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France Télévisions coproduit un panégyrique des Femen

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Pendant qu’on suppute vainement sur le futur Jean XXIV, Paul VII ou Benoît XVII éliminant évidemment un possible Jean-Paul III, que des Dircom font de l’humour à trois balles mais sont retwittés quarante-fois, que telle agence d’information met en valeur les décorations de tel ou tel cardinal, les Femen s’entraînent. Oui, ne nous faisons pas d’illusions, profitant de l’indifférence ou des divisions internes politiques ou religieuses des Français, ces amazones “sorcières/salopes” ne perdent pas une minute. Pendant que nous nous éparpillons, elles peaufinent leur cœur de cible, grandissent, s’internationalisent, cherchent et trouvent en France des soutiens puissants sans être vraiment inquiétées. Objectif ? Sans doute La Manif du 24.

Hier, sur France 2 l’émission Infrarouge XXL préparait le terrain et a habilement présenté les Femen comme des victimes, a inscrit leur mouvement dans celui des féministes issu de mai 68. Caroline Fourest, de sa voix faussement douce n’intervenait que rarement mais sa patte mauvaise a coloré tout l’amalgame malhonnête sur lequel est construit son film, mélangeant époque, pays, histoire.

Avant de voir l’émission en direct, annoncée par une bande annonce coup de poing, il fallait avoir d’abord parcouru la « galerie » de présentation des Femen et en particulier avoir pris la mesure du mouvement aux doubles ronds jaune et bleu grâce à leur site en ukrainien particulièrement édifiant. Avant de voir l’émission en direct, j’avais osé écrire une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur, ministre des cultes également. Je lui demandais respectueusement de ne pas oublier son devoir à l‘égard des croyants insultés par les images de « Nos seins, nos armes », selon l’article Ier de notre Constitution.

Flop inespéré

 

Comme certains veilleurs sur twitter, à 22h45, je me suis donc obligée à regarder le documentaire hier soir : instructif et fort réussi en termes de manipulation. La dame Fourest y est une fois de plus redoutable ; nous avions de bonnes raisons en effet de nous inquiéter même si la diffusion tardive et pendant des vacances a permis un flop inespéré de l’audimat.

 

Les questions ne manquent pas malgré tout d’affluer. Que France Télévisions ait coproduit ce film de propagande est-il si étonnant alors qu’il y aurait tellement à redire que Caroline Fourest soit juge et parti ? Non bien sûr ! Ayons en effet en mémoire les lobbyings puissants à l’œuvre concernant toutes les questions d’orientations sexuelles dont les Femen s’emparent. À preuve la Charte de l’engagement LGBT de L’Autre Cercle signée le 7 janvier 2013, en présence de Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Michel Sapin, Ministre du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle et Dominique Baudis, Défenseur des Droits. Retenons bien les noms des signataires représentant ces grandes entreprises : IBM, Orange, Casino, Veolia, Accenture, Alcatel-Lucent… Alors que France Télévisions entre dans la danse, rien de bien surprenant.

Les spectateurs auront-ils d‘autre part repéré les appels au meurtre sur ces jolies poitrines (à part une exception, on a l’impression que ces dames sortent d’un casting) ? « Kill Kirill » pouvait-on y lire, soit l’appel à assassiner rien moins que le patriarche de Moscou ! Assez singulier également de voir Nasser érigé en parangon des droits de la femme. Il nous a semblé de la même manière que la part anti-islamique était quelque peu surestimée. Sur le site officiel de l’organisation Femen, la croix est beaucoup plus présente que le croissant ! La Croix de Kiev sciée à la tronçonneuse alors qu’elle est mémoire des victimes du stalinisme est d‘ailleurs l’un de leurs plus beaux coups. C’est l’acte qui ouvre tambour battant le téléfilm. Ce déchaînement d’une violence inouïe, relayé un 5 mars, date anniversaire de la mort de Staline ou du massacre de Katyn, laisse le spectateur coi. Ajoutons que ce film « Nos seins, nos armes » avait fait l’objet d’une soirée spéciale au cinéma L’Arlequin il y a quelques jours à Paris.

 

Prochaine cible, la Manif du 24 ?

 

Nul doute que la prochaine offensive des Femen qu’on voit s’entraîner telles de véritables guerrières ne soit déjà choisie, ne soit en cours de préparation. Si le début du documentaire fait choc avec la grande Croix de la colline de Kiev, la fin du film ne laisse planer aucun mystère : nous sommes en France, et objet de la nouvelle vindicte, gardée pour la bonne bouche, La Manif Pour Tous dans son rassemblement du 17 novembre amalgamée avec celle de Civitas du 18. Annonciatrice cette fin ? Nous aurions tort en tout cas de ne pas nous préparer à faire face… H.B.

Photo :

Capture d’écran – Une Pussy Riot/Femen scie à la tronçonneuse la grande croix de Kiev, mémorial des victimes du stalinisme.

Addendum 7 mars

 

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Quelques ajouts pour compléter la note d’hier. Photo de M. Pflimlin, Président de France Télévisions avec Caroline Fourest et l’un des Fémurs ! (Femen contrairement à ce qui est dit au début du film ne ne signifie pas femme mais fémur !)…

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Nous apprenons également au bout de dix minutes de film que nos contestataires sont originaires d’Ukraine, région de « Tchernobyl et de la révolution Orange » précise le commentaire. On pourrait faire d’autres choix pour présenter la région. Les trois fondatrices viennent toutes de la même petite ville de “Chmielnicki” du nom de l’hetman des cosaques zaporogues responsable d’épouvantables pogroms de juifs au XVIIe siècle. Les voir profaner dans un bel ensemble Torah, Bible chrétienne et Coran doit en révulser plus d’un d’autant que la terre ukrainienne est aussi baignée du sang des juifs au XXe siècle (Babi Yar et tant d’autres lieux). Elle l’est aussi du sang des chrétiens victimes de Staline. Pour ne pas oublier toutes les horreurs qui ont marqué ces terres d’Europe centrale et orientale (tout spécialement l’Ukraine) de 1918 à 1945 lire le livre récent Terres de sang (Gallimard).

 

Photo : Capture d’écran. Femen à Stockholm. Les Femen posent ici avec les trois livres sacrés : Coran, Bible, Torah devant leur sexe.