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Fr. Hollande au pouvoir : menaces sur l’enseignement privé ?

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Faudra-t-il une manifestation plus géante que celle de 1984 à Versailles qui avait soldé une épreuve de force nécessaire au lendemain de l’arrivée de la gauche au pouvoir ? Est-il bien raisonnable de rallumer la guerre scolaire ou d’annoncer qu’on va sans doute la rallumer après le 6 mai 2012 ? En tous les cas, le très fanatique CNAL (Comité National d’Action Laïque) ne prend pas de gants pour accroître en période électorale son opposition frontale à l’enseignement privé catholique, en cherchant à remettre en cause la loi Carle sur le financement des établissements privés.

Rien de plus maladroit. Rien de plus dangereux, de surcroît, lorsque le candidat socialiste à l’élection présidentielle se mêle d’apporter à ce comité idéologue un soutien fort et sans ambiguïté. De quoi est-il question, outre l’attaque outrancière contre le « président-prédicateur de Ryad ou du Latran » ? La réponse est simple : François Hollande ne se résolvant pas à admettre l’échec patent d’une école publique qui ne transmet plus en rejette la faute sur une école privée privilégiée qui aurait indûment perçu ce qui lui aurait manqué pour réussir.

C’est au nom de la laïcité que le candidat socialiste entend défendre, « protéger », l’école publique qui serait donc ainsi mise en danger depuis l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Qui va croire cela, qui va croire que l’actuel président de la République, qui s’est attaqué sans scrupules au sanctuaire du repos dominical, serait subitement tombé dans un bénitier et favoriserait l’école catholique ?

 

La laïcité sans aucun adjectif

 

Dans sa lettre au CNAL, le candidat socialiste à l’élection présidentielle refuse tout adjectif pour qualifier la laïcité – entendre l’adjectif « positive » utilisé par le Président Sarkozy – et annonce par là même en creux celle qu’il ferait advenir sous sa présidence, la vraie laïcité, la radicale, l’idéologique. Pas la sereine, l’ouverte, la laïcité apaisée que nous connaissions jusqu’ici, fruit d’années d’un vécu qui a connu, il est vrai, des hauts et des bas.

Rien de mieux que l’attaque pour se défendre. Haro donc sur le « président sortant » ! Quand, en 2008, Nicolas Sarkozy compare le curé et l’instituteur, ce qui historiquement n’est pas faux lorsqu’on sait que l’école publique a été calquée sur l’école des frères qui avaient, les premiers, mis en place une école gratuite pour les pauvres (1), voilà qu’il remet en cause la République elle-même en remettant en cause sa laïcité ! Mais faire le constat de son épuisement, est-ce vraiment une remise en cause de la laïcité ? À qui la faute ? Le diagnostic lucide est-il remise en cause ?

 

Loi Carle à appliquer, pas à abroger, ni à réécrire

 

La loi Carle, les accords Kouchner/Vatican sont manifestement dans le collimateur : l’enseignement privé serait trop favorisé, le monopole de l’État concernant l’obtention des grades se fissurerait anormalement. Or, ces avancées du quinquennat sont pourtant à défendre bec et ongles. La loi Carle a réussi à lier le principe de liberté de l’enseignement et la notion de financement obligatoire. Loi à faire appliquer, non à abroger ou à réécrire.

Si François Hollande était élu, ce qui n’est pas si sûr, l’école privée sera donc au mieux le cadet des soucis du candidat socialiste, au pire l’objet d’un affaiblissement programmé et voulu : il ne sera pas le président de tous les écoliers, de tous les collégiens, de tous les lycéens et de tous les étudiants. Ce serait en tout état de cause injuste quand l’école privée qui n’est pas l’école des riches, loin s’en faut, participe grandement à fortifier cette laïcité tant louée par une éducation à la foi ouverte et exigeante, par l’éducation d’une raison ample, et contribue à remettre en marche l’ascenseur social bien en panne.

François Hollande annonce au contraire un sectarisme inquiétant lorsqu’il deviendra le Président des seuls écoliers de l’école publique à laquelle ira « en priorité » la totalité de l’effort pécuniaire des soixante mille postes créés.

Au moment où les établissements privés sont sommés de rendre des heures, où certains d’entre eux refusent par centaines les enfants de familles aux abois, le texte du CNAL est une forme de déclaration de guerre, d’annonce d’un possible étranglement à venir de l’enseignement privé. Depuis 1984, les socialistes doivent savoir que ce dernier ne tendra pourtant pas l’autre joue, qu’il est toujours prêt à se mobiliser et rapidement. La liberté scolaire doit être réelle en France, mais pas construction utopique d’idéologues dépassés et radicaux. Nul doute que cette question comptera le 6 mai prochain. H.B.

 

(1) Eveline Geoffroy, Jean-Louis Schneider, Les sources de la pédagogie chrétienne « Anthologie de textes de Jean-Baptiste de La Salle », Préface de Mgr Albert Rouet, Salvator (2007).