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Le blog-notes de Radio Notre-Dame

Radio Notre-Dame

Le blog-notes du 27 octobre 2014 La Toussaint, encore un jour férié ?

Les réécoutes et les podcasts dysfonctionnent sur radio Notre-Dame depuis deux semaines. Mon intervention complète ci-dessous par écrit.

L.D. La tentation de s’affranchir du temps, c’est à lire demain dans les pages de La Croix. Et l’on ne va pas s’affranchir du temps, du temps liturgique, celui de la Toussaint, grand temps liturgique de la fin de la semaine, avec Hélène Bodenez, du blog Raison garder. Samedi prochain, c’est la Toussaint, l’un de nos onze jours fériés, en péril dites-vous, dans une Europe qui voudrait liquider les fêtes chrétiennes.

H.B. Oui c’est fait, au Portugal par exemple. La source, c’est tout de même religieux. Fête dite d’obligation pour les catholiques, avec Noël, l’Ascension, et l’Assomption, la Toussaint a irrigué le tissu social d’une dimension très particulière jusqu’à ces dernières années pour se réduire désormais à la seule commémoration des morts dont on fleurit les tombes. Mais c’est tellement plus que cela la Toussaint.

Jean-Paul II dont nous venons de fêter pour la première fois ce 22 octobre la fête liturgique nous le rappelait sans cesse, nous rappelait à notre vocation ordinaire, universelle, celle de la sainteté.

Alors c’est un cortège de bienheureux…

Un cortège de bienheureux, « Église des premiers-nés [qui] nous attend, des saints [qui] nous désirent, des justes [qui] nous espèrent » (st Bernard). Une foule vivant de la « vision béatifique », vivant du mystère de la famille de Dieu. Toussaint « Fête de tous les Saints », fête où Dieu le Père fait vivre éternellement de ce qu’Il est. Ce qui est donné au Ciel, c’est de vivre du bonheur même de Dieu, d’être admis à la table de Dieu éternellement.

La Toussaint nous rappelle que le gouvernement de Dieu n’est pas un gouvernement aristocratique, pas davantage démocratique. C’est le gouvernement d’un père qui veut donner à ses enfants tout ce qu’il a en héritage : la plénitude de sa charité.

La Toussaint, vous dites qu’elle oriente donc notre regard vers l’horizon ultime. Vous estimez qu’aujourd’hui elle est en danger.

Oui, elle est en danger car au fond lorsque des préoccupations marchandes veulent faire ouvrir les magasins ce jour-là, elles participent d’un effacement tragique, celui de détourner l’homme de ce pour quoi il est fait. Quand des préoccupations matérialistes occupent toujours plus l’homme, que la fatigue du corps et les tensions l’usent, qu’il n’y a plus de possibilité de pause spirituelle, quel dernier jour l’homme se prépare donc-t-il ?

La Toussaint, communion avec ceux qui vivent le dimanche qui n’aura pas de fin, se dresse plus essentielle que jamais devant nous, Modernes oublieux de nos fins dernières. La France malmène son temps social. La France vend son dimanche après avoir tenté d’avorter de son lundi de Pentecôte. Et la Toussaint fête de l’espérance chrétienne, de l’approche humaine du deuil, continuera-t-elle d’être fériée ? La Toussaint s’inscrit dans « ce temps essentiel rythmé par le dimanche et les fêtes, temps historique qui avance vers les Noces de Dieu et du monde, de l’histoire et de l’univers, de la matière et de l’Esprit » comme le disait le cardinal Ratzinger.