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Vincent Peillon oserait-il engager l’abolition de la loi Debré ?

En ce dimanche 8 septembre, David Gozlan Secrétaire national de La Libre Pensée relayait à l’heure de la messe sa bonne parole ! France culture consacrait en effet l’émission Divers aspects de la pensée contemporaine aux travaux du Congrès annuel de cette Libre Pensée tenu à Bourges en juillet dernier. Principal intervenant, le président de la Fédération nationale, Marc Blondel. L’heure était au bilan de ce Congrès, bilan de l’action d’une nouvelle majorité en place, bilan de l’action du Gouvernement et du président de la République. Il y a de la déception dans l’air. C’est peu de le dire ! Du « mécontentement », de l’« irritation », assène-t-il. « Qu’est-il advenu de l’engagement de faire disparaître le Concordat ? Qu’est-il advenu des engagements en matière de laïcité ? » s’est-il interrogé. « Est-on sur la même longueur d’ondes que les prédécesseurs en ce qui concerne l’aide à l’Église et plus particulièrement au culte, et de la même manière en ce qui concerne la mise en concurrence de l’enseignement ? »

 

 

Particulièrement inquiétant justement le passage au coeur de l’émission dévolu à l’enseignement, comme en fin d’émission très rapidement à l’embryon. Notons en passant que La Libre Pensée ne fait pas partie de commissions publiques mais arrive à jouer, semble-t-il, de son « influence » dans les cabinets de ministres : celui de Vincent Peillon, celui de Marisol Touraine pour ne pas les nommer. Dans la ligne de mire, rien moins que  la loi Debré qu’il s’agit de supprimer. 

 

« Il faut que le Gouvernement et le président de la République tiennent compte de l’organisation d’une pensée comme la nôtre. Nous avons développé une série, sous forme de motion, de revendications. Nous avons exprimé les choses, nous les avons précisées et  je dois dire – oh  ! une hirondelle ne fait le printemps, un entretien ne fait pas la décision mais notamment M. Peillon, le ministre de l’éducation nationale que nous avions saisi dès sa nomination, il nous avait laissés sans réponse, nous a reçus. Nous avons eu un entretien avec lui. Je ne dirais pas que nous avons gagné mais je pense que nous avons provoqué là des interrogations.

“La loi Debré est la loi de trahison de l’enseignement public” !

Mais nous allons avoir l’occasion de le dire dans le détail : l’un des objectifs – et là c’est peut-être un peu délicat à faire comprendre à tout le monde – mais je demande aux parents d’élèves d’essayer de bien comprendre notre démarche. Nous revenons toujours à la loi Debré (curseur 5′ 53). En ce qui concerne l’enseignement, nous sommes persuadés et nous l’avons confirmé, nous l’avons analysé, nous l’avons vérifié, c’est la loi Debré qui permet tous les contournements qui ont eu lieu successivement. On nous parle les uns de la loi Carle en disant « Il faut supprimer la loi Carle ». D’accord mais ce n’est pas suffisant. C’est la loi Debré qui a été – je vais être plus précis… nous ne faisons pas ici de l’histoire mais encore que… pourquoi pas…  On sait maintenant très exactement ce qui s’est passé au moment de la loi Debré. On sait très bien qu’il y a eu des démarches, qu’il y a des éminences… je vais citer Mgr Tisserand qui a rencontré Guy Mollet etc. Il y a eu un cinéma partagé. Il y avait les séances publiques et puis il y avait … « un accord au final ». On sait tout cela. Je vais le dire, c’est brutal mais la loi Debré est la loi de trahison de l’enseignement public. Alors il faut la remettre en cause. C’est la raison pour laquelle nous avons continué à lancer notre engagement. Je signale aux auditeurs : demandez à la libre pensée de votre département de signer le document disant « Abolition de la loi Debré ! » 

Et David Gozlan de renchérir : « Nous avons effectivement rencontré M. Peillon ministre de l’éducation nationale. C’est vrai que cette question de la loi Debré a été évoquée lors de l’entretien.» (1)

La voix est chevrotante. Mentionné au détour d’un argument le fait que les militants de La Libre Pensée ne sont plus de la prime jeunesse. Mais on aurait tort de ne pas se méfier. Si l’on avait besoin de preuves des forces secrètes à l’œuvre, les voilà, comme inversement proportionnelles aux espérances immenses de liberté réelle. Vincent Peillon oserait-il rouvrir la querelle scolaire, aller jusque-là ? Pas sûr … H.B.

 

(1) Mediapart résume la teneur de l’entrevue, 26 août : “La Libre Pensée a été reçue par Vincent Peillon“.

 

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Transcription des propos : H.B.