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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Le blog-notes de Radio Notre Dame

Le blog-notes du 2 février 2015 – Quelle liberté sous les socialistes ? (À 03:38 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute)

 Louis Daufresne : À mi-chemin de la mandature de François Hollande, peut-on essayer de voir le loup – c’est vous qui le dites – qui se cache derrière l’innocence affichée du pouvoir en place. Ces innocents  ne mettent-ils pas la liberté en danger ? C’est votre réflexion ce matin.

H.B. : Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Emmanuel Macron qui a prononcé ces expressions cette semaine. Alors, tout est parti dans la réflexion que je voudrais mener ce matin, de l’incident à Audincourt. Manuel Valls ayant dû subir et une coupure d’électricité et le mécontentement des notaires a fait une déclaration sur un mode inquiétant. Il crie, se fâche tout rouge : « Jamais, je ne me laisserai impressionner par des manifestations ». Le journaliste qui commente parle alors du ton « ferme » du premier ministre. Il n’en est rien. On est sur un mode tyrannique.

 L.D. : Ce n’est pas un peu excessif ? Le pouvoir n’écoute pas ou fait semblant d’écouter le peuple ?

H.B. : Jamais il n’y a eu autant de monde dans la rue, jamais pourtant le pouvoir n’en aura autant fait qu’à sa tête. On a appris par exemple cette semaine que Jacques Toubon a admis que les droits des manifestants avaient été bel et bien bafoués lors des géantes manifestations contre la loi du Mariage pour tous. Le défenseur des droits conclut qu’il n’était «pas opportun» de retirer son drapeau à la plaignante, encore moins justifié de vérifier ses papiers d’identité. «En France, la liberté d’expression est de rang constitutionnel», insiste-t-il. «L’interdiction de détenir des banderoles» et la consigne de «détecter et évincer toute personne paraissant suspecte ou semblant ne pas jouir de toutes ses facultés mentales» ne sont «pas conformes au droit».

 L.D. : À quoi faites-vous allusion ? 

H.B. : Regardez sous quels motifs on fait passer la loi sur le travail le dimanche. Manuel Valls fait même comme si elle était déjà votée quand il invite les Chinois à venir en France leur promettant de pouvoir visiter Versailles le samedi et de faire leurs courses le dimanche. Emmanuel Macron annonce de nouveaux droits, promet une nouvelle liberté ? Non, il accapare cyniquement les enjeux du dimanche chômé, jour de liberté pour tous. Douze dimanches travaillés par an, c’est faire main basse sur trois mois de repos dominical.

L.D. : D’autres sujets sont concernés ?

H.B. : En arrière fond cette semaine, la proposition de loi Massonneau sur le suicide assisté a été renvoyée en commission. Dépitée, Mme Massonneau a promis de revenir lors de la loi Clays-Léonnetti avec des amendements qu’il ne faut pas sous-estimer. La sédation terminale pourrait bien céder la place à une méthode plus radicale. Marisol Touraine a laissé planer un doute lourd et je n’oublie pas, comme le député Breton l’a dit que Manuel Valls a fait un « clin d‘œil » en direction de l’ADMD. Foin des rassemblements dans toute la France de l’association « Soulager mais pas tuer » !

L.D. : Dernier point sur le secret des affaires…

H.B. : Il est à lui seul emblématique de cette liberté qu’on assassine. Un petit nombre d’initiés décide de tout se jouant, dans l’ombre, de la nation. Symbolique à cet égard, le profil de Manuel Valls qui tenait à cet amendement – retiré alors qu’il est en Chine, se dessinant dans l’obscurité à Audincourt : menaçant et fermé.