Cristeros : José Sanchès del Rio ou le prodige de la grâce
Nous avons découvert grâce au film Cristeros la belle figure de José Sanchèz del Rio. Ce jeune martyr a affirmé sa foi avec un courage exceptionnel et a été béatifié par Benoît XVI en 2005. Christiane Payan a accepté une nouvelle fois pour ce blog de traduire le texte de l’homélie prononcée par le cardinal Saraiva Martins le 21 novembre 2005, disponible en espagnol seulement. H.B.
Messe d’action de grâces pour la béatification de José Sánchez del Río – Sahuayo (Michoacan – Mexique, lundi 21 novembre 2005)
Homélie du cardinal Saraiva Martins (traduit de l’espagnol par Christiane Payan)
1. « Toi, qui vis à l’abri du Très-Haut, qui demeures à l’ombre du Tout-Puissant, dis au Seigneur : Tu es mon refuge et ma forteresse » (Ps. 90,1). Le cœur rempli d’émotion pour la béatification d’hier, celle d’Anacleto González Flores et de ses compagnons martyrs, nous sommes venus aujourd’hui pour rendre grâces à Dieu pour la béatification de l’un d’entre eux, le bienheureux José Sánchez del Río, qui, à l’âge de quatorze ans et onze mois, fut jugé digne de la palme du martyre, une grâce qu’il avait lui-même demandée devant la tombe du bienheureux Anacleto. En vérité, que sont grands et merveilleux les desseins du Seigneur !
Nous venons sur le lieu même des faits, et il semble que l’espace et le temps deviennent sacrés, chargés de grâce, imprégnés du mystère de Dieu : nous avons parcouru en procession, avec les reliques du bienheureux, la distance que lui-même eut à parcourir les pieds en sang pour arriver au lieu de son martyre. Au plus profond de notre âme résonnaient ses cris juvéniles : Vive le Christ-Roi ! Vive la Vierge de Guadalupe ! Sur un chemin triomphal nous sommes arrivés à cette église paroissiale de l’Apôtre Jacques, où il fut emprisonné jusqu’à ses derniers jours et où le zèle pour la maison de Dieu lui dévora les entrailles et lui enflamma le cœur pour défendre la dignité du sanctuaire, prendre congé de ses proches, marcher d’un pied ferme et décidé à la rencontre de Jésus.
Un prodige de la Grâce
…D’où le bienheureux José tirait-il tant de force et de vaillance ? Comment expliquer tant de foi et d’amour pour Jésus dans une âme encore tendre et juvénile ? Le bienheureux José est un prodige de la grâce, il est la démonstration de la grandeur de sa vocation chrétienne, il est un exemple du témoignage intérieur de l’Esprit : «Puisque tu me connais et m’aime – dit le Seigneur – je te délivrerai et te mettrai à l’abri ; quand tu m’invoques, je t’écouterai, et dans tes angoisses je serai avec toi » (Ps. 90, 7-8).
2. La lecture du Livre de la Sagesse nous offre une admirable description de l’âme d’un juste, d’un saint… : la conviction que la vie de l’homme est dans les mains de Dieu, la confiance absolue dans le jugement de Dieu et non dans celui des hommes, la fidélité à toute épreuve, la certitude du triomphe final et la fécondité d’une vie qui se croyait perdue.
… Mais ce qui est admirable ici, c’est que cela s’est accompli chez un adolescent, presque encore un enfant. Comme d’autres jeunes au long de l’histoire, ce jeune homme, né ici même, baptisé ici même, martyrisé ici même, nous montre le chemin de la sainteté et nous invite à le suivre sur les pas de Jésus.
« Jamais il n’a été si facile de gagner le Ciel », écrivait-il à sa maman … Les témoins de sa vie nous parlent de lui comme d’un garçon normal, comme les autres, qui allait à l’école et jouait avec ses camarades, qui aimait ses parents et ses proches, auxquels il resta toujours uni. Mais au-dessus de toutes les affections humaines, au-dessus de toutes les choses de ce monde…il plaçait l’amour du Christ : « J’ai été fait prisonnier – écrivait-il quatre jours avant son martyre – ; je vais mourir, mais cela ne fait rien, Maman. Il faut se résigner à la volonté de Dieu. Je meurs très content, parce que je meurs aux côtés de Notre Seigneur ». Et à l’instant même du martyre, ses dernières paroles sont des adieux quasi liturgiques, avec lesquels il paraphe l’holocauste de sa vie : « Nous nous verrons au Ciel. Vive le Christ-Roi ! Vive Sainte Marie de Guadalupe ! ».
