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Nom du parti socialiste : le changer au nom de la dérégulation

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Lors du Grand débat sur Radio Notre-Dame ce 24 octobre 2014, Victor Loupan et Patrice de Plunkett se sont livrés à un échange tonique sur les dessous que présuppose le changement possible de nom du Parti socialiste. 

Extraits

Victor Loupan

13:39

Quand Valls dit que changer le nom du parti socialiste est peut-être une bonne idée, en fait ce n’est pas que c’est une bonne idée… Ça jette la confusion. Les gens ne s’y retrouvent plus. Sur le contrat unique… Peut-être, peut-être qu’économiquement c’est justifié, je ne dis pas… peut-être… mais c’est tragique, comme disait Dostoïevski, pour les humiliés et les offensés que ça vienne du parti socialiste. Le parti socialiste doit défendre les acquis sociaux. C’est comme un chrétien qui doit croire à la Sainte-Trinité ! Les socialistes doivent défendre les acquis sociaux. Ils ne doivent pas les démanteler. Il faut laisser la droite démanteler les acquis sociaux. C’est comme les comiques qui jouent les rôles des tragédiens, les tragédiens qui jouent les rôles des comiques. Ça ne va pas. C’est le contre-emploi. Tragique sur le plan politique.

Patrice de Plunkett

15:30 – 16:32

Ce qui me frappe dans les déclarations de Valls c’est quand il se déclare ouvert à un nouveau parti qui serait de centre gauche. Il fait des clins d’œil aux centristes qui regardent ailleurs parce qu’ils n’ont aucune envie de s’allier avec lui vu l’état dans lequel il est. Il appelle cela un parti de tous les progressistes, de tous les partisans du progrès.

C’est quoi « le progrès » en 2014 ? Ça n’est plus rien. On sait ce que voulait dire le progrès il y a cinquante ans ou soixante ans, quand on croyait que l’Histoire avait un sens et que tout cela allait se réaliser. Le messianisme. Aujourd’hui, ça s’est complètement cassNelle-crise-annoncee.jpgé la figure.

Et ce qu’on appelle le progrès en gros, c’est ce qu’on appelle le libéral libertaire. Le libertaire c’est  quoi ? C’est ce qu’on appelle aussi le sociétal. C’est-à-dire les mœurs, c’est-à-dire l’enfumage pour faire oublier la casse sociale et l’angoisse. Et le libéral, c’est quoi ? Oh ! Ce n’est pas du tout les grandes théories économiques du XIXe. C’est l’alignement total sur la dérégulation au nom de la croissance. Le grand mot c’est : Il faut débloquer la croissance ! Comme si la protection sociale bloquait la croissance, comme si on attendait que la suppression de toute protection sociale pour que la croissance telle une radieuse déesse à poil sorte du puits et s’envole sous nos yeux ébahis et aux applaudissements de la foule. Mystification. Sans voir que la dérégulation est justement la cause première de la crise de 2008 et de la prochaine crise, celle que nos magazines annoncent cette semaine et qui sera, paraît-il, fatale.(cf. ci-contre la une du Point cette semaine).