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1984 : Fin de l’année sainte et lancement des premières JMJ

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Note également parue sur le site d’Aleteia “Rome, Rameaux 1984 : le prototype des JMJ”.

Cette année-là en 1984, selon la liturgie de l’Église, le jour des Rameaux tombait le 15 avril. Un événement sans précédent se déroulait à Rome, le « Jubilé International des jeunes », en rouge latin sur nos bobs blancs. Personne ne savait encore que de cet événement les fameuses JMJ – journées mondiales de la jeunesse – allaient naître.

Nous sommes, en effet, contre toute attente, plus de trois cent mille jeunes rassemblés auprès de Jean-Paul II place Saint-Pierre pour célébrer le dimanche de la Passion. Je me souviens de mon étonnement devant ces grandes palmes du cortège et des Hosanna qui s’élevaient sous un soleil radieux.

Année Sainte : 1950e anniversaire de la Rédemption

Comment expliquer une telle affluence de jeunes ? La clôture du Jubilé extraordinaire pour le 1950e anniversaire de la Rédemption compta certainement pour beaucoup mais sans doute l’organisation par des communautés nouvelles en pleine expansion eut-elle une grande part dans le succès de ces premiers balbutiements des journées internationales de la Foi. J’étais partie avec la communauté de l’Emmanuel. Tout était matière à prier, à louer, à intercéder, du petit déjeuner perdu au déluge de pluie des premiers jours nous forçant à déménager du campement pour des couloirs d’un séminaire vide ; tout était matière à prier, à louer, à intercéder pour le soleil qui revint, pour les marches heureuses sur le Pont des Anges vers le Vatican, pour notre pape si fort et si bon. Quelle joie, les premières crispations levées !

Le pape slave avait décrété quelques mois plus tôt une année sainte exceptionnelle, du 25 mars 1983 au 22 avril 1984. Comme pressé, le souverain pontife ne voulait pas attendre les vingt-cinq ans qui séparaient la dernière année sainte, 1975, de la prochaine, l’année 2000. Jean-Paul II ne manquait jamais une occasion nouvelle d’offrir la miséricorde du Christ au monde. C’était sa marque propre et, si le sillon n’était là qu’à peine creusé en 1984, il n’allait pas tarder à mener bientôt l’Église tout entière au Grand Jubilé de l’an 2000, passant par l’officialisation de la dévotion à la Divine miséricorde [1]. Une miséricorde entièrement contenue dans la devise du Grand Karol : « Aperite portas Redemptori » [2], « Ouvrez vos portes au Rédempteur ! ».

Le pape lui-même avait semblé étonné de la réponse des jeunes à son invitation lancée le 22 mai 1983 mais ne cachait pas sa joie : « Quel spectacle extraordinaire de vous voir aujourd’hui ici rassemblés! Qui donc a déclaré que les jeunes d’aujourd’hui ont perdu le sens des valeurs ? Est-ce vrai que l’on ne peut pas compter sur eux ? ».

Il faut dire que Jean-Paul II avait, rappelons-le, réveillé toute une jeunesse française ardente lors de son premier voyage en France quelque quatre ans auparavant. Avaient résonné pour ne plus être oubliées ces paroles centrales à Paris au Parc des Princes : « La permissivité morale ne rend pas les hommes heureux », « la société de consommation de rend pas l’homme heureux ».   

Plus de trente ans après ce jubilé des jeunes, bien des détails de ces journées internationales se sont sans doute effacés de nos mémoires, déformés même ; trente ans après, les chemins personnels ont leur relief propre, accidentés ou non. Mais les visages amis sont toujours présents, ces amis avec lesquels j’étais partie, amis à avoir consacré depuis lors leur vie au Seigneur. Restent bien ancrées ces heures de prière, de chemin de Croix, de catéchèses à Sainte-Marie Majeure pour les Français dispensées par Mgr Jean-Marie Lustiger, le père Daniel Ange ou le cardinal Gantin. Veillées pénitentielles également. Certains d’entre nous retourneraient l’année suivante, c’était sûr, lors de l’Année mondiale de la jeunesse. Les Rameaux venaient d’être institutionnalisés “Journée mondiale de la jeunesse” et prépareraient désormais aux JMJ des différents pays. On connaît désormais leur immense fortune.

