Le blog-notes de Radio Notre-Dame
Le blog-notes du 26 janvier 2015 – Le repos dominical lâché par les chrétiens ? (À 04:10 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute)
Louis Daufresne : Aujourd’hui, c’est le projet de Loi Macron qui arrive à l’Assemblée nationale, ayant passé l’épreuve de la Commission des Lois sans « modifications majeures »,. On voudrait faire accepter ce qui pour vous est un cheval de Troie, les douze dimanches ouverts par an…
H.B. : Oui, Louis… Qu’Emmanuel Macron, cinglant en Commission des Lois avec le député des Hautes-Alpes Karine Berger qui osait revoir à la baisse le nombre de dimanches autorisant l’ouverture des commerces, avait déjà de quoi choquer. Le ministre a trouvé que son sous-amendement était « orthogonal au projet de loi », sous-amendement demandant sept dimanches et non douze. Rien de plus normal pourtant, dans le jeu de la discussion parlementaire pour des opposants au travail dominical, d’essayer de diminuer ce nombre. Un dimanche par mois, c’est énorme. Mais que j’entende cette phrase, prononcée par Bertrand Macabéo Vice-président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) “Ce que nous pensons quand même, c’est que douze dimanches par an, c’est moins d’un dimanche sur quatre, ça reste raisonnable…” Alors son d’ordre donc c’est ? “Il faut savoir s’adapter…” Je trouve cela pitoyable. Le collectif des Amis du dimanche, Jean Dionnot, Étienne Neuville et moi-même sur le pont depuis 2008 avons très très mal pris la chose.
L.D. : Un peu seuls pour défendre le dimanche aujourd’hui ?
Heureusement, il y a eu François Asselin dans l’émission Face aux chrétiens jeudi dernier. Le nouveau patron de la CPGME ne s’en est pas laissé conter. Ouvrir le dimanche ? Que répond-il ? “Sur les zones ultra-touristiques… et encore !”. J’ai aimé ce « et encore » ! Il est persuadé comme nous que la logique des grandes enseignes s’appliquera, celle des gros qui mangent les petits. “Trouver une étude économique prouvant que c’est un progrès… c’est extrêmement compliqué” continue-t-il, ce que nous ne cessons de dire. Le patron des petits patrons plaide pour qu’on ne touche pas aux “spécificités précieuses” de la France.
L.D. : Ouvrir douze dimanches, c’est finalement accepter la généralisation de l’ouverture à moyen terme, c’est ce que vous pensez ?
H.B. : Oui naturellement. Le député Jean-Louis Roumegas (Groupe Ecolo) a, lors de la Commission des Lois, plusieurs fois dit son opposition à la Loi Macron et notamment aux articles concernant le travail le dimanche. Le dimanche 18 janvier, le député de l’Hérault a vu, dans l’article 74 dont il demandait la suppression, un article lourd de menaces, l’article le plus dangereux et porteur de “très grande banalisation”, de la généralisation du travail le dimanche. C’est à propos des ZT, ZC, ZTI (incluant d’ailleurs les gares) remplaçant les PUCE au doublement de salaire de la Loi Mallié. Il a qualifié la Loi Macron de “projet néfaste”, de “recul pour les salariés de ce pays”.
Je vois pourtant venir un large consensus à gauche et à droite sur cet article. Les frondeurs sont phagocytés, petit doigt sur la couture du pantalon, les chrétiens ne voient même pas où est le problème, on exige une bataille dépassionnée dans une union nationale instrumentalisée… L’horizon est sombre. Reste encore la surprise d’une Assemblée qui a perdu hier sa majorité… Alors, espérons… H.B.