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Madame la professeure ? Faute !

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  Sur l’enveloppe invitant les professeurs à la cérémonie de remise des prix au concours général 2012, la mention de  « Madame la professeure » n’a pas manqué de choquer ceux dont l’amour du français est le cœur de métier. Mais que dire ? Le courrier ne venait-il pas des services les plus autorisés ? Comme par enchantement, un hebdomadaire vient cependant répondre à leur étonnement, ose rectifier et affirmer qu’il y a une instance compétente pour statuer sur la féminisation des noms de métier. Et cette instance, apprenons-nous, n’est pas politique. Lisons ce qu’écrit à ce propos Marie Chazelas dans une note intitulée « Le français maltraité » pour Valeurs actuelles (5 juillet 2012, p. 81). H.B.

Ce n’est pas parce qu’il y a aujourd’hui dix-neuf dames ministres que la langue française doit être soumise au caprice des gouvernants… En effet, Lionel Jospin avait cru bon de prendre un décret sur la féminisation des noms de métier ou de fonction. Mais il avait oublié qu’aucun texte de loi n’autorise le gouvernement à légiférer sur la langue ; en outre, les personnes par qui il a fait rédiger ce décret n’avaient pas la moindre connaissance des mécanismes de la langue française. Les noms désignant des fonctions sont des mots neutres ayant, comme la plupart des mots neutres, la forme du masculin (ou genre non marqué) et pas de forme féminine. Si bien que M. Jospin a décrété que les mots en « eur » auraient tous un féminin en « eure », alors que le féminin des mots en « eure se forme habituellement en « euse » (habilleur-habilleuse, laveur-euse), parfois en « eresse » ou en « oresse » : docteur-doctoresse, défendeur-défenderesse. Les organes de presse n’ont donc pas à se soumettre à cet oukase et il est regrettable que des articles soient parsemés de « professeure », « auteure », et autres « procureure ». L’Académie française, seule compétente, l’a bien précisé : « Les termes chercheure, professeure, auteure, par exemple, ne sont aucunement justifiés linguistiquement car les masculins eneur font, en français, leur féminin eneuse ou entrice (les rares exceptions comme prieure ou supérieure proviennent de comparatifs latins dont les formes féminines et masculines sont semblables. »

Lire également l’excellente chronique de Luc Ferry “Vive le français populaire !” (Le Figaro papier du 19 juillet, Mon Figaro en ligne) où l’ancien ministre, après des exemples truculents, stigmatise à son tour “les fautes contre le génie de la langue”.