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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes du 16 février 2015 – Repos dominical : triste fin de partie ? (À 03:51 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute).

Repos dominical : triste fin de partie…

Louis Daufresne : Et du côté de l’Assemblée nationale. Le repos dominical. Triste fin de partie, estime Hélène Bodenez du blog Raison garder qui est avec nous. Alors, c’est la fin de discussion pour la Loi Macron.

Hélène Bodenez : Alors, elle va être votée normalement demain. Les points problématiques ont tous été votés Suppression des quelques PUCE et création de nombreuses Zones commerciales ; création des Zones Internationales touristiques soit les rues des magasins de luxe de Paris, emprises des gares les plus fréquentées en France… Voilà c’est fait. À toute opposition le ministre a répété en boucle qu’il faisait mieux que ses prédécesseurs ponctuant son discours de la ritournelle « Pas d’accord, pas d’ouverture ».

 

L.D. : Et les frondeurs ?

H.B. : Les frondeurs ? ça  été un peu mou. Contrairement à 2009, 2015 n’a pas vu de débat épique. Et pour cause : les principaux opposants d’hier sont les tenants du travail le dimanche aujourd’hui. Le retournement de veste a été spectaculaire. Quelques irréductibles ont bien fait avancer leurs justes arguments comme le député de Paris Pascal Cherki vibrant dans sa demande de compensations des salariés des boutiques de joaillerie de la Place Vendôme. Cherki cinglant :  « Vous parlez à qui M. Le Ministre ? À Sephora, aux Galeries-Lafayette, à LVMH… ». Un peu de remous. Comme Mme Fraysse très combattive. Comme Sandrine Mazetier, grave, ayant beau présenter des amendements mais toujours amenée à les retirer, ce qu’elle faisait. Comme Benoît Hamon ne s’en laissant pas conter mais perdant de la force à vouloir dans ses interventions saluer les avancées de son camp par rapport à la Loi Mallié.

 

L.D. : Alors des combats à droite également ?

H.B. : L.D.: Je retiens outre l’engagement de Jean-Frédéric Poisson, l’intervention de Marc Le fur, député des Côtes d’Armor : « Il me semble que nous sommes sur le point d’enclencher un processus qui aura des conséquences considérables sur notre société. Je sais bien, monsieur le ministre, que vous n’êtes pas sensible à ce registre : vos arguments sont souvent comptables, quand je me soucie d’abord de notre société. Je considère que le dimanche n’est pas un jour comme les autres, car c’est le jour de la rencontre. La rencontre spirituelle, d’abord, j’ose le dire : c’est bien ainsi que cela a commencé ! C’est aussi le jour de la rencontre sociale, et familiale. » Le député annonce que la vie des familles loin d’être simplifiée n’en sera que plus compliquée.

 

L.D. : C’est un processus inéluctable quand même apparemment, Hélène Bodenez ?

H.B. : Depuis que les magasins de meubles sont autorisés à ouvrir, le cheval de Troie fait son œuvre. Pourquoi un secteur et pas un autre ? Pire, désormais pourquoi pas toute une zone géographique ouverte et pas une autre ? Le dimanche bradé en jour comme un autre, c’est donc demain. L’extension voulue amènera toujours plus d’extension diluant jusqu’à le perdre le principe. Mardi prochain la loi Macron va sans doute trouver ses lâches pour solder à bas prix le noyau historique d’un modèle social et culturel. Demain Mardi Gras, journée du carnaval, jour du monde inversé. À gauche, on n’a pas eu peur de se parjurer. À droite, ce n’est pas un mince paradoxe de voir le député Frédéric Lefebvre appeler dans le même temps à signer une pétition pour la sauvegarde de nos clochers et être le premier à voter la mort du repos dominical ! L’incohérence des « Occidentaux fanatiques du confort et du supermarché » pour reprendre l’expression de Fabrice Hadjaj citant Philippe Murray s’avère décidément crasse.