Repos du dimanche en souvenir de la deuxième Création
« … Saint Thomas ajoute que les Juifs célèbrent le sabbat en souvenir de la première Création et les chrétiens le dimanche en souvenir de la deuxième Création qui eut son principe dans la résurrection du Christ, résurrection qui se fit en réalité le huitième jour, le jour du Messie pour les Juifs, aujourd’hui premier jour de la semaine pour les chrétiens. Depuis cet événement historique, le dimanche est le jour solennisé par les chrétiens.
Sanctifier le sabbat, réserver le septième jour en vue du service de Dieu – prière et louange –, est le troisième commandement selon saint Thomas d’Aquin. Commandement de la loi que Moïse a reçue de Dieu au mont Sinaï et que Dieu a donnée à son peuple. L’évangéliste saint Jean, abondamment commenté par saint Thomas, seul des douze à la Croix, celui qui courut plus vite que Pierre au tombeau le matin de la Résurrection, s’attarde sur le repos du Christ, le Sabbat du Christ au tombeau, « le grand sabbat » du Samedi Saint. Sabbat d’un silence substantiel, d’un vrai silence. Passivité du Christ, cadavre au sépulcre que le chrétien, dans un réalisme de la foi, est invité à vivre particulièrement dans la prière lors de ces heures précédant la fête de Pâques. Dans ce nouveau sabbat, « ce grand jour », il y a un nouveau repos, qui est celui de l’adoration en esprit et en vérité. Le repos du Sabbat, au cœur de la Loi, c’est vivre dans l’adoration du repos de Dieu. Dieu se repose de ses œuvres le septième jour, le Christ au tombeau se repose d’une autre œuvre, l’œuvre par excellence qu’est la Croix et qui aboutit à ce repos substantiel du Samedi Saint, au silence pour que nous entrions dans ce repos. Venu restaurer la création défigurée, réaliser une nouvelle création, re-création par la grâce sous le souffle de l’Esprit Saint, accomplissant ce que la Loi ne pouvait faire, le Christ commence tout, fait toutes choses nouvelles à partir de sa résurrection. Combien de fois les œuvres de miséricordes du Christ rapportées par les Évangiles n’avaient-elles pas d’ailleurs comme toile de fond cette mention : « Or, c’était le sabbat ce jour-là. » Déjà, pendant sa vie apostolique, le Seigneur s’était mis à l’œuvre ce jour-là, œuvrant comme le Père « œuvre ». Parce que le dimanche réalise le shabbat, il y a une perfection dans le repos du dimanche qu’il n’y a pas les autres jours, un achèvement de la Création, qui est recréation de l’homme. »
Extrait d’À Dieu, le dimanche !, Hélène Bodenez, Éditions grégoriennes, 2010, III, “Universalité du troisième commandement”, pp. 28-29.