Peillon en 2008 : “On a laissé le moral et le spirituel à l’Église”

Alors que se déroule à l’Assemblée nationale la discussion publique du projet de loi d’orientation et de programmation pour une refondation de l’école de la République, il est intéressant de voir que Vincent Peillon n’avance pas masqué et que tout ce que le ministre de l’éducation nationale fait actuellement a été annoncé. À preuve, cette vidéo au moment de la sortie de son livre La Révolution française n’est pas terminée. Mise en ligne par les éditions du Seuil le 8 octobre 2008. H.B.

(Curseur 2’16)

…« La réflexion – elle vient d’Edgar Quinet – est la suivante. La révolution française a échoué parce qu’on ne peut pas faire une révolution uniquement dans la matière. Il faut la faire dans les esprits. Or on a fait la révolution essentiellement politique mais pas la révolution morale et spirituelle. On a laissé le moral et le spirituel à l’Église catholique. Donc il faut remplacer ça. D’ailleurs, l’échec de 48 où l’Église catholique et les prêtres sont venus bénir les arbres de la Liberté des révolutionnaires, c’est la preuve qu’on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique. Comme on ne peut pas non plus acclimater le protestantisme en France comme on l’a fait dans d’autres démocraties, il faut inventer une religion républicaine. Cette religion républicaine qui doit accompagner la révolution matérielle, c’est la révolution spirituelle, c’est la laïcité. Et c’est pour ça d’ailleurs qu’on a pu parler au début du XXe siècle de foi laïque, de religion laïque et que la laïcité voulait être la création d’un esprit public, d’une morale laïque et donc l’adhésion à un certain nombre de valeurs. Et donc, je dis bien que ça n’est pas la foi religieuse, il faut bien le préciser, mais c’est un type de foi. Finalement la laïcité serait plus forte aujourd’hui si on ne la concevait pas de façon négative comme antireligieuse mais comme une véritable adhésion et une véritable spiritualité en elle-même ce qui était la conception de Jaurès ou de Buisson. »…