Travail le dimanche : 2009-2013, revirement des médias ?
Étranges medias. Hier, sous Nicolas Sarkozy, ils relayaient avec délectation l’opposition au travail le dimanche que le président voulait à tout prix ; aujourd’hui, ils font cause commune avec Le Figaro soutenant « Ces salariés qu’on empêche de travailler » C’est clair. Les médias ne sont guère favorables aux syndicats qui protègent bec et ongles le repos dominical. Personne ne titrera : « Ces patrons qu’on empêche de jouer aux voyous ». C’est tout à fait nouveau. Un signe sans doute que François Hollande n’est pas si loin de l’option de l’ancien Président de la république, ce que j’ai toujours dit. Un signe sûrement que les puissances d’argent tiennent des médias de plus en plus fragilisés.
La loi Mallié ne devait-elle pas résoudre tous les problèmes ?
Le terrain médiatique est malgré tout un bon baromètre : ça s’agite de partout et peu ont encore la mémoire de ce qui s’est passé voici à peine quatre ans. Pourtant, la Loi Mallié ne devait-elle pas résoudre tous les problèmes ?
Les médias jouent sur l’émotion, zooment sur la salariée qui pleure même si l’on apprend par la suite le coup monté qu’il y a derrière. Rares sont aujourd’hui les interlocuteurs d’hier qui constatent combien le camp de l’opposition au travail le dimanche, syndicats en première ligne, avaient raison. Il suffit pourtant de revenir aux vieilles chroniques archivées pour voir que l’opposition à l’ouverture des magasins le dimanche avait joué les Cassandre dès avant la Loi Mallié.
À qui le tour maintenant ?
Il sera bien sûr intéressant de se pencher sur les dérogations obtenues au dernier moment par les magasins frondeurs du week-end dernier. Dogmatisme contre sacro-saint pragmatisme, les gros mots sont en tout état de cause lâchés. Mais à l’approche des municipales, les deux camps n’ont plus l’air si irréductiblement opposés. Les plus récalcitrants semblent aujourd’hui comme davantage prêts aux exceptions. On a pourtant vu ce que cela donnait. Une exception dans le secteur de l’ameublement entraîne une exception dans celui de l’électroménager, puis un PUCE. Et ainsi de suite, jusqu’au secteur du bricolage aujourd’hui. À chaque fois qu’une condamnation est obtenue, les PUCE qui devaient être limités se renforcent, surtout depuis 2011. C’est justement vrai pour le bricolage.
Continuons à jouer les devins avec les Amis du dimanche. La prochaine étape ? L’inauguration dans dix-dept jours du centre commercial d’Aéroville. Ouvrira-t-il à son tour le dimanche ? Bien sûr ! C’est déjà annoncé sur le site dédié : du lundi au dimanche, de 10h à 20h. Le CAD en parlait dès 2008 ! H.B.
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Ci-dessous, très bonne chronique d’Alba Ventura… sauf la fin !
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“Travail le dimanche : les medias votent pour : et le droit au repos ?”