L’objectif de la persécution : en finir avec la foi chrétienne du peuple
3. Nous connaissons tous les difficiles circonstances historiques qui entourent le martyre du bienheureux José. Une violente et cruelle persécution se leva contre l’Église : elle avait clairement comme objectif d’en finir avec la foi chrétienne du peuple, avec l’amour pour la Vierge noire, avec tous les prêtres qu’il était possible de passer par les armes. Le fruit de ces temps de calamité était déjà en vue avec les saints canonisés par le pape Jean-Paul II et avec les bienheureux d’hier, béatifiés sur mandat du pape Benoît XVI. L’Église d’aujourd’hui au Mexique est le fruit du témoignage de nombreux martyrs, confesseurs, prêtres, religieuses et laïcs qui défendirent … leur foi avec vaillance.
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4. Le pape Pie XI ne méconnaissait pas ces situations douloureuses ni l’histoire de ces glorieux martyrs mexicains. Avec émotion il écrivait : « Vénérables frères, parmi ces adolescents et ces jeunes il y en a quelques-uns – et je ne peux retenir mes larmes en y pensant – qui, tenant en mains le rosaire et acclamant le Christ-Roi, affrontèrent spontanément la mort ». Il pensait, sans doute, à des personnes comme notre jeune bienheureux qui sut mettre en pratique la parole de Jésus : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il me suive, pour qu’où je suis soit aussi mon serviteur ».
L’inscription sur la liste des martyrs du Christ-Roi du premier bienheureux de l’Église de Dieu qui chemine à Zamora est un don et une grâce avant tout pour le diocèse tout entier. Les saints sont des signes visibles de la présence du Seigneur Jésus jusqu’à la fin des temps et une réponse vivante au désir des hommes de voir Jésus. Le bienheureux José devra être pour tous un exemple du chemin de Jésus… : celui qui s’aime lui-même se perd, et celui qui se déteste lui-même en ce monde s’assure la vie éternelle, et il est en même temps une source d’espérance et une garantie de fruits de vie éternelle pour tous les fidèles : le sang des martyrs, en effet, est semence de chrétiens.
Ébloui par la cause du Christ
En premier lieu pour les familles chrétiennes : pour qu’elles soient, comme il y a encore peu de temps, des pépinières de vocations à la vie sacerdotale et consacrée, des églises domestiques où se vivent les valeurs évangéliques et les vertus chrétiennes, des centres de communion et de vie, où parents et enfants vivent unis dans le lien du mariage et les liens de l’amour et de l’affection…
Et aussi pour les jeunes, pour qu’ils soient les sentinelles du matin et les apôtres du troisième millénaire, en suivant les pas d’un camarade, sensible comme eux aux merveilles de la création, aimant la vie et ébloui par la cause du Christ. Mais surtout pour les enfants et les adolescents comme José Sánchez del Río: pour qu’ils se sentent comme lui appelés dans les rangs du Christ-Roi, choisis pour vivre plus près de lui, invités à un amour plus grand, motivés pour donner un sens à leur vie en aimant Jésus comme il nous a aimés.
5. Poursuivons notre célébration d’action de grâces inspirés par l’exclamation joyeuse de Jésus : « Je te rends grâce, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as révélé les mystères du Royaume aux gens simples». Merci pour la sainteté et la sagesse de cet adolescent, pour la confession du nom de Jésus par un si jeune chrétien, et pour le martyre si glorieux d’un fils de cette paroisse de l’apôtre Jacques et de ce diocèse de Zamora, le bienheureux José Sánchez del Río. Qu’il intercède pour nous au Ciel et que très vite nous puissions le voir canonisé ici sur la terre ! Amen.
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Lire également l’encyclique Iniquis afflictisque de Pie XI sur la très dure condition du catholicisme dans les États fédérés du Mexique