Visages du dimanche : Christus Rex, Dieu “tout pour tous”
Proclamée par Pie XI pour combattre l’athéisme c’est-à-dire “le refus obstiné de Dieu” et le laïcisme c’est-à-dire “cantonner Dieu dans la sphère privée” (ainsi que nous le dit le prêtre aujourd’hui à la messe), la solennité du Christ-Roi fait partie de ces grands dimanches au visage splendide donnant aux fidèles de contempler les sept attributs du Roi serviteur : “Vérité, vie, sainteté, grâce, justice, amour, paix”. Ce dimanche qui clôt l’année liturgique a été souvent pour le bienheureux Jean-Paul II l’occasion de béatifier des saints. Voici pour honorer ce jour des extraits d’homélies prononcées lors des nombreuses canonisations de bienheureux par le grand pape slave. H.B.
En ce 21 novembre 1999 :
1.« Il prendra place sur son trône de gloire » (Mt 25, 31). La solennité liturgique d’aujourd’hui est dominée par le Christ, Roi de l’univers, Pantocràtor, tel qu’il resplendit dans l’abside des antiques basiliques chrétiennes. Nous contemplons cette image majestueuse en ce dernier dimanche de l’année liturgique.
La royauté de Jésus-Christ est, selon les critères du monde, paradoxale : elle est le triomphe de l’amour, qui se réalise dans le mystère de l’incarnation, de la passion, de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu. Cette royauté salvifique se révèle pleinement dans le sacrifice de la Croix, acte suprême de miséricorde, dans lequel s’accomplit en même temps le salut du monde et son jugement.
Chaque chrétien participe à la royauté du Christ. Dans le Baptême, il reçoit avec la grâce intérieure une impulsion à faire de son existence un don gratuit et généreux à Dieu et à ses frères. Cela apparaît de façon particulièrement éloquente dans le témoignage des saints et des saintes, qui sont des modèles d’humanité renouvelée par l’amour divin…
2. … Le royaume du Christ doit être construit, dès à présent, sur cette terre à travers le service au prochain, en luttant contre le mal, la souffrance et la misère humaine, jusqu’à vaincre la mort. La foi dans le Christ ressuscité rend possible l’engagement et le don de nombreux hommes et femmes pour transformer le monde, pour le restituer au Père : “Ainsi Dieu sera tout pour tous”.
Ou encore en ce 26 novembre de l’an 2000 :
Oui, ô Christ, tu es Roi ! Ta royauté se manifeste paradoxalement sur la croix, dans l’obéissance au dessein du Père, qui “nous a en effet arrachés – comme l’écrit l’apôtre Paul – à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés” (Col 1, 13-14). Premier-né de ceux qui ressuscitent des morts, Toi, Jésus, tu es le Roi de la nouvelle humanité, restituée à sa dignité originelle.
Tu es Roi ! Ton royaume cependant, n’est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36) ; il n’est pas le fruit de conquêtes armées, de dominations politiques, d’empires économiques, d’hégémonies culturelles. Ton royaume est un « royaume de vérité et de vie, de sainteté et de grâce, de justice, d’amour et de paix » (cf. Préface du Christ-Roi), qui se manifestera dans sa plénitude à la fin des temps, lorsque Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15, 28). L’Église, qui peut déjà goûter sur la terre les prémisses de l’accomplissement futur, ne cesse de répéter : « Que ton Règne vienne » (Mt 6, 10).
Ou encore en ce 25 novembre de l’an 2001 :
« Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : “Celui-ci est le roi des Juifs” » (Lc 23, 38). Cette inscription, que Pilate avait fait placer sur la croix (cf. Jn 19, 19), contient à la fois le motif de la condamnation et la vérité sur la personne du Christ. Jésus est roi – lui-même l’a affirmé – mais son royaume n’est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36-37). Devant Lui, l’humanité se divise : ceux qui le méprisent pour son échec apparent, et ceux qui le reconnaissent comme le Christ, “image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature” (Col 1, 15), selon l’expression de l’Apôtre Paul dans l’Épître aux Colossiens, que nous avons entendue.
Face à la croix du Christ s’ouvre, d’une certaine façon, la grande scène du monde et s’accomplit le drame de l’histoire collective et de chacun. Sous le regard de Dieu, qui dans son Fils unique immolé pour nous s’est fait la mesure de chaque personne, de chaque institution, de chaque civilisation, chacun est appelé à se décider.
Photo : H.B.
Christ Pantocrator (Arcabas) – La Salette à Corps en Isère.