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Entendu ! Kerviel n’est pas soutenu par l’Église !

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Jérôme Kerviel est en prison. Trois ans ferme. Une « remise de peine possible mi 2015 » annonce la presse ce matin. Une peine alternative eût été préférable pour plus de 51% des interrogés révèle la question du Grand Soir 3 d’hier quand les détracteurs du trader parlaient d’une presse « Goliath » trop favorable à l’enfant de Pont-Labbé, lui reprochant  « son cinéma  ».


Voilà : la marche du pèlerin a pris fin à la frontière à minuit une ce 19 mai, jour de la Saint-Yves, patron des avocats, patron secondaire de la Bretagne, Yves figure si populaire de Tréguier dans les Côtes d’Armor. En quelques secondes, « l’escroc » comme l’a lancé Michel Sapin a été appréhendé laissant son soutien principal le père Patrice Gourrier très ému, la tête dans les mains. C’est lui qui endossant l’anorak rouge finira avec nombre du Comité de soutien le périple d’une rédemption amorcée.


Les spécialistes religion du Figaro et de La Croix – que ce blog apprécie par ailleurs – ont relayé l’info sur le même ton, qu’un prêtre et un évêque – en l’occurrence Mgr Di Falco et le père patrice Gourrier – ne sont pas l’Église. Nous ne le contestons pas. Mais force est de constater que lorsque La Croix dit « Rome » ou « Le Vatican », le journal ne dit pas non plus le pape… et nous sommes en droit de nous demander qui est derrière ces entités. En tout cas cela ne nous intimide nullement pour continuer à soutenir Jérôme Kerviel qui n’a d’ailleurs jamais prétendu être soutenu par l’Église tout entière même si, pour ma part, je ne trouverais pas indécent qu’il le fût.


On ne se trompe pas beaucoup, de toute façon, lorsqu’on se trouve du côté des victimes. Que mes détracteurs trouvant « inconvenant » mon alliance avec Mélenchon (sic !) ou me réduisant charitablement au rang des calotins ou des illuminés, me permettent une question : Jérôme Kerviel, est-ce lui vraiment ce Goliath dont parle la presse ? Laissez-nous en douter… Qui alors pour jouer le rôle du petit David ? Où est la fronde ? N’est-elle pas cet inoffensif rosaire béni par le pape que le Finistérien voulait rapporter à sa mère ? Mais non qu’allons-nous dire là, c’est de l’enrubannement que de dire cela !

 

Dans Tannhäuser, le pape n’a pas pardonné au pèlerin. Et il semblerait aujourd’hui que tout une part de la hiérarchie de l’Église aille donc dans ce sens, et se désolidarise également de l’encombrant trader dans un lynchage minuté où la peur de l’instrumentalisation est le maître-mot. Mais dans la vie réelle, qu’a fait, qu’a dit le pape François ? Qui peut le dire ? Dans une audience où il est si difficile de savoir à qui le pape serrera la main, où l’homme en blanc s’arrêtera en voiture, Jérôme Kerviel lui a pourtant tenu la main, lui a parlé avec son avocat plus d’une minute et demie. C’est énorme pour qui a vécu déjà une audience grosse de centaines de milliers de personnes.


Oui, bien sûr, un prêtre et un évêque ne sont pas l’Église. Mais que l’info d’une représentation de l’Église ne soutenant pas Kerviel sorte le jour de son incarcération, au moment de la solitude et de l’humiliation les plus grandes nous peine. Ce billet voudrait faire contrepoids, y ajouter un peu de compassion. H.B.