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Dimanche de la Trinité avec Mgr Geraldo Verdier à Brest

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Visages du dimanche

  Allez, faites, baptisez, apprenez… Les injonctions du Christ ressuscité aux disciples inspirent un invité de marque ce dimanche. Les paroissiens de Saint-Louis à Brest écoutent en effet une homélie un peu différente en ce dimanche de la Trinité, dimanche dont l’évangile invite à la fécondité de la mission. Elle est donnée par l’évêque émérite de Guajara-Mirim, au Brésil. Cela fait du bien en pleine affaire VatiLeaks que certains sont prompts à minimiser en faisant croire que les fuites en question ne sont pas graves, que toute cette histoire ne serait qu’une lutte entre cardinaux italiens.

J’avais treize ans

   Il est bon alors de se recentrer, et d’entendre aussi ceux qui ont tout quitté d’une autre manière que certains prélats, vraiment tout, pour suivre le Christ, pauvrement, inconditionnellement. L’heure est à l’écoute. Flashback sur la naissance d’une vocation. L’évêque se tourne vers les scouts avides d’aventures, sages pourtant sur leur banc au premier rang. « J’avais votre âge, j’avais treize ans », commence-t-il « quand Mgr François-Xavier Rey nous parla de sa mission, des Indiens, des migrants, de l’Amazonie, des mille cinq cents kilomètres de fleuve. » Quand Mgr Rey annonça également qu’il n’avait pas un seul prêtre, le jeune Geraldo se promit alors que si un jour il était prêtre, il le serait dans cette mission. C’est ce qui finit par arriver. Missionnaire, le père Verdier le fut dans cette mission-là, « l’une des plus dures du monde », avec ses quatre-vingt-dix mille kilomètres carrés de superficie, pendant trente-trois ans. Il en fut même évêque en 1980, le premier d’une prélature devenu diocèse sous Jean-Paul II.

  Particulièrement saisissant, le moment où le pasteur de ce continent américain hostile, haut en contrastes, parle des grandes luttes auxquelles il fut confronté. Il dut protéger, défendre des religieuses, les prisonniers torturés, les sans-terres, les migrants qui viennent du sud. Il dut alors faire face à six procès. Ses deux présumés assassins – on chercha plusieurs fois à l’assassiner – deviennent finalement ses amis ! Nous écoutons, fidèles assemblés à Saint-Louis, les yeux écarquillés, nous disant que ces évêques-là, c’est leur peau qu’ils risquent chaque jour. Nos manques de vocations apparaissent en regard bien honteux, conséquences de nos scandaleuses querelles intestines. Et les fruits sont évidemment là : « J’ai reçu quatre prêtres en arrivant, j’en ai laissé douze à mon successeur brésilien, et sept grands séminaristes. »

Ne vous découragez jamais !

  Une pépite brille plus fort que les autres dans ce sermon-témoignage à part. Rencontre avec un mourant, un jour, sur un brancard. « Qui êtes-vous ? d’où venez-vous ?  » demande ce dernier. Ils sont alors deux prêtres, deux sœurs, un  médecin. « J’ai beaucoup souffert, mais ai tout mis sur la croix de Jésus. » Et le malade à l’agonie de louer la bonté de Dieu qui lui donne deux prêtres, deux religieuses et un médecin « pour l’aider à mourir ».

  Une certitude : dans la souffrance, la mission avance ! Dom Geraldo connaît bien sûr les problèmes de la foi en France mais c’est lui qui fortifie encore tout le monde lançant l’ultime exhortation : « Ne vous découragez jamais ! »

H.B.

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Photos : H.B.