Ridlley Scott : “Les Dix commandements” en gros
Sonnée comme tant et tant par les événements tragiques de cette semaine, j’ai décidé samedi de voir Exodus de Ridley Scott. Une façon dérisoire sans doute de me sentir proche des victimes juives de l’Hyper Cacher dont nous venions d’apprendre la mort ignoble sur le sol français. Deux d’entre elles sont mortes pour avoir opposé une résistance au terroriste, nous apprennent journaux et radios, notamment le bouleversant témoignage de Sophie. Me voilà donc devant ce peplum d’un nouveau genre, fresque épique de la libération du peuple hébreu du joug des Égyptiens.
On est loin du mythique film de Cecil B. DeMil. Certes, une vision moderne et efficace revisite l’ensemble d’une époque vieille de plusieurs millénaires mais le mot « fanatique », par exemple, employé à plusieurs reprises pour désigner la foi des Hébreux, sonne décalé et faux. Certes, le choix de l’enfant messager pour relayer la voix de Dieu parlant à Moïse pouvait être une idée subtile mais l’on reste froissé de ce Dieu qui a besoin d’un ton colérique et de paroles comminatoires. Certes, Ridley Scott s’inspire des saintes Écritures mais la Bible est plusieurs fois malmenée, modifiée. La simplication moderne vire aux simplismes.
Le résultat reste cependant très impressionnant. Les plaies bénéficiant d’une mise en scène effrayante, violente, marquent. Rapides, resserrées, elles n’en restent pas moins le cœur attendu et fort du film. Le passage de la Mer rouge, expurgé de la Nuée – dommage ! – est bluffant avec sa folle course-poursuite des Égyptiens, avec son double renversement des soldats et des cavaliers. Regrettons encore que soit si rapidement traité le don des dix commandements de Dieu à son peuple, que soit si vite suggéré l’épisode du Veau d’or. Ce n’est visiblement pas la priorité du réalisateur que Dieu soit derrière tous ces antiques événements ! Pas de prêchi-prêcha. Il doit y avoir plutôt une explication scientifique. Sensible moment malgré tout que les paroles prononcées par les deux époux au soir des noces.
Du pur Ridley Scott où l’action et l’image priment sur la réflexion. Mais l’on sait ce que l’on va voir. Ne pas s’en étonner. Le cinéma américain s’affiche sans complexes sur ce sujet-là comme sur les autres ne s’emberlificotant pas de nuances ni d’exacte vérité. En gros, comme on dit… H.B.
***
Lire sur le site de L’École des Lettres “Exodus: Gods and Kings de ridley Scott”