Frigide Barjot, la femme à abattre ?
Les médias ne doutent de rien ! Plus c’est gros, plus ça passe ! Les émissions de radio ou de télévision à propos du projet Taubira se suivent confinant à l’idiotie, et nous nous demandons à bon droit aujourd’hui laquelle va décrocher la palme de la mauvaise foi ou des informations les plus tendancieuses, des amalgames les plus malhonnêtes.
Hier soir sur Europe 1, radio où plane toujours l’ombre tutélaire de Marc-Olivier Fogiel, nous avons atteint des sommets ! Nicolas Poincaré et ses invités d’Europe Soir débattaient de savoir s’il y avait de la cathophobie en France. Il ne s’est alors pas agi de faire bien sûr œuvre de vérité, ni d’écouter les arguments raisonnables de Frigide Barjot, présidente de La Manif Pour Tous, mais d’organiser une vaste opération de lynchage médiatique.
Pour cela, il ne suffisait pas de faire comme Le Grand Journal de Canal+ du 20 décembre qui recevait Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du Gouvernement, et qui au lieu d’argumenter s’est pris les pieds dans une diabolisation systématique. Il ne s’agissait pas davantage de créer l’illusion du débat tant réclamé comme dans C dans l’air du 18 décembre qui, pour renforcer sa démonstration est allé chercher l’improbable, soit deux lesbiennes suédoises, mariées au temple, ayant adopté, deux « femmes prêtres » comme les a nommées l’émission ! Et tant pis si les termes employés ne sont pas justes, cela fera bien son petit effet.
Sur Europe1 le Front de gauche et Témoignage chrétien alliés
Non, il fallait taper plus fort, plus dur, il fallait des professionnels du mensonge, de la déstabilisation et des AG pour contrer Frigide Barjot dont la Manif du 13 janvier inquiète en très haut lieu. Nicolas Poincaré les a donc trouvés et a pu ainsi fabriquer un kitsch ring comme jamais.
Ainsi commence-t-il par donner la parole à Alexis Corbière, du Front de Gauche, particulièrement agressif (et inculte ! parle de « prière maritale » du 15 août au lieu de prière mariale ; ne connaît pas le mot « analogique », on pouffe !) défendant pêle-mêle dans un maelstrom ubuesque, mariage gay, blasphème, Piss Christ et Golgotha Picnic ! Puis comme les coups n’arrivent pas au KO escompté, on joue la provocation, crescendo, l’animateur piège, va chercher Jean-Michel Ribes à la rescousse, un Jean-Michel Ribes pas prévu dans l’émission mais là bien présent au téléphone qui « a plein d’amis homosexuels ayant adopté ». Le directeur du Théâtre du Rond-Point fait monter la mayonnaise dans un rare numéro de méchanceté revancharde et bête, laissant croire qu’il perdait ses nerfs en dramatisant son intervention. Mais nul n’est dupe, le vieil homme de théâtre aura en définitive fort mal joué son pauvre rôle du jour.
Caroline Pigozzi a quant à elle bien essayé de lancer tranquillement qu’on peut tout de même « respecter les catholiques », que l’Église a le devoir d’être « un contre-pouvoir moral », rien n’y a fait. L’impression globale de cacophonie affligeante l’emportera. La journaliste de Paris Match se trompe d’ailleurs quand elle avance que le pape n’intervient pas dans le débat, laissant les évêques monter au front. Il n’est qu’à lire le récent discours de Benoît XVI à la Curie : jamais Benoît XVI ne s’est engagé aussi loin et aussi explicitement dans le débat, citant au passage le grand rabbin Gilles Bernheim.
Qui entend-on encore ? Bernard Stefan, le très représentatif patron d’un hebdomadaire au bord de la faillite mais en osmose parfaite avec Alexis Corbière du Front de gauche : « La Manif est nulle et non avenue ! » Osons rétorquer qu’il ne suffit pas de l’affirmer pour que cela soit vrai. Comment d’ailleurs s’expliquer la raison de sa présence sur le plateau ? Voyons cela sans doute comme un pied de nez au Vatican dont l’organe de presse l’Osservatore Romano avait remis en place quelques heures auparavant la prise de position de Témoignage chrétien en faveur du mariage homosexuel ! Europe 1 s’est précipité et en a fait ses choux gras.
Des médias affolés, frisant le grotesque
On le voit, les médias affolés par une union sacrée plus solide chaque jour et par la perspective d’une Manif géante le 13 janvier sont poussés à la faute, ne savent plus qui présenter sur leur plateau pour diaboliser au mieux cette opposition grandissante dont l’argumentation les dépasse de loin. Seulement se rendent-ils compte qu’à force de stigmatisation, ils frisent le grotesque ? La caricature de l’autre est-elle à son apogée ? Il n’est pas sûr qu’on ait encore atteint le sommet. Mais on ne nous empêchera pas de trouver dans cette lutte inique et cet irrespect des auditeurs et des téléspectateurs du pays réel quelques signes prometteurs, fruit du vrai courage des opposants et dont Frigide Barjot n’est pas la moindre. H.B.