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Trèves : des milliers de pèlerins veulent voir la Sainte Tunique

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Depuis le 13 avril et jusqu’au 13 mai 2012, la ville de Trèves (Trier en allemand) accueille les pèlerins pour la vénération de la Sainte Tunique du Christ. Qu’on vienne en pèlerin d’un jour ou en groupe constitué plus longtemps, tout est mis en œuvre dans une organisation remarquable. Le but ? rapprocher les cœurs de Celui qui a porté ce vêtement sacré sur son corps de chair, il y a plus de deux mille ans : le Christ lors de sa Passion. Les Écritures mentionnent que les soldats, qui avaient crucifié Jésus, n’en firent pas quatre parts, mais qu’ils tirèrent au sort son vêtement, une tunique sans couture (Jn 19, 23-24). Une tradition rapporte également qu’elle fut tissée par la Vierge Marie. L’invitation à prendre le chemin de Trier sur le thème « et rassemble ce qui est séparé » est lancée désormais depuis plus de dix jours. En nos temps divisés, rien de plus pressant que d’y répondre, si nous le pouvons.

Sans couture. La sainte relique, sorte de chasuble en forme de T, est donc une nouvelle fois présentée aux fidèles, simplement. Renvoyant par sa forme à une croix, elle est là, dans un reliquaire de bois blanc et de verre, à même le sol de la Cathédrale, dans la nef. Un défilé ininterrompu s’allonge au fil des heures. Jeunes, vieux, malades et bien-portants suppliants, familles avec enfants, religieux bouleversés, tous se pressent pour voir, prier, s’étonner, espérer, vénérer, faire un acte de foi. L’organisation est vraiment généreuse, l’atmosphère au recueillement, l’accueil énorme. De la gare à la place du marché via la Porta Nigra, de petits panneaux en hauteur avec le logo rouge Heilig Rock vous guident. Puis viennent les tentes blanches qui ponctuent votre itinéraire, les pôles d’informations : impossible de se perdre. C’est toute la ville de Trèves qui vit au diapason des pèlerins et vous accueille.

Cinq centième anniversaire de la première ostension

 STEHELENETRIERLe dépliant en français informe de la raison de cette ostension en 2012. Objet le plus précieux de la Cathédrale de Trèves, la Sainte Tunique y est en effet conservée à l’abri des regards depuis que sainte Hélène, mère de l’Empereur Constantin et résidant à Trèves au IVe siècle, l’a rapportée de Jérusalem. « Le pèlerinage de 2012 est motivé par une date historique : 1512. Cette année-là, l’empereur Maximilien Ier s’était rendu à Trèves pour une Diète d’Empire. Sur son insistance, la Tunique avait été sortie du maître-autel de la Cathédrale. Lorsque les habitants apprirent cela, ils voulurent également la voir et par un mouvement populaire, ils obtinrent ainsi la première présentation publique. » Depuis cette date, se sont écoulés cinq cents ans. La tunique attire toujours beaucoup, fascine. Le chrétien voit plus loin bien sûr que la relique elle-même. Dans le regard de foi que le pèlerin est engagé à porter librement, l’Habit « renvoie à Celui qui l’a porté, Jésus-Christ, Lumière du monde et sauveur de l’humanité. » De cette Tunique, c’est l’amour de Jésus pour tous qui irradie d’un feu toujours allumé. 

Les trois présentations de la Sainte Tunique au XXe siècle, en 1933, 1959 et en1996 ont déjà vu affluer des millions de pèlerins. Celle de 1933, enbatonsdepelerins.png pleine montée du National-Socialisme, battit un record d’affluence avec ses deux millions deux cent mille pèleriHEILIG-ROCK-DRAPEAUX.pngns en cinquante jours, ainsi que le mentionne le quotidien du pèlerinage le Paulinus, le numéro 11 du 23 avril. Sur le parvis, vous accueillent dans un premier temps, insolites, des bacs dans lesquels sont fichés de drôles de bouts de bois multicolores. En réalité, cinq cents plus un. C’est le chiffre symbolique de l’anniversaire commémoré par des « bâtons de pèlerins » enfoncés dans les gravillons noirs des bacs. En levant la tête, vous verrez déployés dans les airs, des fils blancs et rouges, renvoyant au tissage de la tunique.

