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C dans l’air de Noël, le boeuf et l’âne, juifs et gentils à la crèche

boeuf et l'âne

À la recherche de Jésus… Tel était le titre de l’émission du C dans l’air d’aujourd’hui, 25 décembre, jour de la Nativité du Christ avec comme invitée, entre autres, Jacqueline Kelen. Si nous ne citons que son nom c’est que cette spécialiste a eu une réaction fort juste lors de l’émission de Noël qui essayait de dessiner les contours du Jésus historique par rapport au Jésus de la Foi. Alors qu’Yves Calvi laissait supposer que le pape lui-même mettait en doute la présence traditionnelle dans la crèche du bœuf et de l’âne, elle dit sa contrariété défendant d’abord la tradition humaine et tendre des animaux réchauffant l’enfant nouveau-né. Mais plus encore, notre écrivain met en avant la dimension théologique convoquant les prophètes Isaïe et Habaquq.

Depuis la sortie du dernier opus de Joseph Ratzinger, pape Benoît XVI, L’Enfance de Jésus (Flammarion), les journalistes isolent un peu facilement les phrases de leur contexte. Doutant que le pape ait pu remettre en cause cette tradition – la première même, rappelle Jacqueline Kelen, puisque aux tout débuts des représentations de la Nativité, il n’y avait que l’enfant, l’âne et le bœuf – nous cherchons le passage du livre incriminé. Tranquillisons-nous ! Voici ce qu’écrit Benoît XVI, aux pages 100 et 101, concernant la mangeoire dans laquelle Marie a couché son enfant nouveau-né :

« La mangeoire renvoie – comme on a dit – aux animaux, pour lesquels elle est le lieu de la nourriture. Ici, dans l’Évangile, on ne parle pas d’animaux. Mais la méditation guidée par la foi, lisant l’Ancien et le Nouveau Testament reliés entre eux, a bien vite comblé cette lacune en renvoyant à Isaïe 1,3 : “Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la mangeoire de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. “»

Peter Stuhlmacher note que probablement la version grecque de Habaquq 3,2 eut aussi une certaine influence : “Au milieu des deux êtres vivants… tu seras connu ; quand sera venu le temps tu apparaîtras” (cf. Die Geburt des Immanuel…, p. 52). Par les deux êtres vivants on entend évidemment les deux chérubins qui selon Exode 25,18-20, sur le couvercle de l’arche d’alliance, indiquent et en même temps cachent la mystérieuse présence de Dieu. Ainsi la mangeoire deviendrait d’une certaine façon l’arche d’alliance dans laquelle Dieu, mystérieusement gardé, serait au milieu des hommes, et devant laquelle pour “le bœuf et l’âne”, pour l’humanité composée de juifs et de gentils, l’heure de la connaissance de Dieu serait arrivée.

Dans l’étonnant lien entre Isaïe et Habaquq 3,2, Exode 25,18-20 et la mangeoire apparaissent donc les deux animaux comme représentation de l’humanité sans intelligence qui, devant l’Enfant, devant l’humble apparition de Dieu dans l’étable, arrive à la connaissance et, dans la pauvreté de cette naissance, reçoit l’épiphanie qui apprend maintenant à tous à voir. L’iconographie chrétienne a cultivé très tôt ce thème. Aucune représentation de la crèche ne renoncera au bœuf ni à l’âne. »

Lire également “En défense du bœuf et l’âne” ici sur le site d’informations du Vatican, news.va

Lire l’homélie de la nuit de Noël de Mgr Léonard, archevêque de Matines-Bruxelles  ici : “Être aussi intelligents que l’âne et le bœuf de la crèche !

Addendum – Vidéo (27 décembre 2012)