29 septembre, fête des Invincibles Michel, Gabriel et Raphaël
Dans un traité intitulé De consideratione, saint Bernard donne ses ultimes conseils à l’un de ses frères moines appelé à devenir chef de l’Église, pape Eugène III (février 1145). Dans cet ouvrage, l’ancien abbé cistercien montre comment l’Église terrestre dans son organisation est à l’image de la hiérarchie céleste, où chacun à sa place reçoit une mission propre. Ainsi Bernard de Clairvaux est-il amené à parler des anges et de leur hiérarchie, de leur organisation en neuf chœurs. Extrait ci-dessous du livre V :
… Dans quel but ces noms nous auraient-ils été révélés, s’il ne nous était pas permis, sauf le respect dû à la foi, de rechercher ce que ces noms expriment ? Or voici ces noms Anges, Archanges, Vertus, Puissances, Principautés, Dominations, Trônes, Chérubins et Séraphins. Que signifient-ils ? N’y a-t-il aucune différence entre ces esprits qu’on appelle simplement anges et ceux qu’on nomme Archanges ?
Les Archanges ? ils ne servent qu’aux plus hauts et plus importants messages.
1508 8. Que signifient cette distinction et ces degrés ? À moins que votre considération n’ait trouvé quelque chose de mieux à dire, je suis porté à croire qu’on donne le nom d’anges à ceux qui, selon l’opinion générale, sont attribués à chaque homme, et qui, selon la doctrine de saint Paul, « ont été envoyés pour exercer leur ministère, en faveur de ceux qui sont héritiers du ciel ().» C’est d’eux que le Sauveur parlait quand il disait : «Leurs anges voient toujours la face de mon Père (Mt 18,10).»
Au-dessus d’eux je place les Archanges, initiés plus avant dans les mystères divins, ils ne servent qu’aux plus hauts et plus importants messages. De ce nombre est le grand archange Gabriel, qui fut envoyé à Marie, ainsi que nous le voyons, dans les saintes Lettres, pour une mission dont rien sans doute ne peut surpasser la grandeur (Lc 1,26).
Au-dessus d’eux, je placerai les Vertus. Ce sont ces esprits qui ordonnent ou accomplissent dans les éléments, ou par leur concours, ces phénomènes extraordinaires et miraculeux destinés à servir d’avertissements aux hommes. De là vient sans doute que dans l’Évangile, après ces mots : «Il y aura des signes dans le soleil dans la lune et dans les étoiles,» il est dit un peu plus loin: «Car les Vertus des cieux seront mises en mouvement (Lc 21,26),» ce qui doit sans doute s’entendre des esprits célestes par lesquels ces merveilles doivent s’accomplir.
Quant aux Puissances, je les mettrai au-dessus des dernières, parce que leur vertu est d’enchaîner les puissances des ténèbres et de circonscrire leur maligne influence de manière à ne pouvoir l’exercer que pour un bien.
Les Principautés viendront ensuite pour moi, attendu que c’est leur pouvoir et leur sagesse qui établissent tout pouvoir supérieur sur la terre, le dirigent, le limitent, le transfèrent, le mutilent et le changent.
Quant aux Dominations, je leur donnerai une place d’autant plus élevée au-dessus des ordres précédents, que les autres esprits semblent chargés auprès d’elles de fonctions subalternes, et que c’est d’elles comme de leurs véritables maîtres que dépendent le gouvernement des Principautés, la protection des Puissances, les opérations des Vertus, les révélations des Archanges, les soins et l’utile ministère des Anges.
Les Trônes ? dans une paix qui surpasse tout…
Pour les Trônes, je croirais volontiers qu’ils dépassent singulièrement les Dominations par le lieu du ciel où ils ont pris leur vol; leur nom leur vient de ce qu’ils sont assis : or, ils sont assis parce que c’est sur eux que Dieu s’assoit ; il ne pourrait s’asseoir sur eux s’ils n’étaient assis eux-mêmes. Vous me demandez ce que j’entends par là : ils sont assis ? J’entends qu’ils sont dans une tranquillité complète, dans une sérénité inaltérable, dans une paix qui surpasse tout ce qu’on peut imaginer. Tel est, en effet, celui qui est assis sur les trônes, le Seigneur Dieu de Sabaoth, jugeant toutes choses dans le calme, la tranquillité, la sérénité et la paix la plus profonde; voilà pourquoi il s’est préparé des Trônes semblables à lui.
Les Chérubins puisent à la source même de la sagesse ces torrents de science qu’ils déversent à flots sur leurs concitoyens de la sainte cité. N’est-ce pas là le fleuve dont parlait le Prophète, quand il disait que ses eaux abondantes réjouissent la cité de Dieu (Ps 14,5)?
Enfin les Séraphins, tout embrasés de l’amour divin, en répandent partout les flammes, de sorte que tous les habitants du ciel sont comme des lampes qui brûlent et qui éclairent; qui brûlent du feu de la charité et brillent de l’éclat de la connaissance des choses éternelles.
Deux photos : H.B.
Rome, Château Saint-Ange.
Açores, São Miguel.
Troisième photo : Ange art nouveau, Jósef Mehoffer, Dôme de la cathédrale, Lvil (Arménie).
Le Seigneur est roi : les peuples s’agitent.
Il trône au-dessus des Kéroubim : la terre tremble…