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Moment de “vérité télévisuelle” hier à “Ce soir ou jamais”

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Hier soir, lors de l’émission tardive Ce soir ou jamais présentée par Frédéric Taddéi, Mathieu Burnel, un membre du groupe de Tarnac, soupçonné d’être l’auteur en 2007 de L’insurrection qui vient et d’À nos amis (éd. La Fabrique) en 2014, a fait vivre aux spectateurs un moment de télévision à part. Sujet du débat : les événements dramatiques de Sivens soldés par la mort du jeune Rémi Fraisse.

 

Répressions policières de 2013

 

Qu’on ne se méprenne pas alors que je donne audience à cette intervention qui ne vaut pas caution. Sans doute, n’aurais-je pas réagi de la même façon il y a encore deux ans, s’il n’y avait pas eu le débat sur le mariage entre personnes de même sexe, cette Loi Taubira que les Français ne voulaient pas et que certains idéologues éclairés ont imposée par la force. Après avoir nié 700 000 pétitions CESE et les millions de personnes dans la rue, accéléré le vote du Sénat en déplaçant la date, phagocyté honteusement les votes “contre” des ultra-marins, voté surtout à main levée, le pouvoir socialiste n’a pas non plus lésiné sur les méthodes d’étouffement des voix opposées à cette loi cassant de manière inouïe la filiation. La Manif Pour tous s’était toujours déclarée pacifique. Elle l’a toujours été. Mais l’on sait comment le 24 mars 2013, les forces de l’ordre ont agi ; l’on sait comment certains veilleurs, certaines sentinelles, des jeunes ont été traités, Nicolas Bernard-Buss mis en prison, comment la répression policière s’est déployée de manière inappropriée. Ce qui a d’ailleurs fait dire hier soir à Éric Zemmour – qui n’a toujours pas refermé le dossier – dans l’émission Ça se dispute face à Nicolas Domenach commentant Sivens, qu’il y avait « un problème Valls » (5:10). Rappelons au passage que deux rapporteurs du Conseil de l’Europe enquêtent sur ces répressions insensées.


Hier soir donc, Mathieu Burnel. Et que voit-on ? Qu’entend-on ? Un homme déterminé, dans une colère froide qui refuse le dialogue pipé, la cordialité surupeuse proposée par la jolie porte-parole du parti socialiste. Et de moucher vertement une Corinne Lepage en proportion d’une assurance dont on ne sait pas trop d’où elle la tire, une Corinne Lepage donneuse de leçons comme jamais sur le plateau.

 

« Il y a des gens qui essaient de prendre au sérieux, minimalement, la question de leur existence, la question des conditions matérielles de leur existence ; ces gens-là se retrouvent … dans les émeutes dont vous avez montré les images en vous gargarisant que ces gens étaient des sauvages. Mais qui sont ces gens ? Ces gens, ce sont vos enfants, vos neveux, ces gens-là c’est nous, c’est notre génération. Notre génération, elle trouve plus de sens … à trouver de nouvelles formes politiques qu’à croire une seule seconde, un quart de seconde, que Corinne Lepage, ou que le PS ou que je ne sais quels réacs vont nous sortir de là. »

Et Corinne Lepage aura beau de sa voix aiguë essayer de sottement se rattraper aux branches, de reprendre la parole, ou de couvrir celle de Mathieu Burnel en criaillant, risible marionnette plaquée sur du vivant, « Vous n’êtes pas sérieux », « Vous n’êtes pas sérieux », elle aura perdu ce soir-là, quant à elle, toute raison d’être prise au sérieux ! Les images parlent d’elles-mêmes. Puis ce fut au tour du philosophe Pascal Bruckner « qui ne croit qu’aucun désastre ne vient à l’horizon », d’être renvoyé en une phrase dans les cordes, sans ménagements ; dans une sorte de KO incroyable à la télévision, le voilà rhabillé pour l’hiver réduit à un auteur qui essaie de vendre de pauvres livres que « les gens lisent à la plage » ! D’un côté la vitalité, de l’autre des momies. Ce n’est pas moi qui le gazouille, c’est ce maudit libre twitter !

 

L’erreur

 

L’erreur ? Très vite, tous les invités se sont coalisés contre un Mathieu Burnel se défaisant d’emblée des termes d’anarchiste ou de radical dont tous l’avaient affublé, refusant les étiquettes sémantiques préparées de tenant d’une « lutte armée » ou d’opposant à un « état fasciste », augmentant ipso facto son capital sympathie qui en était pourtant, au début de l’émission, au degré zéro sinon en dessous du niveau de la mer ; l’ancienne ministre de l’environnement Corinne Lepage, le philosophe Pascal Bruckner, la secrétaire nationale du PS Juliette Méadel se sont gaussés comme en un vase clos puant, se renvoyant des petites phrases entendues ? Ils ne se rendaient alors pas compte de l’électon libre qu’ils avaient en face, comment les choses allaient donc basculer très vite, en cet instant précis !

 

Balancée sur twitter dans la foulée avec une autre vidéo de présentation de Matthieu Burnel, un coup de com‘ improvisée allait alors naître. Virale, la vidéo explose littéralement sur dailymotion (33 475 vues à l’heure où j’écris). Pour notre part, retenons juste cette phrase que les personnalités du plateau n’ont pas voulu entendre : « La sphère de la politique classique ne croit plus en rien, et c’est pour cela que plus personne ne croit plus en elle » (1:31). Quel aveuglement, au-delà de propos contestables, de ne pas vouloir entendre pareille vérité ! H.B.


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(Titre emprunté à twitter)