Climat sobre de piété propice

Une fois sur place, il faut se préparer à passer plus ou moins vite près du reliquaire selon l’affluence. Cela dit, se sentir très libre. Les gestes sont variés : les uns s’agenouillent, d’autres embrassent le reliquaire, d’autres encore font un simple signe de la tête, étudient et scrutent interrogateurs. L’on peut toujours s’arrêter sur les bancs de la Cathédrale à côté du reliquaire, prier, relire la Passion dans les Évangiles. Un prêtre allemandSTETUNIQUETRIER.png confesse pendant que lectures, cantiques amples sur fond d’orgue, méditation du chapelet font monter un climat sobre de piété propice. En entrant, un membre de l’équipe volontaire vous a offert de l’eau bénite pour vous signer. En sortant, on vous donne une image souvenir de votre démarche. Vous ne verrez probablement plus tout à fait comme avant la chasuble d’un prêtre.

Les journées sont organisées autour de l’Eucharistie et de la prière des heures, animées par des communautés nouvelles; Un livre de chants notés, spécialement conçu pour ce mois exceptionnel, aide chaque pèlerin à suivre les offices en allemand. De nombreux concerts sont donnés le soir. Se renseigner, le programme des journées est riche.

BASILIQUECONSTANTIN.pngPrès de la très ancienne et très belle Basilique Constantin, aujourd’hui vouée au culte protestant, – et dans la ville natale de Karl Marx ! – se déroule une action symbolique de sensibilisation contre le chômage, Aktion Arbeit : sur une monumentale tunique de métal érigée, les visiteurs accrochent dans le grillage un A de métal où est écrite une intention particulière. ACTIARBEITTRIER.png

Ajoutons que la ville de Trèves, dont la fondation remonte selon les guides à mille trois cents ans avant celle de Rome, capitale même un temps de la Gaule, recèle des monuments classés par l’UNESCO patrimoine de de l’Humanité. À trois heures seulement de Paris en TGV, on peut faire l’aller-retour dans la journée.

Les occasions de pèlerinage sont multiples aujourd’hui, mais celui-ci a je ne sais quoi d’urgent. Les heures sont coHORLOGETRIER.pngmptées, les horloges de la ville avertissent. Sur l’une, « Vigilate et orate » (Veillez et priez), sur l’autre, « Nescitis qua hora dominus veniet » (Vous ne savez pas à quelle heure le Seigneur reviendra). Se mettre en route, se convertir vraiment, prier pour l’unité, unité de la France, unité de ses familles, unité de l’Église, voilà le chemin à emprunter d’urgence en ce temps pascal béni. Laisser de côté les marchands du temple pour ne pas se mettre en colère et garder la paix. 

« Je suis venu allumer un feu » avait dit Jésus de Nazareth, « et combien je voudrais qu’il fût allumé ». La Tunique de Trèves renvoie à la Miséricorde divine, à un incendie de vie. H.B.

***

 

Exposition de la Sainte Tunique à la Cathédrale.

De 10h30 à 21h tous les jours.

 

Liturgie

8h prière du matin.

9h messe à la Cathédrale.

10h et 18h messes à St Gangolf.

11h et 15h messes à Liebfrauenkirche (l’église jouxte la Cathédrale).

21h prière du soir.

22h fermeture de la Cathédrale.

 

Réservations train :

DB Bahn

SNCF

 

Heilig Rock :

Site officiel du pèlerinage

 

Ostension de la Sainte Tunique : 500 000 visiteurs attendus

Sur le site de Radio Vatican 

 

Message de Benoît XVI :

Sur le site de Zenit

 

Les pèlerinages sont-ils de retour ?

Sur le site d’Aleteia

 

Photos : Hélène Bodenez (hormis celle du reliquaire).

 

Voir également 

(7 mai 2010) Devant le suaire de Turin : Témoignage