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Visages du dimanche : Dimanche de la Sainte Famille

 

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Ce matin, en la paroisse Saint-Louis de Brest, le prêtre qui prononça l’homélie de ce dimanche de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, a mis en lumière le beau parallèle entre les trois jours de recherche de l’Enfant Jésus disparu à Jérusalem, et les trois grands jours de la Passion menant à la Résurrection du Christ. Trois jours de disparition et de recherche du Fils de Dieu parmi les hommes, trois jours de douleur mais trois jours conduisant aux retrouvailles préfigurant la joie de la Résurrection, grand jour du Salut. L’ange du matin de Pâques ne fait-il pas rebondir le mot “chercher” si présent déjà dans l’épisode du recouvrement de Jésus au Temple « occupé aux affaires de son Père » : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? ».


En fin d’homélie montrant le précieux du modèle de l’humble famille de Nazareth, le prêtre convoqua alors les paroles que Paul VI avait prononcées lors de son voyage en Terre Sainte de 1964, en la basilique de l’Annonciation à Nazareth, paroles qui « n’ont pas perdu de leur actualité » :  

Nous ne partirons pas cependant sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth. 

Une leçon de silence d’abord. Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit ; en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de tracas et de cris dans notre vie moderne bruyante et hypersensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret. 

Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social. 

Une leçon de travail. Nazareth, ô maison du « fils du charpentier », c’est ici que Nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici rappeler que le travail ne peut pas être une fin à lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme Nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.


Ces paroles de Paul VI, pape du Concile Vatican II, furent enfin mises en parallèle avec celles, brûlantes, du pape de l’année de la Foi, Benoît XVI, dites dernièrement lors de la traditionnelle allocution des vœux de Noël à la Curie :

J’ai été frappé du fait qu’au Synode on a souligné à maintes reprises l’importance de la famille pour la transmission de la foi, comme lieu authentique où se transmettent les formes fondamentales du fait d’être une personne humaine. On les apprend en les vivant et aussi en les souffrant ensemble. Et ainsi, il apparaît avec évidence que la question de la famille n’est pas seulement celle d’une forme sociale déterminée, mais celle de la question de l’être humain lui-même – de la question de ce qu’est l’être humain et de ce qu’il faut faire pour être de façon juste une personne humaine. Dans ce contexte, les défis sont complexes. Il y a avant tout la question de la capacité de l’homme de se lier ou de son manque de liens. L’être humain peut-il se lier pour toute une vie ? Cela correspond-il à sa nature ? N’est-ce pas en opposition avec sa liberté et avec la dimension de son auto-réalisation ? L’être humain devient-il lui-même en demeurant autonome et en entrant en contact avec l’autre uniquement par des relations qu’il peut interrompre à tout moment ? Un lien pour toute la vie est-il en opposition avec la liberté ? Le lien mérite-t-il aussi qu’on en souffre ? Le refus du lien humain, qui se répand toujours plus à cause d’une compréhension erronée de la liberté et de l’auto-réalisation, comme aussi en raison de la fuite devant le support patient de la souffrance, signifie que l’homme demeure fermé sur lui-même et, en dernière analyse, conserve son propre « moi » pour lui-même, et ne le dépasse pas vraiment. Mais c’est seulement dans le don de soi que l’être humain se réalise lui-même, et c’est seulement en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille, c’est seulement en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine. Avec le refus de ce lien disparaissent aussi les figures fondamentales de l’existence humaine : le père, la mère, l’enfant ; des dimensions essentielles de l’expérience du fait d’être une personne humaine tombent.

À méditer à quelques jours de la grande manifestation du 13 janvier : en manifestant contre le projet de loi du mariage entre personnes de même sexe, en défendant la famille PME, père, mère, enfant, c’est l’être humain lui-même que les manifestants défendront, posant la question anthropologique par excellence. H.B.