Par

Lundi de Pentecôte travaillé : J.Thouvenel écrit à Michel Sapin

cal.pngjthouvenel.png

  Partout en Europe, les jours fériés sont dans l’œil du cyclone. Dernièrement, c’est le Portugal qui, en accord avec le Saint-Siège, vient de perdre et la Fête-Dieu et la Toussaint ! La faute à la crise croit-on ! Pas de panique, ce ne serait que transitoire, seulement pour cinq ans, promet-on encore. Promesse que personne ne croit évidemment… La Croix rapporte d’ailleurs le scepticisme du patriarche de Lisbonne : « Ces suppressions peuvent signifier une relativisation progressive de la présence visible de l’Église dans la société ». Le cardinal Policarpo n’a pas manqué de rappeler « la différence, tout au long des discussions avec le gouvernement, entre “jour de congé” et “jour de vacances”. « Un congé n’est pas un jour de vacances, c’est la célébration d’une dimension de mémoire, des dates, d’un aspect très important pour l’identité et la culture du peuple portugais. »

  En France comme dans le monde entier, les chrétiens vivent actuellement le temps du Cénacle, ces neuf jours du temps pascal qui séparent l’Ascension de la Pentecôte, Pentecôte qui comme Pâques a encore en France une trace de son ancienne octave avec son lundi de Pentecôte férié. Jour de grâce, celle de la fête se prolongeant au-delà du jour de fête même.

  Souvenons-nous : la mobilisation pour le maintien du lundi de Pentecôte comme jour férié avait été énorme dans notre pays. C’était en 2005. À quelques jours du lundi de Pentecôte 2012, le 28 mai prochain, Joseph Thouvenel, Vice-Président de la CFTC, tient plus que jamais la position et écrit au ministre du travail, Michel Sapin. H.B.

 

Monsieur le Ministre,  

Suite au drame de la canicule en 2003, le gouvernement de l’époque a, sans concertation avec les différents acteurs concernés, décidé d’imposer aux salariés un jour de travail supplémentaire non payé.  

 

La CFTC dès l’origine a réaffirmé qu’elle n’était pas contre le principe de solidarité nationale pour la prise en charge des personnes dépendantes. Nous avons dans le même temps indiqué notre opposition totale à une mesure injuste vis-à-vis des salariés et de leurs familles. Obliger des salariés à travailler sans contrepartie de rémunération porte un nom dans notre pays, c’est la corvée, ce travail gratuit que les serfs devaient au seigneur. La mesure autoritaire dite « journée de solidarité » s’est concrètement traduite par des aberrations économiques et sociales.  

 

Pour n’en citer que deux : 

– Quel sens y-a-t-il à obliger des salariés qui sont régulièrement au chômage technique à travailler une journée de plus, comme dans le secteur automobile par exemple ?  

– Est-il équitable qu’une caissière de supermarché doive offrir une journée de travail à son entreprise, alors qu’un cheminot est censé travailler 1mn 52 de plus par jour pour s’acquitter de sa journée dite « de solidarité » ?

 

C’est à juste titre que  M. François HOLLANDE, quand il était député, nous avait fait connaître son opposition à cette mauvaise loi, tout comme M. Jean-Marc AYRAULT qui déclarait estimer « qu’il s’agit du parfait exemple de la fausse bonne idée ». La CFTC qui, avec le Collectif des Amis du Lundi, a réuni plus de 150 000 signataires contre la journée dite de solidarité, vous demande de bien vouloir prendre rapidement les dispositions nécessaires, en vue de mettre fin à l’obligation pour un salarié de travailler sans être payé.

 

Nous sommes sûrs, Monsieur le Ministre, que vous partagez, avec nous, le souci d’un traitement équitable des salariés, et ce, quel que soit leur métier et leur entreprise. Si un effort doit être fait pour la prise en charge des personnes dépendantes, celui-ci doit être justement réparti au sein de la collectivité nationale. Pour la CFTC, cette mesure de justice n’est pas contradictoire avec le maintien du prélèvement mensuel de 0,3 % sur les salaires via la  « contribution solidarité autonome ». 

 

En l’attente de votre réponse et en restant à votre entière disposition pour vous apporter tout éclaircissement ou précision sur ce dossier, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, mes meilleures salutations.

 

Joseph THOUVENEL

Vice-président CFTC