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Classes prépas : la Gauche-Attila rase tout pour pas cher !

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La grogne monte. Lors de la journée annuelle des prépas, mercredi 27 novembre à l’ESCP-Europe, journée de débriefing du concours d’entrée 2013 et de préparation du concours 2014, les professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles ont fait monter leur grande inquiétude à propos de la mesure Peillon qui consisterait à demander à la majorité de ces derniers d’effectuer une à deux heures hebdomadaires supplémentaires sans être rémunérés. Les émoluments des heures supplémentaires et des heures de colles feraient par ailleurs l’objet d’un nouveau calcul. Globalement, si ces mesures étaient adoptées, elles représenteraient une dévaluation pouvant aller jusqu’à 20 % du salaire de ces professeurs. Rappelons au passage qu’un des derniers actes de Luc Ferry en tant que ministre de l’Éducation nationale, fut précisément d’égaliser les temps de service inégaux à 8 heures ou 9 heures : professeurs de maths et professeurs de culture générale avaient enfin un temps complet avec le même nombre d’heures. 


Nul doute que cette première étape s’en prenant aux huit mille professeurs de prépas – à ces privilégiés ? – n’annonce le grand chambardement à venir du côté du lycée et du collège. Beaucoup de maîtres ne voient pour l’instant pas le danger de l’annualisation programmée, pensent intérieurement encore que des colles de prépa à cinquante euros de l’heure c’est trop cher payé, avalisant bien légèrement qu’une heure de professeur qualifié vaudrait donc moins qu’une heure de manucure. Bref, gagner moins dans des conditions plus difficiles, travailler plus pour gagner moins… voilà en gros ce qui attend le monde professoral, pas les seuls professeurs de prépas.


Derrière la détérioration de leur rémunération, les professeurs de CPGE ne peuvent s’empêcher de voir une nouvelle attaque contre le type d’enseignement et de formation qu’ils promeuvent. Les coups de boutoirs contre une formation élitaire en vue de l’obtention d’une grande école se font plus forts que jamais. Derrière la stigmatisation des uns contre la valorisation des autres, se cache une méconnaissance réelle du travail en prépas, celui des professeurs, celui des élèves. Se drapant d’une fausse vertu, la mesure Peillon risque donc de se transformer en injustice historique. Ajoutons à ces griefs un violent coup de pied de l’âne donné à la valeur mérite : combien, ai-je entendu, de professeurs de prépas dire qu’ils ont commencé au bas de l’échelle, souvent simple MA II, avant de passer tous les échelons de la carrière, ayant pour cela mobilisé temps, énergie, argent pour passer héroïquement les concours ? Aurait-on décidé de sacrifier la valeur mérite sur l’autel de la fraternité, de saborder l’un des moyens protégeant le plus sûrement l’égalité ? Un comble décidément pour un gouvernement de gauche. 


La Gauche ayant à peu près profité de tout, pour elle et ses enfants, décide donc désormais de passer la vitesse supérieure, de ne plus transmettre le miel qui l’a nourrie aux générations d’après ; pire, guillotine et fait table rase du passé avec une rage et une détermination inouïes. La seule réforme d’urgence à faire au contraire, celle du primaire, elle ne l’aura pas faite. Les sacro-saintes missions de l’école, apprendre à lire, à écrire, à compter, à raisonner ne seront, pendant ces temps-là de décapitation, pas assumées. De cela même, on est content ! Pour être content, on est content. L’homme auto-construit imposant son identité « hors-sol » aux autres n’avance-t-il pas toujours plus autonome ?

 

Plus largement, les domaines touchés et les questions en démolition, au-delà de la question aiguë de l’enseignement, révèlent au grand jour une dépossession en cours terrible. Un professeur hier convoquait dans son propos le chef des Huns pour illustrer un saccage civilisationnel inédit. N’ayons pas peur d’oser la dramatisation : on pourrait faire dire à certain Parnassien de cette Gauche comme il l’a dit d’Attila « Mon règne recommence ; et de sa hache il montrait l’Occident ». L’entendez-vous aujourd’hui encore ? Eh bien, la hache de la Gauche-Attila s’abat chaque jour un peu plus. Elle siffle, indifférente au peuple épuisé qui regimbe coiffé de bonnets toujours plus multicolores, Gauche tellement sûre de faire son bonheur malgré lui. Jusques à quand ? On sait au moins comment cela a fini, mal pour Attila. H.B.

 

Photos H.B. :

Journée prépas ESCP, 27 novembre 2013.

Épaisseur de quarante-six copies de dissertations de culture générale (EC.1).


Lien vers la pétition des professeurs de CPGE
Lien vers la pétition des élèves de CPGE