Création d’un Puce à Colombes ? EELV s’abstient !
Ce n’est qu’un début ! Anticipant la décision de la Cour d’appel de Versailles, la ville de Colombes vient de demander la création d’un Puce. Il y a fort à parier que ces périmètres d’usage de consommation exceptionnel, absurdités issues de la loi Mallié (10 août 2009), fleurissent de toutes parts après la condamnation en appel de Bricorama à fermer ses magasins franciliens le dimanche.
À noter, l’abstention au conseil municipal (25 octobre) d’EELV qui s’en explique sur son site. Nous en copions ci-dessous l’essentiel. Il est en tout cas affligeant de voir et d’entendre depuis le verdict de l’arrêt ce 31 octobre les mêmes arguments éculés que ceux avancés il y a trois ans comme si l’argumentaire raisonné des défenseurs du repos dominical était rayé d’un coup de plume. Le code du travail serait donc trop coercitif, ne permettrait pas d’être assez “réactif” ! Sur BFM TV, on n’y allait pas de main morte en cette veille de Toussaint, jour férié largement malmené également. Que veut dire ce mot « réactif » dans la bouche de nos journalistes spécialisés en économie ? Est-ce à dire que protéger le dimanche comme jour privilégié du lien social ne serait pas bonne réactivité ? Faudrait-il laisser les grandes enseignes se tailler injustement en période de crise la part du lion, et laisser les petits commerces couler ? Laisser les dents de requin déchirer tout ce que notre pays a longuement mis en place dans une vision humaniste de la société ? H.B.
Il nous est demandé de nous prononcer, sur la demande d’obtention d’un arrêté préfectoral pour la création d’un PUCE (Périmètre d’Usage de Consommation Exceptionnel) qui autoriserait, le cas échéant, une ouverture dominicale pendant 5 ans.
Rappelons à titre préliminaire, que cette proposition a pour origine une demande portée par le groupe Bricorama qui possède 176 bâtiments en France (y compris ceux appartenant à l’enseigne Batkor), 81 au Benélux et en Espagne sous d’autres enseignes, et 36 franchisés en France. Aujourd’hui cette société est en appel d’une condamnation suite à une action initiée par le syndicat Force Ouvrière à ne plus ouvrir le dimanche sa trentaine de magasins en Ile-de-France…
Sur le fond, nous considérons qu’accorder une telle dérogation est une mauvaise décision.
Nous savons que la concurrence commerciale est rude, entre les projets d’extension des Chanteraines à Gennevilliers et de la Bongarde à Villeneuve-la-Garenne, sans parler de la Défense ou d’Argenteuil.
Nous savons que Bricorama est confronté à la concurrence de grandes chaines comme Leroy-Merlin (groupe Mulliez-Auchan) à Gennevilliers ou Castorama (groupe britannique Kingfisher, spécialisé dans le bricolage et qui contrôle aussi les société But et Darty) à Nanterre, et que ce magasin répond à une demande réelle des Colombiens. Mais ce PUCE soulève quand même un problème.
D’abord, il entérine le fait que la grande distribution pourrait contourner une législation protectrice des droits des salariés dans un secteur qui cumule, nous le savons tous, faibles salaires, emplois précaires, saisonniers, à temps partiel, peu qualifiés et très féminisés.
Ensuite, dans une période de crise économique et d’intense chômage, le groupe Bricorama, comme l’ensemble de la grande distribution (et nous avons l’exemple colombien de Conforama – groupe PPR) préfère payer des heures supplémentaires que de créer des emplois, afin de ne pas raboter ses marges, s’inscrivant dans une économie globale où les produits vendus le sont dans des pays qui ne bénéficient pas des mêmes protections sociales et environnementales, alors que leurs populations y aspirent.
Nous considérons également qu’accorder la dérogation sur un périmètre étendu à l’ensemble de la commune est une erreur et un mauvais signal pour l’ensemble du commerce colombien, que ce soit le commerce de détail ou les enseignes de moyenne surface. Alors que nous travaillons, comme d’autres villes voisines, à requalifier le commerce de proximité de centre ville et dans nos quartiers, alors que nous savons que la zone de chalandise de ce commerce est en partie absorbée par la grande distribution, cette décision va à l’encontre de nos objectifs.
A ce titre, nous ne souhaitions pas que le PUCE soit étendu à l’ensemble de la ville, mais soit circonscrit au périmètre de Bricorama, et que ce soit ce périmètre qui soit proposé au Préfet.
En conséquence, le groupe EELV s’abstiendra.
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Et toujours le débat sur newsring : 3K votes, 70% contre le travail le dimanche.