Repos dominical : l’initiative PS, un syndrome Cahuzac ?
Serait-ce au tour du Parti socialiste de céder à la pression des grandes enseignes ? Les opposants au travail dominical s’interrogent sur une volte-face singulière, surpris par la pauvreté et l’hypocrisie des arguments de ceux qui veulent forcer l’ouverture le dimanche des magasins de bricolage en Île-de-France.
Dans une lettre à Michel Sapin, une poignée de députés PS écrivent : « Cela correspond au rythme de vie et aux habitudes des salariés des enseignes de bricolage concernées. »
Déjà pliée, l’affaire ? Pas impossible qu’à l’Élysée on pousse dans ce sens, comme le laissait déjà prévoir le ballon d’essai lancé par Anne Hidalgo il y a peu.
L’avocat de l’intersyndicale en charge du dossier, Me Lecourt, a vu le danger : « Le mot bricolage est interchangeable avec celui de vendeurs de vêtements, salariés de la réparation automobile, salariés du secteur de l’électroménager, du secteur de la chaussure. » Cela signifie, poursuit-il, que « si le gouvernement cède aux bricoleurs, il devra céder ensuite aux autres types de commerce puisque le même argument produira les mêmes effets ».
Quant à la pseudo-pression des militants du Collectif des bricoleurs du dimanche, parodiant le puissant Collectif des amis du dimanche, CBD contre CAD, l’avocat n’est pas dupe du tour de passe-passe. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à entendre les sons de cloche bien différents selon les quotidiens. Le Figaro annonce un millier de manifestants et une pétition de 200 000 signatures à l’actif du CBD, quand Le Monde découvre que ces manifestants étaient payés et sponsorisés par leurs employeurs.
Un syndrome Cahuzac ?
De son côté, Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC, a publié un communiqué de presse où il ne mâche pas ses mots, voyant dans cette offensive « un syndrome Cahuzac » :
« La CFTC Île-de-France s’étonne de la position prise par quelques parlementaires « socialistes » concernant l’ouverture de grandes surfaces le dimanche.
Pour la CFTC, un élu de la République doit d’abord exiger des puissances d’argent le respect de la loi.
Des délinquants économiques, restent des délinquants. Comment justifier auprès des petits trafiquants de banlieue qu’ils doivent respecter les lois de la république quand, à leur porte, des chaînes commerciales piétinent la loi et les décisions des tribunaux, pour un seul motif : faire de l’argent ? Ignorer les lois de la République quand on est un représentant de celle-ci, est-ce un syndrome Cahuzac ?
Pour la CFTC, le principe du repos dominical qui permet la vie familiale, personnelle, associative et spirituelle doit être respectée. Si des dérogations sont acceptables, un certain nombre de conditions doivent être au préalable réunies. Notamment une étude d’impact portant sur :
• L’équilibre vie professionnelle, vie familiale et personnelle
• L’emploi
• Le commerce de proximité
• L’aménagement du territoire
• Les conséquences écologiques
La CFTC s’étonne que les élus prennent des positions tranchées sur un sujet éminemment social, sans avoir recueilli l’avis des organisations syndicales.
Enfin la CFTC souhaite que soient accessibles le dimanche, des espaces de loisirs aujourd’hui fermés au public, comme des installations sportives inoccupées au sein des collèges et lycées franciliens. Cela ouvrirait des espaces non marchands pour des activités de lien social, tout en créant des emplois pour des étudiants. »
Addendum 23 mai 2013
Lu dans Libération : “Le ministre du Travail, Michel Sapin, a déclaré jeudi qu’il ne voulait pas «grignoter par petits morceaux le repos dominical» des salariés, en réponse à la demande de députés socialistes d’assouplir la législation sur l’ouverture des magasins le dimanche. «La situation est extrêmement complexe et la droite l’a rendue encore plus complexe», a observé Michel Sapin sur RTL à propos de la législation actuelle.”
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Et toujours le débat sur newsring : 4,2 K votes, 67% contre le travail le dimanche.