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L’espérance pour tous du Noël chrétien

 

Crèche Syrienne Saint-Omer

Nativité d’inspiration syrienne, Cathédrale de Saint-Omer (62).

Hodie Christus natus est ! Aujourd’hui le Christ nous est né !

Que fête-t-on à Noël ? Pourrait-on en vérité ne pas le savoir en 2012 ? Peut-être bien. Si poser la question ne saurait relever d’une suffisance méprisante, ni d’une nostalgie amère, un constat d’évidence s’impose pourtant, celui d’une déchristianisation très entamée, visible à Noël justement.

 

Crèches à l’Index pour cause de moderno-incompatibilité, vitrines fêtant l’hiver et le froid polaire avec force flocons de neige et ours blancs, comme celles du Bon Marché à Paris et leur « Envol enchanté de Noël » qui mettent à l’honneur toits enneigés, cages dorées et étranges oiseaux blancs. Emblématique de l’air du temps, l’enseigne n’a-t-elle pas également paganisé sans vergogne la fonction du calendrier de l’Avent à des fins mercantiles ? Le grand magasin de la Rive gauche n’a pas davantage hésité à colorer Noël de l’atmosphère des fameuses « fêtes de fin d’année » anticipant avec le noir et l’or présidant aux réveillons. Exit donc les couleurs par trop chatoyantes. Même saint Nicolas déguisé en père Noël tout de rouge coca-cola vêtu a du plomb dans l’aile. Sur les murs du métro, les affiches s’étalent sans lui : un enfant riche se balance mollement sur son cheval à bascule devant une cheminée floue. Il ne reste donc rien de Noël dans l’espace public et de ses symboles millénaires. Rien. Alliés, une consommation vulgaire et un laïcisme bête ont tout englouti  : ils ont bien manœuvré, commençant méthodiquement par le dimanche et son jour chômé de liberté vraie.

 

Reste encore, en cherchant bien quelque sens dans cet arsenal de décorations dévoyées, l’étoile, celle que les Rois mages ont vu se lever et suivi jusqu’à Bethléem, l’étoile et sa lumière qui brille dans les ténèbres. Notre génération moderne accepterait donc encore la lumière mais ne saurait chercher longtemps à s’interroger sur sa source.

 

Reste peut-être le Noël, fête de l’enfance…  Mais jamais une année n’aura pourtant autant malmené les droits de l’enfant en échafaudant un projet de loi qui les nie purement et simplement.

 

Reste sans doute Noël, fête de la paix. Mais à quelle paix nos contemporains aspirent-ils ? Est-ce bien la paix d’un Noël proprement chrétien qu’on appelle de ses vœux pour tous ses proches et tous ses amis, paix que je souhaite de tout cœur à tous les lecteurs de ce blog ? Celle que chantent les anges en cette nuit sacrée ? « Mais qu’ont chanté les anges selon le récit de saint Luc ? s’interroge Benoît XVI dans son livre L’enfance de Jésus (Flammarion). Laissons donc au pape pour finir les mots de l’espérance de Noël qui ne vieillit pas :

 

« Ils unissent la gloire de Dieu « au plus haut des cieux » à la paix des hommes « sur la terre ». L’Église a repris ces paroles et en a composé tout un hymne. Dans les détails, cependant, la traduction des paroles de l’ange est controversée.

Le texte latin qui nous est familier était rendu ainsi jusqu’à un temps récent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Cette traduction est refusée par les exégètes modernes – non sans de bonnes raisons – comme unilatéralement moralisante. La « gloire de Dieu » n’est pas une chose que les hommes peuvent produire (« Que soit gloire à Dieu »). La « gloire » de Dieu existe, Dieu est glorieux, et c’est vraiment un motif de joie : la vérité existe, le bien existe, la beauté existe. Ces réalités sont – en Dieu – de façon indestructible.

Plus importante est la différence dans la traduction de la seconde partie des paroles de l’ange. Ce qui, jusqu’à il y a peu de temps, était rendu par « hommes de bonne volonté » est exprimé maintenant dans la traduction de la Conférence épiscopale allemande par : « Menschen seiner Gnade » – « hommes de sa grâce ». Dans la traduction de la Conférence épiscopale italienne  on parle d’« hommes qu’il aime ». Alors, on peut s’interroger : quels sont les hommes que Dieu aime ? Y en a-t-il aussi que Dieu n’aime pas ? Est-ce qu’Il ne les aime pas tous comme ses créatures ? Que veut donc dire l’ajout : « que Dieu aime » ? On peut aussi se poser une question similaire devant la traduction allemande. Qui sont les « hommes de sa grâce ? » Existe-t-il des personnes qui ne sont pas dans sa grâce ? Et si oui pour quelle raison ? La traduction littérale du texte original grec donne : paix aux « hommes de [sa] bienveillance ». Ici aussi demeure naturellement la question : quels hommes sont dans la bienveillance de Dieu ? Et pourquoi ?

Eh bien, pour la compréhension de ce problème, nous trouvons une aide dans le Nouveau Testament. Dans le récit du baptême de Jésus, Luc nous raconte que, alors que Jésus était en prière, le ciel s’ouvrit et vint du ciel une voix qui disait : « Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis ma bienveillance » (3,22). L’homme de la bienveillance c’est Jésus. Il l’est parce que totalement tourné vers le Père, il vit en regardant vers lui et en communion de volonté avec lui. Les personnes de la bienveillance sont donc des personnes qui ont l’attitude du Fils – des personnes conformes au Christ. » (pp. 107-108)