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Benoît Hamon : “Manuel Valls risque l’accident démocratique”

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Ce matin, Benoît Hamon était l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. Alors que la pression monte à quelques heures de la motion de censure déposée par l’UMP et l’UDI, l’ex-porte-parole du Parti socialiste a redit avec calme les raisons de son opposition qui se concentre, dans la Loi Macron, sur l’absence de compensations des futurs salariés le dimanche. À 21:10 de la vidéo BFMTV : “Le compromis était parfaitement possible. Rendez-vous compte qu’il [Le premier ministre] a échoué sur quoi ? Le fait que j’ai demandé que, quand on travaille le dimanche, on soit sûr de gagner 1, 2 fois le salaire qu’on a en semaine le jeudi ou le vendredi ?” D’un côté on assène qu’on ne saurait fixer le seuil des contreparties aux salariés dans la loi (qui existent déjà pour les heures supplémentaires), de l’autre on ne rechigne pas à fixer les aides aux entreprises. Manuel Valls risque un “accident démocratique” pour cela. La contradiction s’avère en effet patente. À Bourdin très partisan dans ses questions, l’ex-ministre répond : “Je ne suis pas le roi des frondeurs, je suis socialiste”. Il conclut à la grave responsabilité du gouvernement qui a refusé la main tendue du compromis, “sans doute parce qu’il était demandé par Benoît Hamon.”

Il y a dans l’intervention de Benoît Hamon du très juste. Depuis le début, nous nous posons la question de la raison de ces refus de compensations. J’avancerais bien une hypothèse. Nous sommes encore dans un moment de création de la consommation du dimanche. Elle n’est pas encore là partout. Le but inavoué en réalité de la Loi Macron comme l’était celui de la Loi Mallié, c’est que le dimanche devienne un jour comme un autre. Les tenants de la libéralisation n’imaginaient sans doute pas pareille bronca depuis huit ans mais ils se sont résignés à la patience. Les pro-ouverture des magasins le dimanche espèrent malgré tout que leur politique de petits pas finisse par payer. Or, si l’on inscrit dans le marbre de la loi les compensations, ils se trouvent trop contraints sur le long terme. Le dimanche ne pourra plus alors tenir les promesses de chiffres d’affaires que les grandes enseignes voyaient venir finalement à moyen terme à défaut du court terme envisagé. Compensations et volontariat n’étaient admises hier, pour le premier âge de la généralisation des dérogations, que pour mieux tomber ensuite dans le deuxième âge du travail le dimanche libéralisé. Les inscrire dans la loi met à mal toute la stratégie des tenants du travail le dimanche.

Ajoutons ici, ce dont ne parle pas Benoît Hamon, le scandale dans la Loi Macron de la suppression en douce des jours fériés chrétiens. H.B.