Générations JMJ

En ces JMJ que préside le pape François à Rio, après celles présidées par Benoît XVI à Madrid, l’héritage de Jean-Paul II, l’ami des jeunes, est plus vivace que jamais. Nul doute que les anciennes générations se remémorant leurs propres engagements dans des JMJ historiques n’accompagnent toujours émues les jeunes générations dans leurs premiers pas dans une foi choisie. Nul doute que les JMJ à Rio en 2013 toucheront bien plus large que les seuls jeunes ! Sans nostalgie mais dans un actuel de la Foi plus fervent que jamais. H.B.

À ces liens :

Discours du pape Jean-Paul II, 12 avril 1984.

Catéchèse du cardinal archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger, 13 avril 1984.

Homélie du cardinal archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger, 13 avril 1984.

Addendum 20h26 : Viens de recevoir ce témoignage que j’ai joie à relayer.

“Quelque chose de puissant”

J’étais également à ce rassemblement romain avec des chefs guides et scouts d’Europe. J’en cherchais récemment la date. Je me souviens de Sainte-Marie Majeure, du chant « Jérusalem » scandé joyeusement et des applaudissements nourris en direction du cardinal Lustiger. J’ai un souvenir de quelque chose de puissant. En mémoire une messe dans un stade, avec… des personnes pas vraiment recueillies ! En réalité, je me souviens du décalage entre notre attitude habituelle “rangée”, accentuée par l’uniforme scout, et les applaudissements dans une église ! Une foi décomplexée qui se montrait : nous avions plébiscité le cardinal Gantin. AN4


[1] Avec au cœur des célébrations du Grand Jubilé, la béatification de la religieuse polonaise, sr Faustine. 15h l’heure de la Miséricorde.

[2] Cherchant la Bulle d’indiction, je me rends compte qu’elle n’est toujours pas traduite dans les grandes langues du monde que sont l’anglais, ou le français, la langue diplomatique. Mais en latin ! Impossible de l’obtenir gratuitement. 

Discours du pape Jean-Paul II aux jeunes en diverses langues

Jeudi 12 avril 1984

 

Durant trois jours, vous allez méditer avec mes frères Évêques sur trois thèmes qui éveillent en vous un écho profond: la joie, la liberté, l’amour. Trois mot-clés, trois expériences que vous avez déjà faites, mais que vous allez approfondir, éclairer, fortifier, pour en vivre davantage encore. Grâce à la parole de grands témoins de l’Église d’aujourd’hui, grâce à vos témoignages mutuels, grâce à la prière et aux sacrements. Ce soir, je me contente de faire résonner en vous quelques Paroles de Jésus Christ.

La joie ! Regardez votre expérience : accueillez les joies multiples qui sont les dons de Dieu : la santé du corps et la vie de l’esprit, la générosité du cœur, l’admiration devant la nature et les œuvres de l’homme, la plénitude de l’amitié et de l’amour. Mais aspirez aux dons supérieurs, à la joie parfaite que Dieu révèle.

Rejoignez la joie d’Abraham, le Père des croyants (cf. Io. 8, 56). Regardez la joie de Marie, “bienheureuse d’avoir cru”, qui “exulte de joie en Dieu, son Sauveur” (Luc. 1, 45. 47). Écoutez Jean-Baptiste, l’ami de l’Époux (cf. Io. 3, 29). Rejoignez saint François, saint Jean Bosco, tous les saints.

Surtout contemplez la joie unique de Jésus : il est le Fils bien-aimé : en lui vit tout l’amour du Père (cf. Matth. 3, 17). Il exulte de voir le Royaume révélé aux petits (Luc. 10, 21) et livre sa vie pour apporter “aux affligés la joie” (Missale Romanum, «Prex Eucharistica IV»).

Et vous, quelle sera votre joie ?

Le Seigneur vous dit: “Si quelqu’un m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour m’asseoir à sa table, moi près de lui et lui avec moi” (cf. Apoc. 3, 20). “Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux” (Matth. 18, 20). “Heureux les pauvres. Heureux les cœurs purs : ceux qui font la paix, ceux, qui ont faim et soif de justice” (Cf. Ibid. 5, 3-9)

Oui, chers amis, soyez dans la joie même de souffrir pour le nom du Christ, et d’être avec lui les frères de ceux qui souffrent. Et que la Résurrection du Christ vous remplisse d’une joie qui demeure (Cf. Io. 20, 20), avec l’Esprit Saint qui vous est donné (Cf. Rom. 5, 5).

Au-delà de toutes les joies qui éclairent votre route, cherchez Celui qui vous donne la joie. “Cette joie, personne ne pourra vous l’enlever” (Io. 16, 22).