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Il n’y a pas de petites questions de société

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Le leitmotiv plane, s’en va et s’en revient, enfle : les Français auraient besoin qu’on leur parle de ce qui les intéresse vraiment, de leur pouvoir d’achat, de la création de richesse en France, de la résorption de la dette, du chômage. Pour illustrer cela : il y faudrait toujours plus de chiffres, beaucoup de chiffres. D’où l’arrogance d’ailleurs de certains journalistes prêts à mentir vis-à-vis des petits candidats qui n’auraient pas soi-disant de programme chiffré, petits candidats qu’on n’aurait pas besoin de respecter. Gare !

 

Le corollaire surgit aussitôt : les autres questions non économiques, dites de société, seraient de « petites » questions et ne devraient pas tenir le haut du pavé ; pas loin même d’être hors-sujet ces questions de société ! Tenez-le vous pour dit ! et avec le petit sourire en coin qui vous fait comprendre que vous n’avez sans doute pas bien compris les enjeux de la campagne électorale ! Que vaut l’affaire du mariage des personnes homosexuelles au regard de la dette qui nous prépare un tsunami ? Que valent les arguments de celle qui défend le repos dominical contre vents et marées quand des chrétiens bon teint eux-mêmes, au nom du vote utile, traitent ce sujet essentiel de « petite question » ? Que pèse l’affaire de la viande halal à côté des oukases des grands médias qui décident à un moment donné de siffler la fin de la récré et de taire une fois pour toutes que les Français paient une dîme indue par millions au culte musulman ? Qu’est un petit d’homme dans le sein de sa mère en comparaison de deux cheminée fumantes de centrales nucléaires ? Petites questions, êtes-vous si petites ? Maudites questions essentielles, rétorquerait Dostoïevski !

 

Il en va pourtant des questions de société dans une élection présidentielle comme de réussir Polytechnique avec l’épreuve littéraire. Les mathématiques ne font pas tout dans l’obtention du prestigieux diplôme. Les questions économiques dans cette élection présidentielle ne feront pas non plus tout, loin de là y compris lorsqu’elles sont mieux expliquées ici ou là, comme par exemple du côté du MoDem. Car si l’on admet comme vrai le ras le bol des Français à l’égard d’une classe politique, largement discréditée à droite comme à gauche, alors c’est la vérité que les candidats vont laisser transparaître qui fera la différence. Ce n’est pas dans les chiffres que la vérité humaine émerge. Elle luira dans la phrase de conviction qui révèlera un cœur de chair, pas seulement dans un lyrisme pourvoyeur d’utopie, le cœur de chair du courageux, pas du tacticien stratège pêcheur de voix. Elle résonnera cette vérité dans une cohérence qui est plus que la sacro-sainte transparence, pas dans des déclarations cacophoniques. La vérité a une voix. Ceux qui la cherchent l’entendent et votent.

 

Coup de Jarnac dominical


Ce dimanche, alors que la chrétienté du monde entier fêtait sa fête annuelle, Pâques, racine culturelle historique de la loi du repos dominical, l’on apprend que contrairement aux déclarations récentes de principe de Nicolas Sarkozy sur TF 1 de ne pas élargir encore les dérogations au repos dominical, un décret se prépare en catimini autorisant les magasins de bricolage à déroger à cette loi si contestée de 2009. Nul doute que les illégalités dont ces magasins se sont rendus coupables et qui les voient condamnés à payer de lourdes sommes, y soient pour beaucoup. Coup de Jarnac terrible en tous les cas que cette nouvelle légalisation de la délinquance !

 

Sur d’autres sujets de société, mêmes déconvenues. Oui, Nicolas Sarkozy avait promis de ne pas légaliser le mariage des personnes homosexuelles, mais force est de constater que le ministre de l’Éducation Nationale de ce Président, en autorisant récemment Le Baiser de la Lune en classes primaires a reçu les soutiens qu’il convenait d’obtenir en très haut lieu pour donner des assurances à un électorat fort de cinq millions de voix. Et tant pis si l’on malmène les autres millions de l’électorat. Comme pour le non majoritaire au référendum, faisons comme si c’était le oui qui était sorti des urnes ! Les Français sont attachés majoritairement au fait que leurs enfants aient un père et une mère ? Faisons comme s’ils se trompaient, ne comprenaient  rien à rien, et éduquons-les tôt à admettre le déraisonnable.


La CFTC – dont je donnais le lien du communiqué dans ma précédente note – et la CGPME se rejoignent dans leur mécontentement, le font savoir : « La CGPME pense que les négociants de bois et de matériaux de construction vont perdre des clients car ils n’auront pas les moyens d’être ouverts le dimanche ».  La CFTC quant à elle, « n’ose pas croire que juste avant les élections les intérêts privés de quelques grandes enseignes puissent l’emporter sur l’intérêt collectif de la communauté nationale. Oserait-on brader “avant fermeture de la boutique” la vie familiale, personnelle, associative et spirituelle des travailleurs de ces enseignes ? »


Il reste moins de quinze jours pour, non plus « choisir le préférable au détestable » selon l’expression de Raymond Aron, mais pour convaincre au plus vite les candidats de ne plus jouer avec les électeurs qui ne sont pas idiots, qui ne votent pas tous avec leurs tripes, ces électeurs qui ont de la mémoire, ces électeurs qui ne négocient pas certaines valeurs. En espérant qu’il ne soit pas trop tard ! H.B.

Oui au repos dominical ! Lp

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