26 juillet : les Bretons fêtent sainte Anne
Alors qu‘un immense regain d’intérêt monte pour les sanctuaires catholiques, aujourd’hui 26 juillet, Sainte-Anne d’Auray (Morbihan) vit son grand Pardon annuel (1) en l’honneur de la mère de la Vierge Marie. Occasion de se souvenir que le pape Jean-Paul II est venu en pélerin dans ce sanctuaire, coeur de la piété bretonne. C’était en 1996. Ceux qui étaient présents se souviennent avec émotion son appel aux familles, aux jeunes parents, à cette génération qui avait vingt ans lors de sa première venue en France en 1980, quelque seize ans auparavant. “L’Église vous fait confiance, compte sur vous, tout spécialement dans la perspective du troisième millénaire pour que les jeunes puissent connaître le Christ et le suivre généreusement” avait lancé le pape marial, un pape dont les journalistes eux-mêmes avaient salué la grande compréhension. H.B.
Extrait de l’homélie prononcée par Jean-Paul II lors de la messe pour les fidèles de Bretagne Esplanade “Ker Anna de Sainte-Anne-d’Auray”, vendredi 20 septembre 1996.
“Aujourd’hui, je suis venu vous inviter à faire grandir l’espérance en vous et autour de vous.”
3. «Béni sois-tu, Seigneur, Dieu fidèle ». Ce refrain du psaume responsorial de la liturgie d’aujourd’hui, nous le reprenons avec la lignée des croyants commencée par Abraham. Dans ce sanctuaire de Sainte Anne, nous voulons nous rappeler tous ceux qui sont venus chez vous en témoins du Christ, pour annoncer l’Évangile de l’Alliance, et tous ceux qui, de génération en génération, ont hérité de leur message de salut. Sur votre terre de Bretagne et de l’Ouest de la France, la foi chrétienne, arrivée il y a tant de siècles, s’est peu à peu inculturée et fortifiée. En tout premier lieu, nous nous tournons vers sainte Anne apparue à Yves Nicolazic dans ce village où, avec son épouse Guillemette, il formait un couple chrétien estimé de tous : « Yves Nicolazic, ne craignez pas. Je suis Anne, mère de Marie. Dieu veut que je sois honorée en ce lieu », [en breton] « Iwán Nikolazig, n’ho pet ket eun. Me zo Ánna, mámm Mari. Án Aotrou Doue e fall dehóñ ma vein-me inouret amáñ ».
La liste est longue de ceux qui sont devenus des intercesseurs auprès de Dieu depuis les saints fondateurs de vos diocèses, les martyrs, comme le bienheureux Pierre-René Rogue dont le diocèse de Vannes célèbre cette année le bicentenaire de la mort, des prêtres comme saint Yves, saint Louis-Marie Grignion de Montfort, saint Jean Eudes, des religieuses comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, la bienheureuse Jeanne Jugan ou encore, en notre siècle, des laïcs comme Marcs Callo que j’ai béatifié récemment. Tant d’autres au long des siècles ont marqué de leur témoignage l’histoire de la foi dans votre région.
4. Sur cette terre de Bretagne, connue pour sa solide tradition chrétienne, je suis heureux de vous saluer, pèlerins venus de toute la région apostolique de l’Ouest pour accueillir le Successeur de Pierre, pèlerins de Sainte-Anne d’Auray ainsi que d’autres sanctuaires dédiés à la mère de la Vierge Marie, comme celui d’Apt qui célèbre son IXème centenaire. Je salue aussi cordialement les représentants des autorités civiles qui ont tenu à s’associer à cette célébration. Je remercie Monseigneur François-Mathurin Gourvès, Évêque de Vannes, pour ses paroles de bienvenue qui témoignent de la vitalité de votre foi et de votre fidélité à l’Église.
Cette foi, qui est votre héritage commun, est affrontée à de nombreux défis. Certes, les causes d’inquiétude sont multiples. Ainsi, on voit se développer un climat d’indifférence et d’individualisme; certains ne savent pas accepter l’autre dans sa différence; certains désespèrent devant le mal du monde. Trop souvent la mémoire chrétienne s’affaiblit, notamment dans les jeunes générations, qui ont bien du mal à s’approprier leur héritage religieux. Mais on perçoit aussi chez vous de nombreux signes de vitalité. L’Esprit Saint est à l’œuvre dans les coeurs et suscite d’admirables conversions intérieures, des vocations inattendues, un renouveau du sens de la vie conjugale; des laïcs de plus en plus nombreux s’engagent dans l’animation de la communauté chrétienne et dans les structures de la vie publique et sociale. Aujourd’hui, je suis venu vous inviter à faire grandir l’espérance en vous et autour de vous. Comme vos pères dans la foi, soyez des bâtisseurs de l’Église dans les générations nouvelles !
(1) Un « pardon » est une forme typiquement bretonne de pèlerinage et une des manifestations les plus traditionnelles de la foi populaire en Bretagne. D’origine très ancienne, puisque probablement lié à l’évangélisation du pays par les moines celtes, dès le Ve siècle, il s’apparente aux « parades » de la Saint Patrick en Irlande ou à New York. Un pardon s’inscrit dans une démarche pénitentielle : les chrétiens se rendent en pèlerinage soit sur la tombe du saint, soit en un lieu qui lui est dédié ou en raison d’une apparition, comme ici à Sainte-Anne-d’Auray. Le déplacement jusqu’au lieu de rendez-vous, comme la procession, traduisent le désir de se mettre en marche pour obtenir du saint fêté qu’il intercède pour ses pèlerins, en offrant les fatigues du chemin parfois parcouru à pied, tel une pérégrination vers le Royaume du Ciel, en reconnaissant son état de pécheur pour obtenir le « pardon ». Le Pardon de Sainte-Anne d’Auray est appelé « Grand Pardon », sans doute en raison de son importance – autour de 20 000 pèlerins chaque année – mais aussi, parce qu’il fête sainte Anne, patronne de la Bretagne.