Michel Onfray à “On n’est pas couché” tel qu’en lui-même
Même si l’on ne partage pas toutes les idées de Michel Onfray, on s’incline devant la pertinence sans préjugés, la force de travail, l’honnêteté du philosophe se réclamant de gauche : plus de quatre-vingts livres à son actif, une université populaire créée en 2002 au lendemain de l’accession au deuxième tour des Présidentielles de Jean-Marie Le Pen. Invité hier soir sur la plateau d’On n’est pas couché, l’auteur du Traité d’athéologie a pourtant eu bien du mal à s’exprimer et à répondre aux questions de Léa Salamé et d’Aymeric Caron.
Pauvres dans leurs réparties et dans leurs savoirs culturels, les deux journalistes idéologues comme jamais n’ont en effet eu de cesse, dans une arrogance pénible, que de couper la parole à leur invité qui de son côté avait l’air d’accepter leur règle du jeu pipé. Mais enfin, tranquillement, il regimbe : “Vous me coupez partout, alors évidemment vous ne pouvez pas me suivre” rétorque-t-il soudain à Caron qui recule net devant l’offensive. C’est dans la dernière minute d’émission que Michel Onfray dans une brillante envolée l’emporte et par K.O. face à une Léa Salamé méprisante avec son élégant “Ah ouais !”. Michel Onfray “rafale” alors. Et ses mots-mitraillette vont faire mal. Qui s’y frotte s’y pique ! H.B.
“Depuis 1983, la gauche a cessé d’être de gauche parce qu’elle s’est ralliée au libéralisme. C’est-à-dire que c’est Mitterrand et toute la bande qui a considéré que le héros c’était Bernard Tapie… Quand la gauche vend une télévision à l’époque, elle la vend à qui ? À Berlusconi ! C’est la gauche qui fait ça. C’est Jack Lang. Donc, j’estime que quand le libéralisme a commencé à faire la loi, il a fait la loi partout. Dans le cinéma, vous le savez bien. Mais aussi dans les productions culturelles, à l’hôpital, dans les écoles, dans la presse etc. C’est le fric qui fait la loi. Dans un monde où effectivement vous n’existez pas si vous n’avez pas, je comprends que des gamins de banlieue qui soient complètement perdus parce qu’on est quand on a, quand ils n’ont rien effectivement ils ont besoin d’autre chose.
Et ils ont besoin d’une spiritualité, vous avez raison, et cette spiritualité, ils vont la prendre là où on la leur offre, ça me paraît évident si la spiritualité est musulmane avec des imams qui proposent un supplément d’âme qu’on ne leur a pas donné à ces enfants, à ces gamins, ou à ces adolescents perdus …
Donc la troisième réponse, c’est politique étrangère, politique d’éducation, politique antilibérale qui permettrait qu’à l’école justement, si le marché ne faisait pas la loi, on ait des enseignants, on ait des pédagogues, qui soient bien payés, respectés, où un certain type d’autorité pourrait permettre à des enseignants de faire passer un certain message où on arrêterait l’espèce de pédagogisme aujourd’hui (applaudissements nourris), qui permettrait de faire communauté. Ces gens qui ne veulent pas de la communauté c’est parce que nous ne leur avons pas rendu désirable la communauté.”