Humour : Dynamiter le dimanche pour le déverrouiller ?
Article paru dans Liberté politique le 27 décembre 2014
“Valeurs actuelles” tape dans le mille ! Le dessin de la semaine de Jean Hin représente le ministre Emmanuel Macron dynamitant le dimanche devant un président Hollande passif, mais complice. À droite comme à gauche, les artificiers feraient bien de se méfier…
De l’effraction à la dynamite
On ne sait pas encore trop bien ce que manigancent MM. Hollande et Macron sur la première vignette. À la manœuvre, le ministre de l’économie s’essaie à ouvrir avec une énorme clé une serrure récalcitrante. Deuxième vignette : la clé n’ayant rien ouvert, on passe à des moyens moins honnêtes, à l’effraction, et c’est un pied-de-biche qu’Emmanuel Macron manie désormais pour forcer la porte close qui décidément ne se rend pas. Qu’ouvre donc cette porte ? Pourquoi est-elle si difficile ?
La troisième vignette au plan plus large offre la réponse en une chute bien sentie.
Après la clé, après le pied-de-biche, l’explosif ! Le ministre de l’économie s’apprête à allumer lui-même la mèche. Sur la porte se dessine désormais un mot, DIMANCHE. À l’étage, Martine Aubry et Benoît Hamon fâchés, en gardiens du temple dans leur guérite, se plaignent en chœur « On peut plus dormir ! ».
Le lecteur sait enfin de quel déverrouillage il est question. Celui du repos dominical. Il s’agit de forcer le travail le dimanche et d’autoriser l’ouverture des magasins ce jour-là ; faire travailler ces paresseux de « sans-dents » comme nous y invitent à le penser le verre et les dents par terre dans la deuxième vignette. Tout le monde en prend pour son grade : ceux qui veulent imposer le travail le dimanche coûte que coûte, mais aussi ceux qui défendent en ridicules endormis le repos dominical.
Association de malfaiteurs
Quelle leçon tirer de cette mini BD esquissant à gros traits les enjeux de la discussion qui se profile fin janvier à l’Assemblée nationale ?
D’abord qu’il y a grande entente entre le ministre de l’économie et le président, entente tirée par le caricaturiste jusqu’à l’association de malfaiteurs sur un dossier miné. L’ancien accompagne le jeune de sa hauteur, peut-être même de son doute. Le duo relèverait davantage des pieds-nickelés que des cambrioleurs d’un hold-up de haut vol.
Le dossier complexe du travail le dimanche, nous le savons depuis 2008, divise profondément la société française. Le gouvernement socialiste a-t-il mesuré comment être prêt à tenir sa position contre-emploi comme l’ont fait justement remarqué et Natacha Polony dans le Grand Journal de CANAL + et Catherine Nay pour Valeurs actuelles dans « Le cactus du dimanche » ? Contre-emploi oui, car c’est le socialiste François Hollande qui applique avec ce projet de loi Macron une politique pensée pour l’UMP Nicolas Sarkozy. Tous les coups seront-ils de fait permis comme le suggère le caricaturiste ?
Ensuite, que l’autre entente de l’autre duo, Aubry/Hamon, en position de censeurs n’est pas davantage défendue. À la fenêtre, voyant les exactions des deux grands de l’État, ces deux anciens ministres de gauche n’apparaissent pas bien aptes à contrer l’attentat qui se prépare. « On peut plus dormir » regrettent-ils seulement. Les voilà, campés en ensommeillés puisque défendant le jour où l’on peut se reposer. L’explosion vient dire d’ailleurs qu’il en sera fini de l’absence de bruit exigée dans la loi pendant tout le dimanche chômé.
La ligne de Valeurs actuelles ?
Enfin que l’humoriste de Valeurs actuelles donnerait ainsi une ligne partagée de l’hebdomadaire. Catherine Nay ne termine-t-elle pas sa chronique en louant les cinquante-deux dimanches ouverts désormais dans les zones touristiques à Nice ? (ZT = Pas de volontariat, pas de compensations) À Marseille, Bordeaux, Biarritz, dit-elle, c’est en route, « villes dirigées par des maires de droite ». Ce qu’elle reprocherait au fond c’est que la loi Macron marche sur les plates-bandes de la droite. La journaliste prend d’ailleurs un malin plaisir à tacler l’incohérence de ce gouvernement de gauche et présente son projet de loi comme un « vaste salmigondis ».
Que ce soit l’explosif, que ce soit le cactus, les images en tout cas annoncent que ça va faire mal. Nul doute que le dossier blessera la majorité présidentielle en janvier. M’est avis que Martine Aubry et Benoît Hamon pourraient même dormir moins qu’on ne le croit. En tout cas, nous espérons leur réveil. C’est la limite de Catherine Nay : elle ne veut ni ne peut reconnaître à ces deux-là la moindre idée juste.
Entende qui pourra
Ajoutons encore que cette planche humoristique participe volens nolens au plan de communication qui cherche à minimiser par tous les moyens le sujet de l’ouverture des magasins le dimanche au regard d’autres thèmes jugés d’importance. Ainsi Jean d’Ormesson dans Le Figaro cite-t-il ce dossier mineur le comparant au dossier majeur du terrorisme qui vient, déjà là même comme le rappelle l’actualité tragique de ces derniers jours.
Ridicule la défense du repos dominical, vraiment ? Erreur de perspective en réalité : c’est notre oubli de Dieu, sa mise à la porte de l’horizon humain, notre égo-grégarisme qui sont la cause d’un désordre inouï si prêt à se métamorphoser en guerre. Brader le dimanche en est comme le signal ! Entende qui pourra ! H.B.