règles enfreintes” ? De quelles règles d’ailleurs parle-t-on ? Celles auxquelles on a souscrit lors d’une inscription il y a des années ? Ou à de nouvelles ? Si c’est le cas, nous a-t-on informés précisément de ce changement de règles ? Peut-on sur des bases si minces, ce pluriel indéfini “des règles enfreintes”, bloquer des comptes ? En ce qui me concerne, je cherche les règles enfreintes. On nous parle de faux comptes mais l’émoi sur twitter prouve que ce sont bien des vrais comptes qui ont été touchés. On nous rétorque “complotisme” ! Je réponds : de quel droit, sans information, sans avertissement progressif ce blocage étonnant ? La vérité n’a-t-elle pas l’air effectivement d’être ailleurs ?
Preuve que tout cela est suspect : Bernard Pivot lui-même, fort de ses 960 000 abonnés, est entré dans la bataille dans la soirée et dit ce que tout le monde pense “Réseau social d’importance planétaire, société qui vit de la communication, pour la communication, Twitter n’est pas fichu de communiquer à ses millions d’ adhérents pourquoi depuis trois mois elle leur retire des dizaines des milliers d’abonnés.”
“Pourquoi”. Le mot est lâché. Il n’est pas en effet interdit de penser qu’une concomitance providentielle s’est fort heureusement trouvée entre le nettoyage large et mondial de Twitter et la censure française qu’espéraient beaucoup. L’avenir, gros de ses batailles politiques à venir, ne tardera pas à nous le confirmer…
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Réécouter Stromae et comprendre son “Prends garde à toi” de manière nouvelle !