
Cher Joseph Thouvenel,
merci pour cette libre chronique que je copie ci-dessous ! Merci à Radio Notre-Dame la radio chrétienne où “la vie prend un sens” de te donner la parole et de la diffuser largement. À tes trois raisons de ne pas aimer la Révolution française, laisse-moi en ajouter une autre, une quatrième, celle d’avoir supprimé le dimanche ! Je le rappelle dans À Dieu, le dimanche ! (Éd. Grégoriennes, 2010, p. 15, p. 20). Les hommes de la Révolution française ont déconstruit le calendrier grégorien, en ont prôné un autre, le calendrier révolutionnaire, ont proposé un autre jour libre que le dimanche, le fameux décadi. La semaine de sept jours volait donc en éclats ! Le jour libre un jour sur dix au lieu d’un jour sur sept ! Belle avancée sociale en vérité ! Pour les hommes de l’Encyclopédie qui rédigent l’article DIMANCHE, le dimanche doit être travaillé “pour l’enrichissement de tous”… Cette main basse révolutionnaire sur le dimanche, tu le sais, se poursuit mais personne n’ignore plus ce qu’il en est de ce fameux “enrichissement” promis … H.B.
“Une interlocutrice me disait récemment : « C’est curieux pour un syndicaliste, vous semblez ne pas aimer la Révolution française. » Je dois l’avouer, Madame, c’est exact, et ce pour au moins trois raisons.
La première : syndicaliste.
Je n’oublie pas que le 14 juin 1791, le citoyen député Le Chapelier fit voter une loi proscrivant les organisations ouvrières. Rejetant les corps intermédiaires, Le Chapelier affirme qu’il « n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de coopération. » Les conséquences furent ravageuses.
Ce texte et les décrets qui suivirent détruisirent les corporations qui avaient mis en place un socle social, comme un salaire minimum chez les charpentiers, tailleurs de pierre ou autre couvreurs. Les caisses de solidarité, en cas de maladie ou d’accident, furent interdites. L’ouvrier, qui doit travailler pour se nourrir et se loger, est seul face au patron qui peut ou non lui donner un travail, aux conditions qu’il fixe sans entrave. C’est le paradis du libéralisme sans contrainte et l’enfer pour le salarié.
Au nom du libre exercice d’un métier, cette folie entraîna la dissolution de l’université et des facultés de médecine. Au nom de la liberté, il n’est plus nécessaire d’avoir fait des études médicales pour exercer. Chacun est censé faire ce qui lui plaît ; le charlatan opérer le quidam, l’enfant de six ans trimer dans les mines.
La seconde raison : humaniste.
J’ai une aversion profonde pour tous les systèmes qui prônent la violence pour imposer leur Olympe. Rien ne justifie les ruisseaux de sang aux pieds des guillotines, les milliers de fusillés, les milliers de massacrés, les milliers de noyés. Rien ne justifie le génocide vendéen. La lettre du général Westermann à la Convention me révulse :
« Suivant les ordres que vous m’avez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, et massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront pas, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher, j’ai tout exterminé »
Enfin comme croyant.
La tentative d’éradication du christianisme, par l’interdit, le mensonge, la violence – les ingrédients de tous les totalitarismes – me font ne pas aimer cette période de despotisme et d’obscurantisme que fut la Révolution française. Ne croyez pas que je mette au pinacle, ce système qui faisait que le hasard de la naissance fasse de nous un gueux ou un seigneur. Simplement, j’estime que la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence et qu’une idée, aussi belle soit-elle, ne s’impose pas par le sang et la terreur.
À la semaine prochaine !”
Joseph Thouvenel, Vice-Président de la CFTC