Le blog-notes de radio Notre-Dame
Le blog-notes du 12 janvier 2015 – Le rejet du sacré fait le lit de l’islamisation (À 03:20 sur le site de Radio Notre-Dame en réécoute).
L.D. : Évidemment ce matin, on va s’intéresser de nouveau à ce qui s’est passé hier dans les rues de Paris. C’est le refus du sacré qui fait le lit de l’islamisation. C’est ce que vous écrivez sur votre blog. Comment avez-vous vécu ces derniers jours tragiques ?
H.B. Les mots d’ordre des réseaux sociaux, les équivoques dont vient de parler Gérard Leclerc, ne me plaisaient pas complètement. Sur mon compte twitter j’ai donc inséré à ma photo de profil le drapeau français entouré d’un lien noir et ai créé le hashtag #JeSuisDrapeauEnBerne. Je n’ai pas marché Place de la République même si je m’incline devant la bonne volonté de ceux qui ont voulu participer à ce rassemblement d’Union sacrée et d’hommages à nos morts. Mais pour moi, concernant les politiques, on n’était pas loin d’un bal des hypocrites. J’ai, bien entendu, dirigé la minute de silence dans la classe de première où je faisais cours alors. J’ai en classes préparatoires projeté un extrait de La Grande Librairie qui recevait Salman Rushdie en novembre 2012. Les étudiants ont pu ainsi comprendre le lien entre représentations interdites du Prophète, blasphème et fatwa.
Qu’est-ce vous reprochez à ceux que vous appelez « hypocrites » ?
Que ce massacre ait pu être perpétré. Salman Rusdie précisément, ce wanted d’Al-Quaïda-Yemen encore aujourd’hui, dont la mise à prix est passée de 1 million de dollars à 3,3 millions de dollars, est aujourd’hui toujours vivant depuis 26 ans. On savait que les Charlie Hebdo étaient en danger, je ne comprends pas comment on a pu alléger leur protection. Le premier ministre parle de « failles » dans la protection. Ce sont des crevasses ! Je suis d’autre part très très en colère du massacre dans l’Hyper Cacher. Voilà des gens un vendredi après-midi – préparaient-ils le shabbat ? – pris en otages pour la seule raison qu’ils sont juifs ! Cela en France, en 2015 ? La semaine même où les chaînes d’information avaient relayé le départ de cinq mille juifs de France ? Le grand rabbin de France l’a dit dimanche matin à Itélé « Je voudrais qu’on puisse dire Heureux comme un juif en France » mais critiquant l’indifférence à l’égard de leurs craintes devant la recrudescence d’actes antisémites, Haïm Korsia conclut « Nous n’étions pas paranoïaques ».
Quelles propositions feriez-vous ?
Dans la mission d’éducation qui est la mienne, je voudrais inviter à relire la conférence de Benoît XVI à Ratisbonne, si bien reçue à l’étranger mais qui avait fait polémique en France. Le pape en 2006 avait réfléchi aux liens entre religion et violence, entre islam et raison. « Dieu n’apprécie pas le sang. Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu ». Une certaine France des Lumières qui se veut incompatible avec une quelconque foi religieuse n’aura pas le bon moyen de répondre au terrorisme des jeunes djihadistes. Je voudrais qu’on ne refuse pas une raison ample, une raison capable de penser Dieu. Houellebecq l’a dit le matin de l’attentat de Charlie Hebdo sur France Inter : « Aujourd’hui, on ne supporte plus de ne pas croire en Dieu ». Si notre laïcité était plus ouverte, si elle n’irrationalisait pas Dieu, elle pourrait tranquillement inviter le monde musulman à mettre plus de raison dans l’expression de sa foi et à accepter une critique extérieure. H.B.
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Relire le Discours de Benoît XVI à Ratisbonne, 12 septembre 2006.
Relire l’encyclique Foi et raison de Jean-Paul II, 14 septembre 1998.