Quand deux Nicolas sortent du trou en même temps !
« Libérez Nicolas ! » Les lettres du slogan comminatoire voltigeaient désormais partout, dans la vie réelle comme sur la toile. Elles s’élevaient persistantes, des rassemblements de La Manif Pour Tous du 21 juin ou du dimanche 30 juin, des coucou aux ministres et au Président de la république, aux étapes joyeuses du Tour Pour Tous. Elles parcouraient toutes les villes grâce à l’intelligence des Veilleurs Debout. Mais de quel Nicolas était-il donc ici question ?
L’interrogation paraîtrait sans doute saugrenue si plusieurs témoignages n’allaient tous dans le même sens. De nombreuses personnes croyaient, jusqu’il y a peu, jusque dans des sphères élevées de l’État, que le Nicolas en question renvoyait à Nicolas Sarkozy ! À preuve, pour ne citer qu’un seul témoignage direct, cet homme le 30 juin m’invectivant Porte de Saint-Cloud. « Arrêtez de demander la libération de l’autr’ guignol ! » Je me retourne, et ne me laissant pas faire, l’enjoins de s’expliquer, de me dire de qui il parle. « Ben, de Nicolas Sarkozy ! » lance mon interlocuteur agité. Abasourdie, je rétorque sur le champ et rectifie. Notre mouvement est apolitique. Non, non ce Nicolas n’est pas l’ex-Président ! Il s’agit de Nicolas Bernard-Buss, d’un jeune de vingt-trois ans en taule, l’un des nôtres pour avoir manifesté et porté un sweat-shirt La Manif Pour Tous, dis-je employant de manière intentionnelle ce mot familier de « taule » espérant donner plus de force à ma réplique. Je décris alors les conditions indignes des premiers jours d’incarcération.
La tête de mon interlocuteur, il fallait la voir alors ! Je lui rappelle encore le laxisme récent concernant les casseurs du Trocadéro. « Je sais, me dit-il, je suis bien placé pour le savoir » ! L’agressivité de l’homme se muait subitement en incompréhension. Il avait changé de couleur ; tournant les talons après quelques secondes de saisissement, il s’en va alors bougonnant : « Vous êtes sûre ? Je vais aller vérifier tout de suite sur internet ! »
Quel traitement médiatique ?
Depuis, bien des témoignages ne sont parvenus allant tous dans le même sens mettant en cause bien sûr le traitement médiatique de cette injustice mise sous le boisseau quand l’affaire Clément Méric récoltait les choix idéologues des journalistes. L’hôte de l’Élysée lui-même avait-il bien connaissance de cette affaire qui secouait la France de manière énorme ? Pas sûr ! Manuel Valls connaît-il bien à ce jour le nombre exact des Veilleurs et des Veilleurs debout, conscience d’une résistance grandissante et non violente à la loi Taubira, à la PMA, à la GPA ? Sans doute pas comme nous le susurrent bien des retours de terrain, et tout ministre de l’Intérieur qu’il est. Mais à supposer que les hommes de l’ombre du Président aient décidé de trier et de taire des informations aussi sensibles, il reste que “la première” dame est journaliste de son état. La salariée de Paris Match méconnaissait-elle également ce que signifiait « Libérez Nicolas ! » ?
Le slogan « Libérez Nicolas ! » ne deviendrait-il pas dès lors métaphore ? La déconfiture actuelle de François Hollande, à l’aube d’un 14 juillet de tous les dangers, n’a-t-elle pas fait finalement ressentir l’absence de Nicolas Sarkozy auprès de nombreux Français comme un effacement injuste de la scène politique, une mise à l’écart problématique, comme une sanction de prisonnier symbole d’une opposition anormalement bâillonnée ? d’une balance des pouvoirs en danger ? Ironique semaine alors qui voit les deux Nicolas sortir du trou en même temps ! H.B.
Lire sur le site du Figaro l’éditorial (€) d’Yves Thréard “Enfin !”